LâAssociation mondiale des journaux (AMJ) a décerné à Geoffrey Nyarota, rédacteur en chef du quotidien zimbabwéen indépendant âDaily Newsâ, la Plume dâOr de la Liberté pour 2002. Lâannonce a été faite aujourdâhui 27 novembre en reconnaissance de âla ténacité remarquable de M. Nyarota dans sa lutte pour la liberté de la presse malgré des persécutions […]
LâAssociation mondiale des journaux (AMJ) a décerné à Geoffrey Nyarota, rédacteur en chef du quotidien zimbabwéen indépendant âDaily Newsâ, la Plume dâOr de la Liberté pour 2002. Lâannonce a été faite aujourdâhui 27 novembre en reconnaissance de âla ténacité remarquable de M. Nyarota dans sa lutte pour la liberté de la presse malgré des persécutions incessantesâ. LâAMJ rend hommage à Nyarota pour avoir âcontinué à publier un journal qui a gagné la confiance de ses lecteurs en nâhésitant pas à dévoiler la vérité sur la corruption au sein du gouvernement et sur les bouleversements économiques et sociaux dans le paysâ. Le rédacteur en chef a été arrêté, emprisonné et menacé de mort à cause de son travail de supervision de la couverture de lâactualité au âDaily Newsâ, qui a provoqué la colère du gouvernement lors de sa couverture de la mainmise par les anciens combattants zimbabwéens de fermes dirigées par des Blancs.
Lâattribution à Nyarota de la Plume dâOr de la Liberté survient au moment où les journalistes indépendants et étrangers subissent lâescalade des attaques et des menaces du gouvernement de Robert Mugabe. Prenant aujourdâhui la parole devant lâAMJ, le président de lâAfrique du Sud, Tabo Mbeki, a prévenu que les attaques de plus en plus graves contre la presse pourraient dégénérer en une situation de guerre civile, à moins que la liberté de la presse ne soit garantie dans les semaines précédant lâélection présidentielle de mars prochain. âIl faut que le peuple du Zimbabwe puisse se dire que lâélection a été équitable, a déclaré Mbeki. Si les Zimbabwéens nâacceptent pas le résultat, la situation sera encore pire et il y a risque de guerre civile.â
Entre-temps, le 23 novembre, le gouvernement a accusé publiquement six journalistes étrangers et un militant sud-africain des droits de la personne dâaider les terroristes, selon ce que rapportent la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF). Le journal âHeraldâ, dirigé par le gouvernement, cite un porte-parole du gouvernement qui aurait déclaré que certains correspondants étrangers en poste à Harare faisaient des reportages inacceptables. Selon RSF, le porte-parole aurait dit que âces reporters non seulement déforment les faits mais viennent en aide aux terroristes. Nous sommes dâaccord avec le président Bush que quiconque, de quelque façon que ce soit, finance, abrite ou défend des terroristes est lui-même un terroriste.â
Les journalistes accusés sont Jan Raath du âTimes of Londonâ; Peta Thornycroft, du âDaily Telegraphâ; Basildon Peta du âIndependentâ; Andrew Meldrum, du âGuardianâ; Dumisani Muleya, du journal sud-africain âBusiness Dayâ; enfin, le correspondant de lâAssociated Press, Angus Shaw. La septième personne désignée est Richard Carver, militant sud-africain des droits de la personne. La FIJ qualifie ces accusations de âhystériques et haineusesâ; le groupe soutient quââil est absurde, cynique et dangereux de faire le lien entre journalisme légitime et terrorismeâ.
Au milieu de toutes ces accusations, le gouvernement Mugabe a adopté la Loi sur lâordre public et la sécurité, qui âlimitera le travail des médias et la libre circulation de lâinformationâ, rapporte lâInstitut des médias dâAfrique australe (MISA). Aux termes de la loi, il est illégal de âminer lâautorité du président par des déclarations publiques ou par la publication, dans la presse écrite ou électronique, de déclarations qui suscitent lâhostilité à lâégard du présidentâ. La loi criminalise également toute personne qui publie ou communique de fausses déclarations âpréjudiciables à lâÃtatâ, qui suscitent lâagitation et la violence, ou qui âperturbent ou entravent un service essentielâ. Les fausses déclarations qui âaffectent la défense et les intérêts économiques du pays et [qui] minent la confiance du public dans les forces de sécuritéâ sont également visées par la loi. Les personnes reconnues coupables de ces délits sont passibles de peines dâemprisonnement pouvant aller jusquâà cinq ans ou dâamendes pouvant atteindre 1 900 $ US, ou de la prison et de lâamende. Pour de plus amples renseignements, voir à www.misa.org, www.ifj.org, www.rsf.fr et www.wan-press.org.