Six ans après la répression du fameux « Primavera Negra » (« Printemps Noir ») à Cuba contre les journalistes et autres dissidents mis en accusation, le pays continue de piétiner la libre expression. Cuba emprisonne plus de journalistes que tout autre pays à l’exception de la Chine. Lors de la répression dite du « […]
Six ans après la répression du fameux « Primavera Negra » (« Printemps Noir ») à Cuba contre les journalistes et autres dissidents mis en accusation, le pays continue de piétiner la libre expression. Cuba emprisonne plus de journalistes que tout autre pays à l’exception de la Chine.
Lors de la répression dite du « Printemps Noir » il y a six ans cette semaine, 75 dissidents, dont 29 journalistes, ont été reconnus coupables de trahison et condamnés collectivement à 1 500 ans de prison à la suite de procès qui n’ont pas même duré un jour entier. Un grand nombre d’entre eux ont vu leurs appels être rejetés.
Pour Amnistie Internationale, ce sont des prisonniers d’opinion et l’UE a répondu par l’imposition de sanctions contre Cuba, notamment l’interdiction faite aux hauts dignitaires cubains de se rendre en visite dans les pays de l’Union européenne. L’interdit a été suspendu l’an dernier à la condition que Cuba améliore sa fiche au chapitre des droits de la personne, fiche qui sera passée en revue chaque année à partir de juin.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), l’Institut international de la presse (IIP), le Comité des écrivains en prison du PEN International (WiPC) et d’autres groupes membres de l’IFEX pressent le président Raul Castro de libérer les 20 journalistes et plus qui demeurent derrière les barreaux.
« Raul Castro a eu un an pour rompre avec le passé et libérer les journalistes et autres qui sont incarcérés sur la base d’accusations farfelues », dit l’IIP. « Le récent remaniement ministériel du président Castro et ses ouvertures diplomatiques peuvent être porteuses de promesses, mais son gouvernement restera un paria international tant qu’il n’adoptera pas de mesures concrètes pour libérer les journalistes et autres prisonniers d’opinion. »
Parmi les personnes emprisonnées on compte Omar Rodríguez Saludes, arrêté le 18 mars 2003 et condamné à 27 ans de prison pour « avoir agi contre l’indépendance ou l’intégrité territoriale de l’État », dit l’IIP. Il a reçu la peine la plus lourde de tous les journalistes mis en accusation dans la vague de répression.
Un autre journaliste, Ricardo González Alfonso, correspondant de Reporters sans frontières (RSF), a été condamné à 20 ans de prison pour avoir été « mercenaire » financé par les États-Unis; il tente d’obtenir une libération anticipée pour raisons médicales.
À titre de président depuis février 2008, Raul Castro a pris certaines dispositions pour améliorer la libre expression, disent les membres de l’IFEX, comme permettre aux Cubains de s’acheter des téléphones cellulaires et leur propre équipement informatique. Mais le gouvernement cubain continue de posséder et de contrôler tous les médias, et les journalistes sont constamment harcelés et jetés en prison.
La Société interaméricaine de la presse (SIP) a recensé, depuis octobre 2008, 85 violations commises contre les journalistes, à savoir amendes, mises à pied, confiscation d’argent et du matériel de travail, détentions, déportations dans la province d’origine, écoute électronique des conversations téléphoniques, interception de correspondance et pannes d’Internet.
D’après le CPJ, jusqu’à maintenant, aucune organisation humanitaire internationale n’a visité un seul des journalistes cubains emprisonnés. Le gouvernement cubain n’a pas non plus ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui prévoit « le droit à la liberté d’expression » ni le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, tous deux signés en février 2008.
Pour marquer le sixième anniversaire du Printemps Noir de Cuba et la Journée mondiale de la Poésie (21 mars), le WiPC a produit une carte postale appelant les autorités cubaines à libérer les dissidents. Cette carte postale présente les extraits d’un poème d’Ángel Cuadra, ancien écrivain emprisonné, aujourd’hui président du Centre du PEN des écrivains cubains en exil.
Vous êtes invités à imprimer des copies de la carte postale et d’en signer et d’en envoyer le plus grand nombre possible pendant l’année 2009. La carte postale, disponible en espagnol et en anglais, est téléchargeable à : http://tinyurl.com/c8eg4w
Consulter les sites suivants :
– CPJ : http://tinyurl.com/cuhtzw
– SIP : http://tinyurl.com/cf2vj7
– IIP : http://tinyurl.com/c4sj9e
– Campagne de l’IIP « Justice Denied » (Déni de justice) : http://www.freemedia.at/justicedenied/
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=30380
– Liste des cas d’écrivains emprisonnés à Cuba, telle que dressée par le WiPC :
http://tinyurl.com/cj4s3k
(25 mars 2009)