Des inconnus ont mis le feu la semaine dernière à l’imprimerie d’un journal farouchement indépendant de Banjul, en Gambie, suscitant chez quatre membres de l’IFEX de l’inquiétude au sujet de la liberté de la presse dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. L’attentat contre « The Independent » était le deuxième en six mois. L’Institut international […]
Des inconnus ont mis le feu la semaine dernière à l’imprimerie d’un journal farouchement indépendant
de Banjul, en Gambie, suscitant chez quatre membres de l’IFEX de l’inquiétude au sujet de la liberté de la presse dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. L’attentat contre « The Independent » était le deuxième en six mois.
L’Institut international de la presse (IIP), Reporters sans frontières (RSF), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et l’Association mondiale des journaux (AMJ) ont condamné cet attentat, qui s’est produit le matin du 13 avril.
Six hommes armés sont entrés dans l’immeuble abritant l’imprimerie du bi-hebdomadaire « Independent » et y ont mis le feu. Les assaillants
auraient tenté d’enfermer les employés dans l’immeuble mais n’y sont pas parvenus, rapporte le CPJ.
La totalité du matériel d’impression de « The Independent » et des exemplaires du journal du jour a été détruite. Le rédacteur en chef du journal, Abdoulie Sey, s’est juré de continuer à publier en
dépit de l’attentat.
Le journal « The Independent » est réputé pour être une épine au pied du gouvernement et a été la cible d’attentats dans le passé. En octobre dernier, trois personnes ont mis le feu aux bureaux du journal. Sey et le directeur et rédacteur en chef Alagi Yorro Jallow ont en outre reçu des menaces de mort au cours des six derniers mois en raison de la couverture critique du gouvernement par le journal, fait remarquer l’IIP.
Selon le récent rapport annuel de l’IIP sur la situation de la liberté de la presse, les droits de la personne se sont graduellement détériorés en Gambie depuis l’arrivée au pouvoir du président Yahya Jammeh en 1995. En effet, son gouvernement a réduit au silence la presse indépendante et sapé l’indépendance de la magistrature, dit l’IIP.
Le gouvernement Jammeh a aussi promulgué une loi sur les médias, que de nombreux membres de l’IFEX
considèrent comme draconienne. La Loi sur la Commission nationale des médias (National Media
Commission Act) prévoit la création d’une agence nationale de réglementation chargée de répondre aux
plaintes du public contre les médias et de superviser l’enregistrement obligatoire des journalistes et des médias.
La Commission nationale des médias, dont la présidence est assurée par une personne désignée par le président, est aussi habilitée à créer un code de conduite auquel les médias sont tenus de se conformer, dit ARTICLE 19.
La Commission peut convoquer des témoins, exiger que les journalistes divulguent leurs sources et
imposer des amendes d’au moins 5 000 dalasis (550 $ US) si un journaliste est considéré comme « blâmable ».
La Loi exige en outre que tous les journalistes et les médias s’inscrivent à la Commission, alors que cette exigence, fait valoir ARTICLE 19, contrevient aux normes juridiques
internationales relatives à la libre expression.
Lire les dossiers suivants sur la Gambie, rédigés par des groupes membres de l’IFEX :
– IIP : http://www.freemedia.at/wpfr/Africa/gambia.htm
– CPJ : http://www.cpj.org/attacks03/africa03/gambia.html
– RSF : http://www.cpj.org/attacks03/africa03/gambia.html
– ARTICLE 19 : http://www.article19.org/docimages/1533.doc