Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) rapportent que, dans le sillage du scandale de la prison d’Abu Ghraib, on apprend que des journalistes irakiens sont au nombre des personnes agressées et torturées par des soldats américains. L’agence de nouvelles Reuters révélait le […]
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) rapportent que, dans le sillage du scandale de la prison d’Abu Ghraib, on apprend que des journalistes irakiens sont au nombre des personnes agressées et torturées par des soldats américains.
L’agence de nouvelles Reuters révélait le 18 mai de 2004 que trois de ses employés ? le caméraman Salem Ureibi, le journaliste Ahmad Mohammad Hussein al-Badrani et leur chauffeur, Sattar Jabar al-Badrani ? ont été agressés et torturés pendant qu’ils étaient détenus par des soldats américains. Ils ont été arrêtés le 2 janvier tandis qu’ils couvraient un accident d’hélicoptère américain près de Fallouja. Ils auraient été détenus à la Base d’opérations avancées de Volturno, puis relâchés trois jours plus tard.
Selon Reuters, les trois hommes ont été contraints de subir des gestes humiliants, privés de sommeil et passés à tabac, rapporte le CPJ. Des soldats américains les ont également menacés de les envoyer au centre de détention de Guantanamo, à Cuba, leur ont mis un sac sur la tête et les ont forcés de demeurer dans des positions douloureuses pendant de longues périodes.
Un autre journaliste, le caméraman de la NBC Ali Mohammed Hussein al-Badrani, a été détenu au même endroit, fait remarquer le CPJ. Il a reçu des coups de pied et on lui mis de force un sac sur la tête, mais il n’a pas été agressé sexuellement.
Reuters dit n’avoir pris la décision de rendre l’incident public qu’après que les autorités militaires eurent affirmé qu’il n’y avait aucune preuve de ces mauvais traitements et après que les médias eurent rapporté l’affaire de la prison d’Abu Ghraib. Dans un résumé de son enquête sur l’incident qu’elle a transmis à Reuters le 28 janvier, l’armée déclare avoir interrogé les soldats responsables et affirme que personne n’a « admis ou rapporté avoir connaissance d’abus physique ou d’actes de torture », fait remarquer RSF. Les trois employés de Reuters n’ont jamais été interviewés.
Quelques semaines plus tard, Reuters a reçu une lettre du Lieutenant-général Ricardo Sanchez, commandant en chef des forces armées américaines en Irak, déclarant que l’enquête avait été « exhaustive et objective ».
Le CPJ, RSF et la FIJ exigent la tenue d’une nouvelle enquête sur cet incident, et que l’on châtie les responsables.
RSF demande aussi une enquête sur les allégations de torture du caméraman Hassan Saleh, d’Al-Jazirah, détenu en novembre 2003 à la prison d’Abu Ghraib. L’hebdomadaire américain « The Nation » rapportait que Saleh a été dévêtu et « forcé de se tenir debout, une cagoule sur la tête, nu et attaché, pendant onze heures ». Il a été relâché en décembre après qu’un tribunal du Conseil de gouvernement irakien n’eut trouvé aucun élément contre lui.
Par ailleurs, le bilan des morts parmi les journalistes et les employés des médias en Irak continue de s’alourdir. Le 20 mai, un technicien d’Al-Jazirah, Hamid Rashid Wali, a été abattu à Kerbala pendant qu’il couvrait des affrontements entre des soldats américains et des insurgés irakiens, selon ce que rapportent RSF, le CPJ et la FIJ.
Wali a été atteint à la tête et est mort instantanément, rapporte RSF. Ses collègues d’Al-Jazirah, un journaliste et un caméraman, s’en sont tirés indemnes. Selon le CPJ, on ne sait pas qui a tiré. Le groupe poursuit son enquête.
Depuis janvier 2004, les Irakiens ont dû essuyer le plus gros des attaques contre les journalistes et les employés des médias dans le pays. Dix-huit des vingt journalistes et employés des médias tués jusqu’à maintenant cette année sont irakiens, d’après le rapport du CPJ sur l’Irak, publié récemment. Par contre, près de la totalité des 13 journalistes tués en Irak en 2003 étaient des correspondants étrangers.
Tandis que les journalistes étrangers trouvent de plus en plus dangereux de couvrir la situation en Irak, on dépêche sur le terrain plus de personnel des médias locaux pour rapporter les nouvelles de dernière heure. « Les journalistes occidentaux ne sont pas les bienvenus à l’heure actuelle en Irak, surtout dans les zones où il y a de la résistance. Les [insurgés] soupçonnent que ces journalistes étrangers puissent être des espions », a déclaré un journaliste irakien au CPJ.
Compte tenu de la situation, la fourniture d’un soutien sécuritaire élémentaire, par exemple des gilets pare-balles et des voitures blindées, constituerait une mesure qui contribuerait à la protection des personnes qui couvrent l’actualité au front, dit le CPJ.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=10410
– Rapport du CPJ sur l’Irak : http://www.cpj.org/Briefings/2004/iraq_journ_5_04/iraq_journ_5_04.html
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?index=2509&Language=EN
– Index on Censorship, sur la reconstruction des médias en Irak :
http://www.indexonline.org/news/20040503_iraq.shtml
– Précisions sur les mauvais traitements infligés aux journalistes de Reuters :
http://www.editorandpublisher.com/eandp/news/article_display.jsp?vnu_content_id=1000513625