Reporters sans frontières soutient une requête officielle déposée par trois journalistes freelance japonais. Ils voulaient accéder un bâtiment officiel de la presse à fin de couvrir des manifestations anti-nucléaires.
(RSF/IFEX) – Le 6 novembre 2012 – Reporters sans frontières soutient la requête officielle déposée le 31 octobre 2012, par trois journalistes freelance, Yu Terasawa, Michiyoshi Hatakeyama et Yuichi Sato, auprès de la Cour régionale de Tokyo, afin à accéder au bâtiment du Kisha Club de la diète (Diet Kisha Club) et être ainsi en mesure de couvrir des manifestations anti-nucléaires.
Depuis le mois de juin, les trois journalistes freelance ont été systématiquement empêchés d’accéder au Kisha club (club de la presse officiel) de la diète, notamment par son directeur Toshiyuki Saga. Des manifestations anti-nucléaires se déroulent tous les vendredis, depuis plusieurs mois, devant la résidence du premier ministre japonais. Le Club de presse, situé en face de la résidence, permet une couverture idéale de l’évènement.
« Cette obstruction dont les journalistes freelance font l’objet est arbitraire et illégale au regard du droit japonais et des principes fondamentaux de la liberté de la presse et du droit d’informer », a déclaré Reporters sans frontières.
« La Cour régionale de Tokyo ne saurait légitimer de tels blocages dans l’accès à l’information, d’autant plus qu’ils émanent de journalistes. Les journalistes freelance jouent un rôle essentiel dans la garantie du pluralisme de l’information, nécessaire à la démocratie. Non contents de jouir des privilèges inégalitaires qu’offre le système des Kisha clubs, les journalistes de ces clubs se fourvoient totalement en méprisant de la sorte toute une partie de la communauté des professionnels des médias », a ajouté l’organisation.
Les trois journalistes appartiennent au groupe de liaison des freelance, créée en octobre 2011 afin de défendre les droits des freelance à participer aux conférences de presse conjointement organisées par le gouvernement et la compagnie d’électricité TEPCO. Ils ont tenté de filmer les manifestations contre la reprise du nucléaire qui ont régulièrement lieu devant la résidence du Premier ministre.
Les journalistes ont déposé, à trois reprises, le 17 juillet, le 16 août et le 10 octobre 2012, des lettres adressées à Toshiyuki Saga, ancien de journaliste Kyodo News, une autorisation d’accès au club de presse. Ces lettres sont toutes restées sans réponses.
Dans une vidéo publiée sur Youtube le 13 octobre 2012, et filmé la veille, Toshiyuki Saga affirme son hostilité envers les journalistes freelance venus couvrir les manifestations :
Le 2 novembre dernier, Toshiyuki Saga a refusé d’être interviewé à ce sujet par le correspondant de Reporters sans frontières.
Les journalistes freelance sont régulièrement discriminés au Japon, les autorités japonaises prétextant de motifs contradictoires pour justifier de leur mise à l’écart : manque d’espace, problème de temps, coût financier… Une constante : les interdictions touchent davantage les journalistes freelance que les journalistes appartenant à des groupes de médias.
La question du nucléaire reste un sujet extrêmement sensible dans le pays : le journaliste freelance Minoru Tanaka subit un harcèlement judiciaire permanent, depuis mai 2012, accusé de diffamation suite à ses enquêtes sur la gestion de l’incident nucléaire à la centrale de Fukushima-Daiichi.
Reporters sans frontières dénonce depuis des années la censure effectuée par les Kisha clubs et le problème qu’ils représentent pour la liberté de la presse.