Tandis qu’entrent au compte-gouttes les résultats des élections présidentielles et parlementaires au Zimbabwe, l’Institut des médias d’Afrique australe (Media Institute of Southern Africa, MISA), Human Rights Watch et d’autres membres de l’IFEX affirment que l’environnement dans lequel baignent les médias et la libre expression a rendu impossible la tenue d’une élection libre et équitable. « […]
Tandis qu’entrent au compte-gouttes les résultats des élections présidentielles et parlementaires au Zimbabwe, l’Institut des médias d’Afrique australe (Media Institute of Southern Africa, MISA), Human Rights Watch et d’autres membres de l’IFEX affirment que l’environnement dans lequel baignent les médias et la libre expression a rendu impossible la tenue d’une élection libre et équitable.
« On empêche les voix critiques et diverses de s’exprimer et de se faire entendre », dit le MISA. « La position du MISA est que tout processus électoral qui se caractérise par une couverture biaisée et dénuée d’éthique, par l’intimidation et les bâillons judiciaires imposés aux médias, ne peut être qualifié de libre et équitable, peu importe que le scrutin lui-même puisse sembler libre et équitable. »
Selon le MISA, Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), le gouvernement zimbabwéen se sert des lois sur l’accréditation des journalistes pour empêcher plusieurs groupes de médias importants, comme la BBC, CNN et E-TV d’Afrique du Sud, de couvrir les élections générales du 29 mars, en dépit de la ratification de pactes régionaux et internationaux garantissant une presse libre.
Quelques jours à peine avant la tenue du scrutin, à l’occasion duquel le président Robert Mugabe tente d’être réélu après 28 ans de pouvoir, un porte-parole de la présidence a annoncé que le gouvernement se souciait des « tentatives en vue de transformer les journalistes en observateurs ou pour faire entrer clandestinement des observateurs indésirables et du personnel de sécurité en provenance de pays hostiles, sous le couvert des médias ».
On a en outre interdit à des journalistes zimbabwéens de couvrir les élections en vertu des lois très sévères du Zimbabwe sur l’accréditation. Parmi ceux-ci, on compte le journaliste pigiste Hopewell Chin’ono, lauréat de cette année de la Bourse Desmond-Tutu du Leadership.
Le CPJ rapporte que la Commission électorale du Zimbabwe avait prévu de poster des policiers à 100 mètres des bureaux de scrutin pendant la tenue du vote, pour empêcher l’accès à tous les journalistes non accrédités.
De plus, la couverture dans les médias d’État a été fortement teintée d’un parti pris en faveur du parti au pouvoir. Human Rights Watch a documenté la façon dont il a été presque impossible pour les candidats d’opposition d’avoir accès aux stations de radio et de télévision du Zimbabwe contrôlées par l’État. Pendant tout le mois de février, par exemple, la télévision d’État a consacré cinq fois plus de couverture à Mugabe et à son parti, le ZANU-PF, qu’à tous les autres partis d’opposition combinés.
Des messages haineux adressés à l’opposition se sont intensifiés et, dans certains cas, ont donné lieu à de la violence contre les partisans de l’opposition, indique le MISA. Des déclarations émanant des forces de sécurité et menaçant les citoyens et l’opposition ont été amplifiés par les médias d’État afin de susciter la peur chez les Zimbabwéens ordinaires.
« Le scrutin du 29 mars a, encore une fois, été entaché par des mesures autoritaires et des irrégularités », dit RSF. « Les observateurs internationaux acceptés par le gouvernement ne pourront pas prétendre que les élections se sont déroulées dans de bonnes conditions. Il est clair que la liberté de la presse, à tout le moins, n’a pas été garantie, ce qui constitue une déficience grave pour des élections censées être démocratiques. »
Le mécontentement vis-à-vis du règne de Mugabe s’accroît dans le pays. L’inflation est la plus élevée du monde, à plus de 100 000 pour 100, et les gens souffrent de graves pénuries de nourriture, d’eau, d’électricité, de carburant et de médicaments.
À l’heure de la rédaction du présent « Communiqué », les observateurs indépendants affirment que la tendance va dans le sens de la victoire du dirigeant de l’opposition, Morgan Tsvangirai, qui aurait recueilli le plus grand nombre de voix dans l’élection présidentielle, mais pas assez pour éviter un second tour. Le retard mis à annoncer les résultats officiels renforce les soupçons de fraude électorale.
Consulter les sites suivants :
– CPJ : http://tinyurl.com/2xjqks
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/37axet
– Human Rights Watch, « All Over Again: Human Rights Abuses and Flawed Electoral Conditions in Zimbabwe’s Coming General Elections » (Ça recommence : Violations des droits de la personne et conditions électorales déficientes à l’approche des élections générales au Zimbabwe) : http://hrw.org/reports/2008/zimbabwe0308/
– MISA : http://tinyurl.com/28ep68
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=26333
– Page de l’IFEX sur le Zimbabwe : http://tinyurl.com/28mvww
(1 avril 2008)