(PEN International/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de PEN International daté du 17 mars 2008: TURQUIE: Craintes au sujet de la condamnation possible de l’éditeur Ragip Zaakolu lors du verdict attendu le 8 avril 2008. Le Comité pour la Défense des Écrivains Persécutés – CODEP/WIPC du PEN International est d’avis que le procès du […]
(PEN International/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de PEN International daté du 17 mars 2008:
TURQUIE: Craintes au sujet de la condamnation possible de l’éditeur Ragip Zaakolu lors du verdict attendu le 8 avril 2008.
Le Comité pour la Défense des Écrivains Persécutés – CODEP/WIPC du PEN International est d’avis que le procès du 8 avril 2008 se terminera par une condamnation et même par un une sentence d’emprisonnement de l’éditeur Ragip Zarakolu, poursuivi pour « insulte » sous l’Article 301 du Code pénal turc. PEN International proteste contre cette accusation contre Ragip Zarakolu, laquelle contredit impunément les normes internationales en matière de sauvegarde des droits à la libre expression.
Plusieurs séances d’audition contre Ragip Zarakolu ont eu lieu depuis l’ouverture de son procès en mars 2005. Accusé sous l’Article 301 du Code pénal turc (l’Article 159 de l’ancien code pénal) pour « insulte à l’État » pour avoir publié l’ouvrage de Dora Sakayan An Armenian Doctor in Turkey: Garabed Hatcherian: My Smyrna Ordeal of 1922. Zarakolu est passible d’une sentence maximum de trois ans d’emprisonnement.
Il s’agit là d’un procès parmi tant d’autres ayant eu lieu contre Zarakolu ces dernières années, tous reliés à des livres qu’il a publiés, notamment sur les droits de la minorité arménienne et kurde de Turquie, et sur les droits de l’homme en général. Plus récemment, les poursuites engagées sous l’Article 301 se sont terminées par des non-lieux à l’endroit de la maison d’édition de Zarakolu Belge Publishing House de Grande-Bretagne, notamment dans le cas du roman de George Jerjian « History Will Set us Free /Turkish-Armenian Conciliation » car son auteur n’était pas résident de la Turquie.
Depuis mars 2008, au moins une vingtaine d’auteurs, éditeurs, journalistes ou universitaires subissent un procès sous l’Article 301 pour « insulte à l’État turc » du fait de commenter des questions comme le génocide arménien, l’abus des droits de la personne contre les Kurdes et les critiques contre les militaires, le système judiciaire et autres institutions. Nombre de personnes ont subi un procès depuis la loi de juin 2005. Aucune d’entre elles n’ont mérité une sentence, sauf la condamnation avec sursis de six mois prononcée contre Hrant Dink, rédacteur du quotidien arménien Agos, assassiné en janvier 2007. On croit généralement que la sentence prononcée contre Hrant Dink a fait de lui un cas plausible d’assassinat.
Zarakolu est l’un des éditeurs dissidents les plus réputés en Turquie, si on en juge par le harcèlement, les procès et les emprisonnements qu’il a subis depuis la fondation de sa maison d’édition Belge en 1970. En 1995, lui-même et son personnel ont échappé de près à des blessures lorsqu’on a bombardé leurs bureaux de nuit, le fait d’agresseurs d’extrême droite; ce qui obligea la maison d’édition à s’installer dans un sous-sol ailleurs à Istanbul. Zarakolu s’est mérité plusieurs prix nationaux et internationaux dans le domaine de la libre expression en plus d’être membre honoraire de plusieurs centres PEN.
PEN International est profondément inquiet que l’audience du 8 avril contre Ragip Zarakolu puisse entraîner une sentence d’emprisonnement. Depuis toujours, PEN International s’est opposé à l’application de cette loi comme faisant obstacle aux normes internationales en matière de sauvegarde de la liberté d’expression à laquelle la Turquie a souscrit.