Un an après l’invasion de l’Irak menée par les États-Unis, le pays est le plus dangereux du monde pour les journalistes, dit la Fédération internationale des journalistes (FIJ). La semaine dernière, encore cinq d’entre eux ont perdu la vie, ce qui porte à 36 le nombre de travailleurs des médias tués pendant et après la […]
Un an après l’invasion de l’Irak menée par les États-Unis, le pays est le plus dangereux du monde pour les journalistes, dit la Fédération internationale des journalistes (FIJ). La semaine dernière, encore cinq d’entre eux ont perdu la vie, ce qui porte à 36 le nombre de travailleurs des médias tués pendant et après la guerre d’Irak.
Le 18 mars dernier, des soldats américains postés à un barrage militaire à Bagdad ont ouvert le feu sur une voiture transportant quatre employés de la chaîne arabe par satellite al-Arabiya, rapporte la FIJ. L’opérateur de caméra irakien Ali Abdel Aziz a été tué instantanément. Le reporter Ali al-Khatib, lui aussi de nationalité irakienne, a succombé quelques heures plus tard.
Selon la FIJ, l’équipe était sur place pour couvrir une attaque contre l’hôtel Burj al-Hayat lorsque des soldats américains ont commencé à tirer sur leur véhicule, lequel était clairement identifié par les lettres « TV ».
Le même jour, un reporter et deux employés des médias de la station de télévision « Diyala TV », financée par les États-Unis, ont été tués dans un attentat exécuté par des individus armés à Baquba. L’attentat a coûté la vie à Nadia Nasrat, Majid Rachid et Mohamad Ahmad, qui se trouvaient à bord d’un minibus dans le nord de Bagdad. Au moins huit autres travailleurs des médias ont été blessés.
La FIJ s’est jointe au Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et à Reporters sans frontières (RSF) pour condamner ces tueries et exiger une enquête.
La FIJ exprime sa préoccupation que les troupes américaines en Irak agissent dans l’impunité dans leur traitement des journalistes. Elle dit rester insatisfaite des explications officielles concernant la mort des sept journalistes tués pendant la guerre en Irak. À ce jour, les autorités américaines ont refusé de divulguer aux familles des victimes ou aux médias des précisions concernant la mort des journalistes.
Deux de ces décès sont survenus lorsqu’un char américain a tiré un obus sur l’Hôtel Palestine de Bagdad, tuant l’opérateur de caméra Taras Protsyk, de l’agence Reuters, ainsi que José Couso, opérateur de caméra pour Telecinco d’Espagne. Des centaines de journalistes étrangers résidaient à l’hôtel au moment de l’incident, ce qui a soulevé un tollé d’indignation dans les médias internationaux.
La FIJ, qui a décrété le 8 avril journée de deuil pour les journalistes, a lancé une campagne de pétition pour faire pression auprès du Pentagone afin qu’il rende publics les résultats de ses propres enquêtes sur la mort des journalistes et qu’il ouvre une enquête indépendante sur les incidents de « tirs amis » impliquant des soldats de l’armée américaine et du personnel des médias.
La FIJ a mené récemment une mission d’enquête en Irak afin d’évaluer les besoins des journalistes locaux et de soutenir les efforts de reconstruction des médias. Elle a constaté que les journalistes irakiens sont « déterminés à rompre l’étranglement exercé par le contrôle politique, et à travailler ensemble afin de bâtir une campagne de promotion des droits des médias et du journalisme indépendant ».
Après des discussions avec des groupes de journalistes à Bagdad et au Kurdistan, la FIJ a mis au point un programme qui insistera sur la sécurité des journalistes, l’expansion du mouvement syndical, la formation professionnelle et l’établissement d’une organisation nationale des journalistes irakiens.
Pour plus de renseignements, consulter : http://www.ifj.org/default.asp?Index=2357&Language=FR
Lire le dossier de la FIJ sur l’Irak : http://www.ifj.org/docs/rapportmissionIrak2004.doc
Consulter les mises à jour sur l’Irak sur le site web de l’IFEX : http://ifex.org/fr/content/view/full/644/