Deux journalistes marocains, accusés d’avoir publié des documents secrets du gouvernement qui faisaient état de menaces terroristes contre le Maroc, ont été condamnés la semaine dernière à des peines d’incarcération, rapportent des membres de l’IFEX. Mostapha Hormatallah, journaliste à l’hebdomadaire en langue arabe « Al Watan al An », a été condamné le 15 août […]
Deux journalistes marocains, accusés d’avoir publié des documents secrets du gouvernement qui faisaient état de menaces terroristes contre le Maroc, ont été condamnés la semaine dernière à des peines d’incarcération, rapportent des membres de l’IFEX.
Mostapha Hormatallah, journaliste à l’hebdomadaire en langue arabe « Al Watan al An », a été condamné le 15 août à huit mois de prison, tandis que le rédacteur Abderrahim Ariri a reçu une peine de six mois de prison avec sursis pour avoir manipulé « des documents obtenus par des voies criminelles ». Le tribunal de Casablanca les a en outre condamnés à verser chacun une amende de 1 000 dirhams (120 $ US).
Les poursuites contre Ariri et Hormatallah découlent d’un article paru le 14 juillet qui reproduisait une note confidentielle d’une agence de renseignement dans laquelle on traitait de la surveillance des sites web jihadistes et on demandait à tous les services de sécurité de faire preuve de vigilance.
Ariri et Hormatallah ont été arrêtés le 17 juillet, et tandis que Ariri était relâché une semaine plus tard, Hormatallah est demeuré en prison et purge maintenant officiellement sa peine de huit mois de prison.
« Nous étions venus pour entendre un verdict d’acquittement, mais nous avons plutôt un verdict inique », a déclaré Ariri à la presse après le procès.
La peine de prison est qualifiée d’« inacceptable » par Younes Moujahid, secrétaire général du Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM). « Elle constitue une menace pour tous les journalistes, dont le travail consiste à publier reportages et documents », dit-il.
Le verdict arrive au moment où les journalistes marocains subissent le harcèlement accru des autorités. Dans une autre affaire, Ahmed Benchemsi, éditeur de l’hebdomadaire en langue arabe « Nichane » et de son jumeau en langue française, l’hebdomadaire « TelQuel », comparaîtra le 24 août, accusé d’irrespect à l’égard du roi Mohammed VI. Il risque une peine de trois à cinq ans de prison et une amende qui pourrait atteindre 100 000 dirhams (11 000 $ US) pour des articles qui critiquaient le roi et sa proposition de tenir des élections législatives le 7 septembre. Les deux publications ont été saisies dans les kiosques à journaux et ailleurs dans le pays.
Benchemsi s’est vu décerner le prix Samir-Kassir en juin.
Dans un dossier spécial publié le mois dernier, le CPJ fait remarquer que la liberté de la presse au Maroc régresse de façon notable depuis quelques années. Les journalistes indépendants sont la cible d’une série de poursuites judiciaires politisées, de pressions financières et de harcèlement de la part des autorités.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=23288
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=5214&Language=EN
– CPJ : http://tinyurl.com/2kgrrq
– Rapport spécial du CPJ, « The Moroccan Façade » (La Façade marocaine) : http://tinyurl.com/3dfvea
– « Communiqué de l’IFEX », sur les prix Samir-Kassir :
http://ifex.org/en/content/view/full/83899
– SNPM : http://www.snpm.ma/def.asp?codelangue=24&po=2
– Sapa-AFP : http://tinyurl.com/yoml3f
– Blogue sur la censure au Maroc : http://tinyurl.com/29hdvu
(21 août 2007)