A l'approche de l'élection présidentielle fixée au 28 février 2010, RSF s'inquiète des conditions dans lesquelles les médias, nationaux et étrangers, vont pouvoir travailler.
(RSF/IFEX) – 23 décembre 2009 – Plusieurs journalistes français peinent actuellement à obtenir un visa pour le Togo, a appris Reporters sans frontières de sources concordantes. A l’approche de l’élection présidentielle fixée au 28 février 2010, et alors que plusieurs candidats sont déjà en précampagne, l’organisation s’inquiète des conditions dans lesquelles les médias, nationaux et étrangers, vont pouvoir travailler.
« L’élection présidentielle prévue dans deux mois sera un moment fort de la vie politique togolaise. La presse doit pouvoir couvrir en toute liberté et transparence ce scrutin, ainsi que la campagne qui le précède. Nous appelons les autorités à consentir à délivrer un visa professionnel aux journalistes étrangers qui en font la demande, et à garantir l’accès aux médias publics et une égalité de traitement dans ces derniers à l’ensemble des candidats », a déclaré Reporters sans frontières.
« Au consulat du Togo à Paris, l’hôtesse d’accueil téléphonique en charge de réceptionner les demandes de visa ne fait pas dans la dentelle. ‘Vous n’avez qu’à vous débrouiller avec le site Internet’, explique-t-elle. C’est un fait : pour entrer au Togo aujourd’hui, la mention ‘journaliste français’, sur la demande d’inscription, est rédhibitoire. On ne vous dit pas ‘non’, on laisse courir », affirme de manière anonyme un journaliste breton qui souhaitait se rendre au Togo pour couvrir la campagne du Franco-Togolais Kofi Yamgnane, ancien député du Finistère et candidat à l’élection présidentielle. Le journaliste a déposé une demande de visa fin novembre et n’a toujours pas obtenu de réponse. Interrogé par Reporters sans frontières, il a confié avoir dû renoncer à son voyage. D’autres journalistes de quotidiens français et d’agences de presse sont dans la même situation.
Les nombreuses tentatives de l’organisation pour obtenir des explications de la part de l’ambassade du Togo à Paris sont restées vaines. Même silence du côté du ministère de la Culture et de la Communication, chargé de la délivrance des accréditations à la presse étrangère.
« Le pouvoir togolais n’ouvre pas facilement le micro à ses opposants, mais la situation s’est tout de même améliorée. Nous sommes pour l’instant à l’abri des intimidations, ce qui me semble très positif. Mais il est vrai que les journalistes étrangers devraient pouvoir venir librement au Togo. Quelle nuisance créent-ils? Cela n’a pas de sens », a confié pour sa part un journaliste togolais à Reporters sans frontières.
« La presse étrangère n’est pas la bienvenue au Togo. Le ministère de la Culture et de la Communication refuse de délivrer aux représentants de médias internationaux les documents nécessaires à l’obtention du précieux sésame », affirme Kofi Yamgnane.
Ce mois-ci, le Togo a expulsé le premier secrétaire de l’ambassade de France à Lomé, Eric Bosc, officiellement pour « activités incompatibles avec son statut de diplomate ». Les autorités lui reprochent un contact trop suivi avec Kofi Yamgnane. Par mesure de réciprocité, la France a exigé qu’un diplomate togolais quitte son poste à Paris.