L’Alliance de la presse de l’Asie du Sud Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA) et Human Rights Watch expriment leur inquiétude quant à l’avenir de la démocratie en Thaïlande, à la suite de l’écrasante victoire qu’ont remportée Thaksin Shinawatra et le parti Thai Rak Thai lors de l’élection générale du 6 février 2005. Selon la […]
L’Alliance de la presse de l’Asie du Sud Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA) et Human Rights Watch expriment leur inquiétude quant à l’avenir de la démocratie en Thaïlande, à la suite de l’écrasante victoire qu’ont remportée Thaksin Shinawatra et le parti Thai Rak Thai lors de l’élection générale du 6 février 2005.
Selon la SEAPA, l’impérieuse influence du premier ministre sur les médias thaïlandais, jointe à un nouveau mandat électoral, pourrait affaiblir les institutions démocratiques du pays et exercer une pression énorme sur les médias pour qu’ils renoncent à leurs droits et à leurs libertés.
Selon les analystes politiques, la coalition au pouvoir à la tête de laquelle se trouve Thaksin, qui semble sur le point de contrôler plus de 80 pour 100 des sièges à la Chambre des Représentants, détient tellement de pouvoir que ses politiques à venir seront virtuellement à l’abri de toute censure.
La SEAPA exprime son scepticisme face aux propos que Thaksin a tenus après sa victoire, quand il a assuré les médias thaïlandais de son intention d’écouter les critiques et de travailler avec l’opposition. L’organisation souligne que les antécédents du premier ministre en matière de liberté de presse constituent un meilleur indice de ce qui pourrait arriver.
« Au cours des quatre dernières années, Thaksin s’est arrangé pour resserrer son contrôle sur la presse et les médias », dit la SEAPA. En 2003, Shin Corp., le géant des médias et des télécommunications qui appartient à la famille de Thaksin, a pris le contrôle de la seule chaîne de télévision indépendante de la Thaïlande, iTV.
En 2004, Shin Corp. a poursuivi devant les tribunaux une championne de la liberté de la presse, lui réclamant dix millions de dollars (US) après que celle-ci eut déclaré que les profits de la société avaient augmenté de presque 40 milliards de bahts thaïlandais (980 millions $ US) depuis l’accession de Thaksin au poste de premier ministre, en février 2001 (voir : http://ifex.org/en/content/view/full/59833/).
D’après la SEAPA, la perception largement répandue en Thaïlande est que Thaksin et ses amis de la communauté des affaires exercent de l’influence dans la presse écrite, soit en annulant la publicité dans les journaux ou en influençant directement la gestion et les décisions rédactionnelles par l’entremise du comité de rédaction des journaux.
Les deux principaux quotidiens en langue anglaise de Thaïlande ? « The Nation » et le « Bangkok Post » ? ont subi des pressions pour qu’ils mettent une sourdine à leurs critiques de Thaksin. Les changements survenus en 2004 dans les conseils d’administration des deux entreprises ont, semble-t-il, été mis au point afin d’adoucir les critiques vis-à-vis du gouvernement.
Human Rights Watch a aussi fait connaître sa préoccupation devant ce qu’il qualifie d’« érosion constante du respect des droits de la personne » sous le régime Thaksin. Dans un document d’information, le groupe membre de l’IFEX affirme que la Thaïlande « est passée de phare de liberté et de respect des droits de la personne dans la région et s’est transformée en un pays très inquiétant »
Consulter les sites suivants :
– SEAPA : http://www.seapabkk.org/column/2005/02/20050201.html
– Journaliste tué dans le sud de la Thaïlande : http://ifex.org/en/content/view/full/64495/
– Document d’information de Human Rights Watch : http://hrw.org/english/docs/2005/01/13/thaila9858.htm
– Poursuite de la Shin Corporation : http://ifex.org/en/content/view/full/61047/