Lors de lâassemblée annuelle de lâÃchange international de la liberté d’expression (IFEX), la semaine dernière, les groupes participants ont signé des résolutions conjointes sur la situation dans de nombreux pays dâAfrique. Ils ont aussi donné leur appui à la condamnation des violations de la liberté dâexpression en Yougoslavie, en Argentine et en Azerbaïdjan. LâInstitut des […]
Lors de lâassemblée annuelle de lâÃchange international de la liberté d’expression (IFEX), la
semaine dernière, les groupes participants ont signé des résolutions conjointes sur la situation dans
de nombreux pays dâAfrique. Ils ont aussi donné leur appui à la condamnation des violations de la
liberté dâexpression en Yougoslavie, en Argentine et en Azerbaïdjan. LâInstitut des médias
dâAfrique australe (MISA) était lâhôte de lâassemblée qui sâest tenue du 19 au 22 avril au Cap, en
Afrique du Sud. Les 22 et 23 avril ont été consacrés à des ateliers du Programme dâextension.
Ces ateliers ont servi aux groupes du Nord et à ceux du Sud à échanger leurs connaissances en
matière de financement, dâévaluation du travail, de gestion, de rédaction de projet et de stratégies
en vue de réussir. Lors dâun banquet le 22 avril, où se sont produits des danseurs et des batteurs
de tambour, le MISA a annoncé la formation dâune section nationale dans le pays, MISA-Afrique
du Sud. Mme Jeanette Minnie, directrice générale du MISA, a fait remarquer que câétait la
première fois que lâIFEX tenait son assemblée annuelle en Afrique et a souligné à quel point il
était important de se rassembler pour affirmer sa solidarité sur la question de la liberté
dâexpression en Afrique et dans le monde.
Lors de lâassemblée, les délégués ont discuté de la liberté dâexpression en temps de guerre et de
crise, et ont constitué un comité spécial chargé dâenquêter sur les cas urgents de journalistes en
danger. Les régions qui attirent lâattention actuellement comprennent les Balkans et la Sierra
Leone. Un autre comité spécial a été créé pour surveiller la concentration de la propriété des
médias, ce qui, aux yeux de nombreux délégués, constitue une menace pour la liberté dâexpression
à lâéchelle mondiale. Les participants ont aussi discuté de des violations actuelles de la liberté
dâexpression au Zimbabwe, en Zambie et au Swaziland. Des ateliers ont été organisés pour
promouvoir la liberté dâexpression en Asie du Sud-est et au Nigéria, et pour définir des stratégies
pour lâétablissement de liens plus solides avec des groupes du Moyen-Orient et dâAfrique du
Nord. Les participants sont tombés dâaccord pour faire de la région une priorité du Programme
dâextension du réseau IFEX de nouveau cette année.
à lâoccasion dâun appel conjoint lancé en faveur de la liberté dâexpression dans la République
démocratique du Congo, 27 groupes membres de lâIFEX ont demandé la remise en liberté du
directeur de lâinformation à la station privée Matadi TV, Mbakulu Pambu Diambu, et du
rédacteur en chef de lâhebdomadaire âVisionâ, Thierry Kyalumba. Pambu Diambu a été arrêté en
novembre dernier et accusé dâavoir âattenté à la sécurité de lâÃtatâ; quant à Kyalumba, il a été
arrêté en janvier et condamné à quatre ans de prison pour avoir âdivulgué des secrets militaires en
temps de guerreâ. La déclaration évoque le soulagement de savoir que deux autres journalistes,
arrêtés et inculpés de chefs dâaccusation similaires en mars dernier, à savoir Modeste Mutinga,
rédacteur en chef du journal âLe Potentielâ, et André Ipakala, rédacteur en chef de âLa Référence
Plusâ, ont été relâchés après avoir été retenus deux semaines en prison. Mutinga a assisté à
lâassemblée de lâIFEX et a participé aux ateliers du Programme dâextension du réseau IFEX.
à lâoccasion dâune déclaration sur le Lesotho, vingt-cinq membres de lâIFEX ont protesté contre
lâinterdiction de journalistes au séances du tribunal présidé par le juge Mahapela Lehohla à cause
de leur tenue vestimentaire. La déclaration qualifie en effet cette décision de âcampagne
systématique pour nier aux journalistes locaux le droit quâils ont dâassister à lâadministration de la
justice dans le paysâ. Sept journalistes, dont Candi Ratabane Ramainoane, du journal et de la
radio âMoAfrikaâ, qui ont assisté à lâassemblée de lâIFEX, ont été à de nombreuses reprises
empêchés de pénétrer dans la salle dâaudience du juge. Une déclaration conjointe de 28 membres
de lâIFEX sur la Tanzanie demande au gouvernement de Zanzibar de lever lâinterdiction qui pèse
sur le journaliste Mwinyi Sadallah, qui travaille pour lâagence de nouvelles privée âPress Serviceâ
de Tanzanie, et qui lâempêche de travailler dans lâîle de Zanzibar.
Il va sans dire que la guerre dans les Balkans a été un sujet de grande préoccupation à lâassemblée
annuelle de lâIFEX, et un certain nombre de déclarations et de stratégies ont été formulées en vue
de réagir aux attaques perpétrées dans la région contre la liberté dâexpression. Le représentant
dâun groupe membre de lâIFEX, lâAssociation des médias électroniques indépendants de
Yougoslavie (ANEM), qui assistait aux travaux, sâest levé et a sollicité de lâappui. Environ
25 membres de lâIFEX et dâautres participants ont signé une déclaration de la Fédération
internationale des journalistes (FIJ) dénonçant le bombardement par les forces de lâOTAN, le
21 avril, du quartier général du Parti socialiste serbe à Belgrade, dont lâimmeuble abritait aussi des
stations de radio. LâAssociation mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), qui
travaille en partenariat avec lâANEM et Radio B92, a annoncé le lancement, à lâoccasion de la
Journée mondiale de la liberté de la presse, dâune campagne de commandites de solidarité en
faveur de certains journalistes et de membre du personnel de la station Radio B92 et du réseau de
lâANEM. Cette campagne a pour objectif de mettre 150 journalistes et techniciens des médias
indépendants en contact pendant six mois avec des appuis partout dans le monde. La campagne a
reçu lâappui de 21 groupes de lâIFEX qui sây sont joints.
Autre déclaration conjointe : vingt-six groupes de lâIFEX ont signifié leur appui au journaliste
argentin Eduardo Kimel, condamné le 8 avril à un an de prison et à une amende de 20 000 $ US
après avoir été poursuivi pour diffamation. Son ouvrage âLe Massacre de San Patricioâ raconte
lâenquête sur le meurtre de cinq religieux en 1976 et arrive à la conclusion que le juge qui a mené
lâenquête, Guillermo Rivarola, y a mis fin quand il sâest rendu compte que câétait lâarmée qui avait
commandé lâassassinat. La poursuite en diffamation avait été intentée par Rivarola.
Deux autres actions conjointes seront lancées cette semaine. Dans la première, les membres de
lâIFEX ont été priés dâexprimer âleur inquiétude et leur préoccupation devant les tentatives
répétées et calculées du gouvernement de Zambie pour réduire au silence les médias indépendants
en général et le journal âThe Postâ en particulierâ. En mars, douze journalistes ont été arrêtés et
accusés dâespionnage; ils ont été déférés devant la Haute cour de Zambie pour y subir leur procès
en mai prochain à la suite dâun reportage dans le âPostâ qui remettait en question la capacité de
lâarmée zambienne à soutenir une attaque venant de lâAngola. Selon le MISA, sâils sont trouvés
coupables, les journalistes sont passibles dâau moins vingt ans de prison. Les délégués ont discuté
de moyens de suivre le procès en Zambie. Les membres de lâIFEX ont aussi été invités à
participer à une campagne de lâInstitut international de la presse (IIP), menée conjointement avec
le Syndicat des journalistes dâAzerbaïdjan, afin dâobtenir la sortie de prison de Fouad Qahramanli
avant la Journée mondiale de la liberté de la presse. Celui-ci purge une peine de dix-huit mois
dâemprisonnement pour un prétendu âappel au désordre socialâ dans un article qui nâa jamais été
publié.
à son assemblée annuelle, lâIFEX a approuvé lâadhésion de trois nouveaux membres. Ce sont le
âMedia Institute of Kenyaâ [Institut des médias du Kenya], la Formacion JurÃdica para la Accion
[Formation pour lâaction] (FORJA) du Chili, et la âSociety of Professional Journalistsâ (SPJ)
[Société des journalistes professionnels] des Ãtats-Unis. La coordonnatrice de lâAssociation des
médias des Ãles du Pacifique (PINA), Mme Nina Ratulele, a été élue au poste de présidente du
Conseil de lâIFEX. On a également annoncé officiellement au Cap le transfert du service Internet
de lâIFEX du Forum norvégien pour la liberté dâexpression (NFFE) au groupe Freedom of
Expression Institute (FXI), dâAfrique du Sud. Le site est en voie de transformation pour accroître
entre autres la puissance de recherche et pour permettre de sâabonner directement aux alertes.