Même si l’Argentine jouit, dans l’ensemble, d’une presse libre, les groupes de défense de la liberté de la presse s’inquiètent du nombre croissant de cas de menaces et d’attaques contre les journalistes en province, et aussi de l’influence de ce qu’on appelle la « censure molle » des médias. Reporters sans frontières (RSF) a cité […]
Même si l’Argentine jouit, dans l’ensemble, d’une presse libre, les groupes de défense de la liberté de la presse s’inquiètent du nombre croissant de cas de menaces et d’attaques contre les journalistes en province, et aussi de l’influence de ce qu’on appelle la « censure molle » des médias.
Reporters sans frontières (RSF) a cité trois cas depuis le début de l’année où des politiciens locaux ont ciblé des journalistes qui se montraient critiques à l’égard des responsables du gouvernement.
Le dernier incident visait le reporter Angel Ruiz, de l’hebdomadaire « El Este Rionegrino », de la province de Rio Negro, qui a reçu des appels téléphoniques menaçant de fermer la publication après que Ruiz eut mis au jour un réseau de trafiquants de fossiles et critiqué deux hauts fonctionnaires provinciaux. Ruiz fait l’objet d’une poursuite en diffamation et risque trois ans de prison s’il est reconnu coupable.
Il y a d’autres cas. Le 18 février 2006, Juan Cruz Sanz et Juan Obregón, du quotidien « Perfil » dans la province de Santa Cruz, ont été passés à tabac par trois hommes qui ont été vus quittant la résidence du Président Néstor Kirchner, dans la ville de Rio Gallegos.
Le 18 janvier, un haut dignitaire du Parti Justicialista (péroniste) de la province de Buenos Aires a agressé brutalement Alberto Callejas, rédacteur en chef du journal local « El Nuevo Cambio ».
Selon RSF, les journalistes et les médias des 23 provinces d’Argentine sont souvent à la merci des responsables locaux, qui exercent des pouvoirs étendus pour faire taire ceux qui couvrent leurs politiques d’un ?il critique.
En plus des menaces et des agressions physiques pour intimider les journalistes, les dignitaires utilisent aussi la publicité gouvernementale, la « censure molle », pour influencer indirectement la couverture des médias.
Une étude récente de l’Association pour les droits civils (Asociación por los Derechos Civiles, ADC) et de l’Initiative Justice de l’Open Society, intitulée « Acheter les nouvelles », s’est penchée sur la situation dans les provinces de Córdoba, Neuquén, Río Negro et Tierra del Fuego.
Elle a constaté « une culture enracinée d’abus généralisés par des responsables des gouvernements provinciaux, qui manipulent la distribution de la publicité à des fins politiques et personnelles ».
Elle a en outre indiqué que de telles décisions sont particulièrement « insidieuses » en province, où la publicité officielle est essentielle à la survie de nombreux médias. À Tierra del Fuego, les médias tirent 75 pour 100 de leurs recettes publicitaires des agences gouvernementales.
Un sondage national réalisé auprès des reporters et publié en novembre 2005 par le Forum du journalisme argentin (Foro de Periodismo Argentino, FOPEA), a révélé que 53 pour 100 cent d’entre eux indiquaient que la dépendance des médias à l’égard de la publicité d’État représentait le problème le plus urgent auquel était confrontée la profession. Les résultats se basaient sur des données fournies par 282 personnes qui ont répondu à un questionnaire distribué dans tout le pays.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=16563
– Rapport de RSF sur l’Argentine : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13241
– Acheter les nouvelles : http://www.justiceinitiative.org/db/resource2?res_id=103046
– ADC : http://www.adc.org.ar
– FOPEA : http://www.fopea.org
– Rapport de la SIP sur l’Argentine : http://ifex.org/en/content/view/full/65098/
– Rapport du CPJ sur l’Argentine : http://www.cpj.org/attacks05/americas05/argentina_05.html