Le 10 décembre 1998 marquait le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies. L’événement a été souligné dans le monde entier sous le thème « Tous les droits de la personne, pour tous ». Certains ont fêté des cas heureux de défense des droits de la personne, tandis que d’autres ont […]
Le 10 décembre 1998 marquait le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies. L’événement a été souligné dans le monde entier sous le thème « Tous les droits de la personne, pour tous ». Certains ont fêté des cas heureux de défense des droits de la personne, tandis que d’autres ont commémoré des violations, passées et présentes, de ces mêmes droits.
Campagne en cours pour la défense des droits de la personne en Égypte
Dans certains pays, le 50e anniversaire a servi à souligner certains cas récents de restrictions aux droits de la personne. En Égypte, par exemple, l’Organisation égyptienne de défense des droits de la personne (EOHR) a publié un bulletin de liaison, « Solidarité », pour faire face aux pressions exercées par les autorités qui ont incarcéré le secrétaire-général de l’organisation, Hafez Abou Seada, pendant cinq jours au début du mois. « Solidarité » publiera les messages d’appui que l’EOHR a reçus et « réaffirme sa volonté de demeurer optimiste, devant l’avalanche de messages qui, au milieu des ténèbres de la crise, montrent qu’il y a de la lumière au bout du tunnel dans la lutte pour un avenir meilleur. […] En Égypte, nous célébrons cet événement solennel dans un climat qui n’a rien pour susciter l’optimisme. Le mouvement de défense des droits de la personne en général, et l’EOHR en particulier, se heurtent à une campagne furieuse et bien orchestrée d’agressions qui visent à faire taire les voix en faveur des droits de la personne. Ceux et celles qui travaillent dans le domaine des droits de la personne doivent cependant conserver la volonté de demeurer optimistes. Que la célébration du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits soit l’occasion de raviver cette volonté d’optimisme, de coopération et de solidarité entre tous ceux et celles que les droits de la personne préoccupent, partout dans le monde. »
Pour sa part, le groupe Human Rights Watch (HRW) a profité de l’occasion pour lancer une campagne de soutien aux défenseurs des droits de la personne en Égypte, dans la foulée des accusations portées contre Hafez Abou Seada. Celui-ci est accusé de « répandre à l’étranger des informations nuisibles aux intérêts nationaux de l’Égypte », après que l’EOHR eut publié en septembre dernier un rapport décrivant les arrestations de masse et les tortures infligées aux habitants du village de Al Kosheh. HRW a distribué à l’échelle internationale un document d’information qui soulignait « pourquoi les mesures de l’État contre l’EOHR constituent une menace pour toute la communauté des défenseurs des droits de la personne en Égypte », et décrivait des cas graves de violations des droits de la personne. « Il semble que le gouvernement égyptien tente d’intimider et de réduire au silence les voix qui continuent à dénoncer sa performance exécrable en matière de droits de la personne », a déclaré Hanny Megally, directeur général de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW. Le document a été distribué au Sommet des défenseurs des droits de la personne qui s’est tenu à Paris du 8 au 11 décembre. Il est également distribué au Caire pendant la mission de HRW en Égypte, du 10 au 19 décembre.
ARTICLE 19 publie un Guide sur la surveillance des médias pendant les campagnes électorales
Pour marquer le 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies, et à l’occasion des premières élections à se tenir au Nigéria dans le cadre du programme de transition de ce pays, ARTICLE 19 vient de faire paraître un manuel sur la surveillance des médias intitulé « Election Reporting: a Practical Guide to Media Monitoring ». Selon l’organisme, « cette publication fixe des normes et fournit un instrument pratique à ceux qui organisent des projets pratiques de surveillance de l’équilibre des reportages pendant la campagne électorale. » Selon la directrice générale d’ARTICLE 19, Mme Frances D’Souza, le Guide « peut servir non seulement à former des surveillants et à informer les gens quant à leurs droits fondamentaux, mais aussi à rassembler des preuves empiriques objectives de gouvernements qui se détournent de leurs obligations de garantir l’indépendance de la rédaction. […] Des preuves de ce genre, lorsqu’elles ont été rendues publiques, ont suscité une amélioration marquée de l’équilibre des reportages lors des élections au Kenya et au Malawi. » Le nouveau Guide comprend aussi des chapitres sur « les droits et le processus électoral », « les médias et les communications » et « l’éducation civique ». Le Guide a été élaboré avec la collaboration d’organismes qui se chargent de surveiller les élections au Cameroun, au Zimbabwe, au Kenya et au Maroc. Pour obtenir un exemplaire du Guide, communiquer avec Ilana Cravitz, ARTICLE 19, 33 Islington High St., London N19LH, Royaume-Uni; téléphone : +44 1 71 278 9292; télécopieur : +44 1 71 713 1356; courrier électronique : article19@gn.apc.org; site web : http://www.gn.apc.org/article19/. »>mailto:article19@gn.apc.org »>article19@gn.apc.org; site web : http://www.gn.apc.org/article19/.
RSF dresse la liste noire des régimes qui violent la liberté de la presse
Le groupe Reporters sans frontières (RSF) souligne pour sa part le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits en dressant la liste des pires contrevenants à la liberté de la presse, peut-on lire dans le bulletin de RSF (no 33, déc. 1998). Au 1er décembre, dit RSF, la Chine comptait 14 journalistes dans ses geôles, tandis que l’Éthiopie détenait le record, avec quinze journalistes incarcérés. La Birmanie (Myanmar), Cuba, le Nigéria, le Rwanda, la Tunisie et la Turquie comptent parmi les 23 autres pays qui détiennent ensemble au moins 63 journalistes. RSF affirme que la plupart des journalistes emprisonnés en Syrie et en Turquie ont été torturés. Quatre journalistes ont été assassinés en Colombie en 1998, plus que dans n’importe quel autre pays. Des journalistes ont été assassinés cette année en Algérie, au Mexique, en Turquie, en Russie, en Inde et au Cambodge. De plus, l’État exerce le monopole sur les nouvelles télévisées dans 75 des 190 pays membres des Nations Unies, et 45 gouvernements contrôlent l’accès à l’Internet. Enfin, fait observer RSF, un grand nombre de pays ont des lois qui criminalisent la « publication de fausses informations » ou les « insultes au chef de l’État ». Il n’y a donc plus beaucoup de motifs de se réjouir de l’anniversaire de l’Article 19 et des autres dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies, estime RSF, qui conclut en disant que la Déclaration « n’est vraiment respectée que dans une trentaine de démocraties qui regroupent une population totale de moins d’un milliard de personnes. La Déclaration est par ailleurs entièrement mise de côté par les r%26#233;gimes autoritaires d’une trentaine d’autres pays, dont la population totale est d’environ deux milliards de personnes. » »>http://www.rsf.fr »>Reporters sans frontières (RSF) souligne pour sa part le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits en dressant la liste des pires contrevenants à la liberté de la presse, peut-on lire dans le bulletin de RSF (no 33, déc. 1998). Au 1er décembre, dit RSF, la Chine comptait 14 journalistes dans ses geôles, tandis que l’Éthiopie détenait le record, avec quinze journalistes incarcérés. La Birmanie (Myanmar), Cuba, le Nigéria, le Rwanda, la Tunisie et la Turquie comptent parmi les 23 autres pays qui détiennent ensemble au moins 63 journalistes. RSF affirme que la plupart des journalistes emprisonnés en Syrie et en Turquie ont été torturés. Quatre journalistes ont été assassinés en Colombie en 1998, plus que dans n’importe quel autre pays. Des journalistes ont été assassinés cette année en Algérie, au Mexique, en Turquie, en Russie, en Inde et au Cambodge. De plus, l’État exerce le monopole sur les nouvelles télévisées dans 75 des 190 pays membres des Nations Unies, et 45 gouvernements contrôlent l’accès à l’Internet. Enfin, fait observer RSF, un grand nombre de pays ont des lois qui criminalisent la « publication de fausses informations » ou les « insultes au chef de l’État ». Il n’y a donc plus beaucoup de motifs de se réjouir de l’anniversaire de l’Article 19 et des autres dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies, estime RSF, qui conclut en disant que la Déclaration « n’est vraiment respectée que dans une trentaine de démocraties qui regroupent une population totale de moins d’un milliard de personnes. La Déclaration est par ailleurs entièrement mise de côté par les régimes autoritaires d’une trentaine d’autres pays, dont la population totale est d’environ deux milliards de personnes. »
L’AJI exige la liberté d’expression en Indonésie
En Indonésie, l' »Aliansi Jurnalis Independen » [Alliance des journalistes indépendants (AJI)] a commémoré le 10 décembre en exprimant le regret que, sous l’actuel gouvernement de transition de B.J. Habibie, « la liberté de la presse, qui était en train d’éclore, semble maintenant menacée ». Des mesures positives ont été adoptées, notamment la réforme du système d’attribution de permis aux médias, l’octroi aux journalistes de la liberté de constituer des organisations professionnelles indépendantes et l’octroi aux médias d' »une plus grande liberté de reportage sur la plupart des questions ». Les menaces récentes à la liberté d’expression comprennent cependant des pressions exercées sur de nombreux médias pour qu’ils s’abstiennent de publier des reportages sur l' »implication de personnages importants du gouvernement dans diverses intrigues politiques », comme la censure d’une émission d’entrevues à la station de télévision Indosiar en juillet dernier. Plusieurs revues ont été censurées ou doivent se défendre contre des poursuites judiciaires intentées contre elles par de hauts fonctionnaires du gouvernement. En outre, on craint la concentration accrue de la propriété des médias entre les mains de Habibie, qui a acheté le tabloïd « Adil » et qui tente de prendre le contrôle de la station de télévision SCTV et de la revue « Ummat ». Pour interdire les manifestations, le gouvernement a également proclamé des décrets, notamment la Loi no 9 de 1998, qui, selon l’AJI, « s’est révélée être un outil servant à interdire et à combattre la liberté d’expression, et non à la réglementer. » L’AJI fait remarquer que, « dernièrement, des dizaines d’étudiants ont été arrêtés pour avoir exercé leur droit de tenir des manifestations pacifiques. » L’AJI demande à Habibie de respecter la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies, en particulier l’Article 19, et de cesser de faire des pressions sur les médias.
Aucune raison de fêter au Vietnam
Selon l’Alliance vietnamienne libre (AVL), il n’y a aucune raison au Vietnam de se réjouir de l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits, parce qu' »au Vietnam, on continue à violer ces droits, quotidiennement et de manière flagrante ». Les membres du Parlement européen qui ont participé à la Journée internationale des droits de la personne au Vietnam, le 4 décembre, ont remarqué que l’on n’avait pas vérifié si les 8 000 prisonniers avaient effectivement été libérés récemment, comme le prétendent les autorités. Selon AVL, « malgré les garanties de liberté de penser, d’expression et de presse, inscrites dans la Constitution de la République socialiste du Vietnam, la réalité est que ces droits fondamentaux sont bafoués et sévèrement limités par le gouvernement lui-même. […] Tous les médias de communication et d’information, par exemple, sont contrôlés par le parti communiste vietnamien et tenus de servir ses intérêts. La presse indépendante est interdite, et toutes les formes de publications doivent obtenir l’autorisation de l’État ». Les participants ont lancé un appel à un soutien international pour faire pression sur le gouvernement vietnamien afin qu’il « mette fin à son monopole sur les médias, et respecte la liberté de la presse et d’expression au Vietnam. »
Appel à la liberté pour les scientifiques chinois qui utilisent l’Internet
Une coalition de treize organisations scientifiques et de défense de la liberté d’expression, dont le groupe Cyber-Rights & Cyber-Liberties (du Royaume-Uni), a lancé le 10 décembre une campagne de messages par courrier électronique au nom de deux scientifiques chinois emprisonnés sous des accusations d’avoir « utilisé l’Internet pour faire la promotion de la démocratie ». Lin Hai et Wang Youcai ont en effet été arrêtés et sont accusés d’avoir « incité au renversement du pouvoir d’État ». Lin, qui est ingénieur en logiciels de Shanghai, a été arrêté en mars après avoir donné 30 000 adresses électroniques de Chinois à une revue américaine spécialisée dans l’Internet, « VIP Reference ». Cette revue diffuse à plus de 250 000 adresses électroniques en Chine des reportages sur les activités des dissidents chinois, les droits de la personne et d’autres sujets connexes. Pour sa part, Wang est physicien; il a dirigé les manifestations pro-démocratie de la place Tiananmen en 1989 et il est cofondateur d’un groupe d’opposition, le Parti démocrate de Chine. Il a été arrêté en novembre après avoir transmis par courrier électronique des documents à des dissidents d’outre-mer. « L’Internet s’avère déjà un outil extrêmement puissant entre les mains des dissidents de Chine et du monde entier », déclare Barry Steinhardt, directeur général de la « Electronic Frontier Foundation ». « Le gouvernement chinois est conscient de la menace qu’il pose à sa dictature et a adopté les règlements les plus répressifs du monde en ce qui concerne l’utilisation de l’Internet. » Pour lire l’alerte qui exige la libération de Lin et de Wang, consulter le site http://www.cyber-rights.org/linhai.htm.