(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 6 décembre 1999: Adhésion de la Turquie à l’Union européenne Dans une lettre aux commissaires européens, RSF s’inquiète des violations de la liberté de la presse en Turquie Dans des courriers adressés aux commissaires européens aux Relations extérieures et à l’Elargissement, MM. Chris Patten […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 6 décembre 1999:
Adhésion de la Turquie à l’Union européenne
Dans une lettre aux commissaires européens, RSF s’inquiète des violations de la liberté de la presse en Turquie
Dans des courriers adressés aux commissaires européens aux Relations extérieures et à l’Elargissement, MM. Chris Patten et Gunther Verheugen à l’occasion du sommet européen d’Helsinki des 10 et 11 décembre 1999 où la candidature de la Turquie à l’Union européenne sera discutée, Reporters sans frontières (RSF) a souhaité attirer leur attention sur la situation de la liberté de la presse en Turquie.
« Malgré les engagements du gouvernement de Monsieur Bülent Ecevit, écrit RSF, les pressions sur les médias pro-kurdes et d’extrême gauche se sont intensifiées, notamment lors de la tenue du procès d’Abdullah Öcalan, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en mai et juin 1999. Les autorités turques utilisent trop souvent les textes législatifs adoptés pour lutter contre le terrorisme pour, en fait, réprimer la liberté de la presse et censurer le débat démocratique. Environ une centaine de journalistes sont actuellement emprisonnés en Turquie, la plupart étant accusés de liens avec des groupes terroristes. Arrestations arbitraires, passages à tabac, voire tortures, sont encore monnaie courante quand il s’agit de réprimer l’information sur la question kurde ».
RSF rappelle également qu’en 1998, « une dizaine de journalistes ont été torturés lors de leur détention et au moins soixante ont été agressés. Depuis le début de l’année 1999, une cinquantaine de journalistes ont été interpellés, parfois brutalisés. Malgré quelques tentatives pour renforcer la législation sanctionnant la torture et les mauvais traitements infligés par des agents de l’Etat, ces pratiques sont toujours fréquentes. La condamnation des violences policières par la justice demeure rarissime ».
Si le 28 août 1999, une loi d’amnistie a été votée, qui a permis notamment la libération de six journalistes, RSF considère que « la suspension des poursuites contre les journalistes pendant une période de trois ans est insuffisante et risque de les contraindre à l’autocensure. En effet, si les bénéficiaires de cette loi étaient à nouveau inculpés dans une affaire de presse pendant la période probatoire, ils devraient alors purger les peines de prison dont ils ont été dispensés ». Tout en insistant une nouvelle fois sur la nécessité de ne pas sanctionner de peines de prison des délits de presse, RSF demande « l’abrogation des articles 8 et 7.2 de la loi antiterroriste n°3713, relatifs au délit de ‘propagande’, et la suppression des peines d’emprisonnement, prévues par les articles 312 et 159 du Code pénal, qui sanctionnent des journalistes ayant exprimé leurs opinions pacifiquement ».
Enfin, RSF conclut ce courrier aux deux commissaires européens en demandant « la libération immédiate et inconditionnelle de deux journalistes – Yalçin Küçük, de l’hebdomadaire de gauche Hepileri, arrêté le 29 octobre 1998 et Hasan Özgün, du quotidien d’extrême gauche Özgür Gündem, arrêté le 10 décembre 1993 -, ainsi que la tenue d’un procès juste et équitable pour Asiye Zeybek Güzel, des hebdomadaires d’extrême gauche Isçinin Yolu et Atilim, arrêtée le 22 février 1997, et Nureddin Sirin, de l’hebdomadaire islamiste Selam, arrêté le 6 février 1997 ».