Depuis la parution de reportages sur la corruption dans les hautes sphères du gouvernement, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), lâInstitut international de la presse (IIP) et Reporters sans frontières (RSF), les bureaux du quotidien « elPeriodico » de Guatemala sont la cible dâune populace ameutée, tandis que se déchaîne contre lui une campagne […]
Depuis la parution de reportages sur la corruption dans les hautes sphères du gouvernement, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), lâInstitut international de la presse (IIP) et Reporters sans frontières (RSF), les bureaux du quotidien « elPeriodico » de Guatemala sont la cible dâune populace ameutée, tandis que se déchaîne contre lui une campagne de dénigrement à la radio et à la télévision.
Le 20 février, une cinquantaine de manifestants environ se sont rassemblés devant les locaux du quotidien « elPeriodico » et ont menacé les employés du journal. Selon le CPJ, la foule a tenté de pénétrer dans les locaux par la force, brûlé des exemplaires du journal et lancé certains exemplaires en flammes à lâintérieur de lâimmeuble. La foule a aussi brûlé une « piñata » (pantin) à lâeffigie du président de « elPeriodico », José Rubén Zamora, lâun des cinquante « Héros de la liberté de la presse dans le monde » de lâan dernier. Les émeutiers ont aussi tenté de sâen prendre à trois photographes. Le CPJ rapporte que la police locale a mis quarante minutes à répondre à lâappel à lâaide que les employés du journal « elPeriodico » avaient lancé, et quâelle nâa procédé à aucune arrestation une fois sur place. LâIIP affirme pour sa part que la foule était composée de partisans du Front républicain du Guatemala (FRG), au pouvoir, et du ministre de la Communication, des Transports et des Travaux publics, Luis Rabbé, et que certains manifestants ont été identifiés comme des employés du ministère de la Communication.
Depuis novembre dernier, « elPeriodico » a publié une série de reportages dévoilant des cas de corruption et des irrégularités dans lâattribution de contrats de travaux publics par le ministère de Rabbé. Lâauteure des articles, Claudia Méndez Villaseñor, a reçu des menaces à plusieurs reprises, signale RSF. Les stations de radio et de télévision appartenant à Angel González, de nationalité mexicaine et beau-frère de Rabbé, mènent une campagne en vue de discréditer « elPeriodico ». González contrôle les quatre chaînes de télévision privées du pays ce qui, selon le CPJ, serait contraire à la Constitution qui interdit le monopole et la propriété étrangère des médias. Le CPJ ajoute que, le 20 février, les équipes de télévision des stations de González sont arrivées devant les locaux du journal « elPeriodico » vingt minutes avant le début de lâémeute.
Même sâil note que le président Portillo a condamné lâattaque contre les locaux de « elPeriodico », le CPJ reste profondément troublé par lâincident, compte tenu de la tradition de violence contre les journalistes au Guatemala. Il en est de même pour RSF, selon qui « ces méthodes rappellent […] une époque que lâon croyait révolue ».