La Fondation de la presse du Pakistan (PPF) et Reporters sans frontières (RSF) rapportent que Rehmat Shah Afridi, rédacteur en chef du quotidien en langue anglaise « Frontier Post » et du quotidien en langue ourdoue « Maidan », a été condamné à mort le 27 juin par un tribunal anti-drogue du Pakistan. Afridi a été condamné à mort […]
La Fondation de la presse du Pakistan (PPF) et Reporters sans frontières (RSF) rapportent que Rehmat Shah Afridi, rédacteur en chef du quotidien en langue anglaise « Frontier Post » et du quotidien en langue ourdoue « Maidan », a été condamné à mort le 27 juin par un tribunal anti-drogue du Pakistan. Afridi a été condamné à mort et à verser une amende de deux millions de roupies (environ 31 275 $ US) pour deux affaires de trafic de narcotiques. Le journaliste et deux autres accusés, tous deux condamnés à la prison à vie, devraient interjeter appel, dit la PPF.
Selon la PPF, les agents spéciaux de lutte contre le trafic de drogue (Anti-Narcotics Force, ANF) ont arrêté Afridi le 2 avril 1999 et lâauraient trouvé en possession de 21 kg de hashish. Selon RSF, le journaliste a toujours plaidé non coupable et affirme être victime dâune vengeance de lâagence de lutte contre la drogue. Quelques semaines avant son arrestation, il avait publié deux articles accusant des agents de lâANF de participation au trafic de stupéfiants. Le président de lâAssociation des juristes du Pakistan a déclaré à RSF que le verdict était « biaisé » et quâil sâagissait dâune « conspiration contre le journal »; la Commission des Droits de lâhomme du Pakistan a également condamné le verdict. La condamnation à mort prouve « que des personnes influentes ont intérêt à voir disparaître » Afridi, dit RSF. Tout en condamnant les activités illégales de plusieurs membres de la tribu des Afridis, lâorganisation craint que le journaliste nâait été puni davantage pour sa couverture critique des activités de lâAnti-Narcotics Force que pour un supposé trafic de drogue.
Entre-temps, le quotidien en langue ourdoue « Mohasib », dâAbbottabad, dans la province frontière du Nord-Ouest, est interdit et quatre de ses journalistes sont détenus sur des accusations de « blasphème », rapportent RSF, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et lâAssociation mondiale des journaux (AMJ). Selon les trois organisations, « Mohasib » a publié le 29 mai un article de Jamil Yousaf, un intellectuel et poète renommé, qui critiquait la position de certains fondamentalistes selon laquelle un homme sans barbe ne peut pas être bon musulman. Il critiquait également les leaders religieux qui utiliseraient la religion pour leurs intérêts personnels.
à la suite dâune manifestation de diverses organisations islamiques qui réclamaient le 8 juin la mise à mort de lâauteur de lâarticle et de ses éditeurs, la police a procédé à lâarrestation du directeur de publication du quotidien, Muhammad Zaman, du directeur et rédacteur en chef, Shahid Chaudhry, du chef de la salle des nouvelles, Shakil Tahirkheli, et du rédacteur en chef adjoint, Raja Muhammad Haroun, indique le CPJ. Les quatre journalistes sont accusés aux termes de la Loi sur le blasphème. Ils sont passibles de la peine de mort. Un mandat dâarrestation a été lancé contre Yousaf, qui vit maintenant dans la clandestinité.
Dans la semaine qui a suivi leur arrestation, indique RSF, les journalistes ont été frappés et maintenus dans des conditions de détention très difficiles. Des militants intégristes harcelaient leurs familles et leurs femmes ne pouvaient plus sortir de leur domicile, au risque dâêtre agressées. La police a perquisitionné les domiciles des employés du journal et menacé certaines familles de représailles. Au cours des prêches du 15 juin, rapporte RSF, certains imams intégristes dâAbbottabad ont menacé « des pires conséquences » les responsables dâassociations locales de journalistes pour leur appui à la rédaction de « Mohasib ».
Déjà , lors dâune autre affaire de blasphème, en janvier, plusieurs employés du « Frontier Post » avaient été arrêtés après la publication dans le courrier des lecteurs dâune lettre contenant des allusions méprisantes au prophète Mahomet. Selon RSF, un des employés du journal est toujours détenu dans une prison de Peshawar [mise à jour du « Communiqué » Communique 10-06 de l%26#8217;IFEX]. Pour plus de renseignements sur la situation de la presse au Pakistan, consulter www.oneworld.org, www.rsf.fr et www.cpj.org.