Le mois dernier, un chroniqueur judiciaire chevronné, José Armando Rodríguez, a été abattu chez lui à Ciudad Juárez, à la frontière du Texas, ce qui a déclenché une nouvelle vague de condamnations de la part des membres de l’IFEX à propos de la violence incessante qui étouffe le journalisme critique au Mexique. Selon ARTICLE 19-Mexique […]
Le mois dernier, un chroniqueur judiciaire chevronné, José Armando Rodríguez, a été abattu chez lui à Ciudad Juárez, à la frontière du Texas, ce qui a déclenché une nouvelle vague de condamnations de la part des membres de l’IFEX à propos de la violence incessante qui étouffe le journalisme critique au Mexique.
Selon ARTICLE 19-Mexique et le Centre national des Communications sociales (CENCOS), Rodríguez est le 13e journaliste à être assassiné au Mexique rien que cette année. Son assassinat consolide la position du Mexique comme pays le plus dangereux des Amériques pour les journalistes et les professionnels des médias, dépassant même la Colombie. Et comme les 12 autres meurtres de journalistes survenus au Mexique cette année, l’impunité triomphe : les tueurs de Rodríguez ne sont pas traduits en justice.
Tandis que le gouvernement fait peu pour protéger ses journalistes, ARTICLE 19-Mexique et le CENCOS ont lancé la semaine dernière leur propre campagne contre le meurtre brutal et ciblé de leurs collègues. « Te hace daño no saber » (« Ce que vous ne savez pas peut vous faire du tort »), tel est le slogan de leur campagne nationale pour protéger les journalistes au Mexique et, par défaut, le « droit de la société dans son ensemble d’être informée ».
« Les journalistes sont visés à cause de leur travail … Leur présence est devenue dérangeante pour les cartels de la drogue, la police et les autorités, jusqu’au palier fédéral. La campagne vise à assurer que la violence contre les journalistes et l’impunité soulèvent l’indignation nationale, et deviennent une priorité nationale contre laquelle tous les acteurs vont devoir intervenir », dit ARTICLE 19 qui, avec le CENCOS, a dévoilé la campagne à l’occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Déjà, la campagne jouit du soutien de plus d’une dizaine d’organisations nationales et internationales de la société civile qui ont déjà « entrepris diverses actions pour rendre visibles les problèmes dans le pays ». Ces groupes comprennent des membres de l’IFEX comme l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), le Centre pour le journalisme et l’éthique publique (CEPET) et Reporters sans frontières (RSF).
La campagne bénéficie en outre du soutien de défenseurs renommés de la liberté de la presse. Parmi les personnalités invitées au lancement de la campagne se trouvaient Lydia Cacho, une journaliste mexicaine qui a été la cible de menaces de mort, de sabotage, de poursuites en diffamation et de harcèlement policier à cause de son travail où elle a mis au jour des réseaux de prostitution et de pornographie infantile, et Rosa Isela Caballero, épouse du journaliste José Antonio García Apac. García est disparu il y a deux ans dans l’État de Michoacán.
Aux premiers stades de la campagne, le CENCOS et ARTICLE 19 ont rendu public un « Guide pratique sur la liberté d’expression au Mexique » – un document d’information qui présente une histoire de la libre expression dans le pays, des renseignements détaillés sur les organisations politiques et judiciaires qui protègent la libre expression, et même une annexe sur les violations cette année. Les deux groupes ont aussi publié un guide sur la façon de documenter et de surveiller les attaques contre les journalistes – et des méthodologies qu’eux et d’autres groupes actifs dans le domaine utilisent. Tout cela, et bien plus, est accessible sur le site web de la campagne « Ce que vous ne savez pas peut vous faire du tort » : http://www.libertad-expresion.org.mx/materiales.php
Selon ARTICLE 19 et le CENCOS, la prochaine étape consistera à reproduire la campagne dans d’autres pays de la région, comme le Guatemala, le Salvador, le Honduras et le Nicaragua – où la violence contre les travailleurs des médias et la violation du droit du public de savoir sont endémiques. Leur objectif d’ensemble est de renforcer les capacités locales et de monter un réseau continental de protection.
« Il est temps pour les organisations de journalistes, les propriétaires et les directeurs de médias d’assumer leur rôle et d’exiger le degré de sécurité nécessaire pour exercer vraiment la liberté de la presse », dit ARTICLE 19. « Ces exigences fondamentales doivent venir de l’intérieur. »
Consulter les sites suivants :
– « Ce que vous ne savez pas peut vous faire du tort » : http://tinyurl.com/5lr9vz
– ARTICLE 19 : http://tinyurl.com/584znl
– CENCOS : http://tinyurl.com/5c4wbf
– Page de l’IFEX sur le Mexique : http://tinyurl.com/388ljq
(10 décembre 2008)