La Chine mérite une médaille dâor pour les violations des droits de la personne, mais ne mérite pas de se voir confier le privilège dâorganiser les Jeux Olympiques, soutiennent Reporters sans frontières (RSF), Solidarité Chine et le Comité de soutien au peuple tibétain. Les trois organisations demandent aux membres du Comité international olympique (CIO) de […]
La Chine mérite une médaille dâor pour les violations des droits de la personne, mais ne mérite pas de se voir confier le privilège dâorganiser les Jeux Olympiques, soutiennent Reporters sans frontières (RSF), Solidarité Chine et le Comité de soutien au peuple tibétain. Les trois organisations demandent aux membres du Comité international olympique (CIO) de refuser de confier à Pékin la tenue des Jeux Olympiques dâété de 2008. Ils entendent également lancer une campagne internationale « pour alerter lâopinion publique sur le non-sens que représente la candidature de Pékin au regard de lââesprit olympique ».
Le 13 juillet prochain, à Moscou, le CIO désignera la ville qui accueillera les Jeux Olympiques de 2008. Les villes dâIstanbul, Osaka, Paris, Pékin et Toronto sont candidates. Dans un rapport transmis aux 123 membres du CIO le 11 juin, les trois organisations de défense des droits de la personne rappellent « quâil y a assez de pays démocratiques pour éviter dâaccorder à lâune des dernières et des plus violentes dictatures du monde le privilège dâorganiser la plus prestigieuse fête du sport ». Le rapport documente le « palmarès accablant » du régime chinois en matière de droits de la personne et fait remarquer que le peuple chinois est privé des libertés dâassociation, dâexpression, de mouvement et de religion. Parmi les nombreuses violations recensées, les trois groupes rappellent quâau moins treize journalistes et huit cyberdissidents chinois sont emprisonnés en Chine à lâheure actuelle.
RSF et ses partenaires font valoir que le fait dâaccorder la tenue des Jeux Olympiques à Pékin constituerait « un pari risqué ». Ils font remarquer que vingt ans dâune « réforme brutale vers lâéconomie de marché et lâintégration dans lâéconomie mondiale » ont permis à une minorité de Chinois dâaméliorer leur situation économique, et fait de la Chine un pays à la fois répressif et instable. Depuis quelques années, les révoltes ouvrières et paysannes se multiplient, les inégalités se creusent et le gouvernement est incapable dâassurer un minimum de subsistance aux dizaines de millions de défavorisés, dit le rapport. Pourtant, les experts chinois qui dénoncent les risques dâexplosion sociale sont systématiquement censurés. Le rapport fait valoir que, pendant les Jeux Olympiques, il serait difficile pour les journalistes de travailler « dans un pays où la police est constamment sur leurs traces, où des autorisations doivent être obtenues pour se déplacer et où de nombreux Chinois craignent encore de parler aux étrangers de peur dâêtre arrêtés par la police ».
Par ailleurs, dit RSF, une nouvelle période de répression sâengage dans la province du Henan. Pendant la semaine du 11 juin, le rédacteur en chef-adjoint du quotidien « Dahe Bao », Ma Yunlong, a été congédié après la publication de deux articles qui critiquaient certains fonctionnaires de la province. Le « Dahe Bao » avait publié en mars un article décrivant comment des laboratoires pharmaceutiques payaient des femmes pour influencer les décisions des officiels des départements provinciaux de la santé, entre autres par des faveurs sexuelles. Le second article rapportait les critiques dâinvestisseurs étrangers qui se plaignaient de lâadministration de la ville de Zhoukou, jugée corrompue et incompétente. Par ailleurs, le département de la propagande de la province du Henan vient de lancer une campagne de « journalisme marxiste », au cours de laquelle près dâun millier de journalistes vont suivre pendant trois mois une classe de « rééducation idéologique », puis passer un examen. Selon RSF, les autorités ont indiqué quâen cas dâéchec, les journalistes risquaient dâêtre congédiés. « L’instauration de classes de rééducation au âjournalisme marxisteâ est une nouvelle tentative des autorités pour réduire le travail des journalistes à une simple propagande en faveur du Parti communiste », dit RSF. Pour plus de renseignements, consulter www.rsf.org.