Tandis que des centaines de milliers d’Ukrainiens continuent de manifester à Kiev pour exprimer leur appui au chef de l’opposition Viktor Iouchtchenko, un nombre croissant de journalistes se mettent à critiquer la censure et l’intimidation qui a marqué la couverture des élections présidentielles dans les médias, selon ce que rapportent la Fédération internationale des journalistes […]
Tandis que des centaines de milliers d’Ukrainiens continuent de manifester à Kiev pour exprimer leur appui au chef de l’opposition Viktor Iouchtchenko, un nombre croissant de journalistes se mettent à critiquer la censure et l’intimidation qui a marqué la couverture des élections présidentielles dans les médias, selon ce que rapportent la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Le groupe local affilié à la FIJ, le Syndicat national des journalistes d’Ukraine, a adressé un reproche cinglant aux médias appartenant à l’État, qu’il accuse d’avoir exercé des pressions sur les journalistes pour qu’ils « mentent et déforment la vérité » pendant les élections. Le syndicat a appelé tous les journalistes du pays à préserver les normes professionnelles dans le sillage de la crise électorale.
RSF rapporte que plus de 200 journalistes du radiodiffuseur « UT-1 », propriété d’État, ont déclenché la grève pour protester contre « la couverture tendancieuse qui prive les citoyens ukrainiens de nouvelles importantes ». Le personnel des radiodiffuseurs privés, « 1+1 » et « Inter », a également pris position contre les soi-disant « temnyks » ? notes émises par le bureau de la présidence ? qui disent aux rédacteurs quoi rapporter. « UT1 », « Inter » et « 1+1 », sont contrôlés par Viktor Medvedtchouk, le chef de cabinet du président, partisan de l’adversaire de Iouchtchenko, Viktor Ianoukovitch.
Les protestations portent fruit. Le 25 novembre 2004, les administrateurs de « 1+1 » et « Inter » ont conclu une entente avec leurs employés, en vertu de laquelle les deux camps politiques auraient un temps d’antenne égal. Depuis, les radiodiffuseurs ont diffusé des séquences des manifestations de masse en faveur de Iouchtchenko, qui se sont déroulées à Kiev.
Selon RSF, les journalistes qui ont couvert l’élection ont subi d’intenses pressions de la part des autorités et des médias favorables au gouvernement. « La censure, l’agression physique, le congédiement abusif et l’interdiction d’accès aux nouvelles figurent parmi les méthodes employées pour empêcher la couverture appropriée de l’élection », dit le groupe.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a exprimé la même préoccupation devant ces attaques. Le Représentant, pour la liberté des médias, du groupe régional de surveillance de la sécurité, Miklos Haraszti, presse les autorités ukrainiennes de « cesser de harceler les médias, d’accorder une protection convenable et de permettre aux citoyens d’accéder à tous les discours, y compris ceux qui pourraient ne pas coïncider avec les vues de la majorité de la population dans la région ».
La plupart des observateurs internationaux, dont l’OSCE et le Conseil de l’Europe, ont dit que l’élection avait été entachée d’irrégularités, et qu’elle ne répondait pas aux normes internationales.
Aller à :
– Dossier de RSF sur les attaques contre les journalistes : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=11942
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=2833&Language=EN
– Freedom House : http://www.freedomhouse.org/media/pressrel/112204.htm
– Analyse de la BBC : http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/europe/4056025.stm
– OSCE : http://www.osce.org/news/show_news.php?id=4562