La décision du gouvernement dâinterdire aux stations de radio privées lâusage des langues indigènes constitue une forme de censure plus étendue quâil ne semble à première vue, écrit Wacula Mungai dans un rapport du Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Le 31 août dernier, indique le CPJ, le président Daniel arap Moi a ordonné […]
La décision du gouvernement dâinterdire aux stations de radio privées lâusage des langues indigènes constitue une forme de censure plus étendue quâil ne semble à première vue, écrit Wacula Mungai dans un rapport du Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Le 31 août dernier, indique le CPJ, le président Daniel arap Moi a ordonné au procureur général de préparer un projet de loi pour interdire aux stations de radio privées de diffuser dans les langues indigènes non officielles. Le président a justifié la mesure en affirmant que la radiodiffusion dans ces langues par les stations privées âalimentait le tribalisme et la désunionâ. Mungai note cependant que le président soutient lâusage des langues indigènes à la radio dâÃtat. Dans cette même déclaration, le président a ajouté que lâusage de langues indigènes non officielles à la radio dâÃtat était acceptable parce quâil âévite de porter atteinte à lâunité nationaleâ. Même si chacun des quarante groupes ethniques du Kenya parle sa langue, seuls lâanglais et le kaswahili ont le statut de langue officielle.
Selon Mungai, lâinterdiction que propose le gouvernement procède de son mécontentement devant lâexistence de stations de radio privées et leur contenu, plutôt que de lâutilisation des langues indigènes. Trois stations de radio sont touchées par lâinterdiction, et on croit un peu partout que la mesure vise essentiellement la plus importante et la plus populaire dâentre elles, à savoir la station âKamemeâ 101,1 située à Nairobi, qui diffuse exclusivement en langue kikuyu. La mesure âindique la détermination du gouvernement autocratique de Moi de préserver la mainmise du gouvernement sur les ondesâ, le peuple kikuyu étant connu pour sâopposer farouchement à Moi. Mungai fait aussi remarquer quâune telle interdiction serait lourde de conséquences pour le pays, où la radio constitue le principal moyen de recevoir les nouvelles et les informations. Lâinterdiction aggraverait les relations entre le peuple kikuyu et lâÃtat, dit le CPJ. On peut lire le rapport de Mungai sur le sire web du CPJ à http://www.cpj.org.