Au Nigéria, les journalistes pressent le gouvernement de retirer du projet de Constitution un article qui aurait pour effet de codifier la création d’une Commission nationale des médias. C’est ce que signale la publication du Centre du journalisme indépendant (IJC), le « Media Monitor », dans sa dernière édition. Des administrateurs de moyens de communications ont discuté […]
Au Nigéria, les journalistes pressent le gouvernement de retirer du projet de Constitution un article qui aurait pour effet de codifier la création d’une Commission nationale des médias. C’est ce que signale la publication du Centre du journalisme indépendant (IJC), le « Media Monitor », dans sa dernière édition. Des administrateurs de moyens de communications ont discuté de cette proposition lorsqu’ils se sont rencontrés à Lagos les 26 et 27 décembre à l’occasion d’un débat public de deux jours sur la question du projet de Constitution de 1995. Mme Ronke Ballantyne, du Groupe Minaj, a déclaré que « la disposition de l’article qui limite la circulation des journaux et des revues au-delà de l’État où ils sont imprimés aurait pour effet de nuire à la liberté d’expression. […] La loi prévoit que les moyens de communications privés, sauf dans le cas où ils décideraient de devenir des entreprises publiques, ne peuvent ni circuler ni diffuser au-delà de l’État où ils ont leur siège social. » Le gouvernement aurait ainsi la mainmise absolue sur les médias. Le directeur du « Daily Times », Ndu Ughamadu, qui représentait la Nigeria Guild of Editors (NGE) [Guilde des directeurs de publications du Nigéria], qui compte plus de 500 membres, affirme que le projet de Commission nationale des médias est inutile; il fait remarquer que le Conseil de presse du Nigéria (NPC), le ministère de l’Information et la Nigerian Broadcasting Corporation (NBC) réglementent déjà les médias. M. Ughamadu a ajouté que « le groupe qui avait commandité la commission croyait [erronément] que les journalistes surveilleraient les activités des hauts responsables du gouvernement et qu’ils les empêcheraient de commettre certains de leurs excès dans l’exercice du pouvoir ».
Entre temps, le gouvernement du Nigéria parle d’autres types de mesures pour nuire aux médias. Le ministre de l’Information, John Nwodo, a laissé entrevoir des plans pour faire de la diffamation un délit criminel au Nigéria, rapporte le partenaire de l’IFEX qui, pour des raisons de sécurité, se doit de conserver l’anonymat. S’adressant à des journalistes à Calabar, dans l’État de Cross River, le ministre Nwodo a déclaré « je pense à criminaliser la diffamation parce que les gens diffament leurs concitoyens et s’en tirent sans problèmes ». Il a cité un article récent, où l’auteur affirmait que le ministre avait été client d’un occultiste-spiritualiste appelé Guru Maharaji Ji pour pouvoir devenir ministre. « Jamais de ma vie je n’ai rencontré une personne du nom de Guru », a dit le ministre, qui « a affirmé que si on publiait des faussetés contre lui en dépit de son poste, les Nigérians ordinaires n’avaient aucune chance, surtout parce que les poursuites civiles sont fastidieuses, longues et coûteuses. »