Des journalistes ont été attaqués en couvrant des raids contre le camp des manifestants au parc Gezi, faisant usage de véhicules blindés, de canons à eau et de grandes quantités de gaz lacrymogène.
Reporters sans frontières condamne fermement la violence dont sont victimes les journalistes qui couvrent le mouvement de protestation » Occupy Gezi Park » à Istanbul, depuis quelques jours. Les professionnels des médias subissent à la fois la violence indiscriminée avec laquelle les forces de l’ordre dispersent les manifestants, et des attaques ciblées.
» Les excès de violence répétés auxquels se livre la police d’Istanbul sont intolérables et doivent impérativement faire l’objet d’un rappel à l’ordre. Des enquêtes complètes et impartiales doivent être diligentées pour identifier et sanctionner les policiers qui s’en prennent délibérément aux journalistes. La police est tenue de faire respecter l’ordre public, mais aussi de protéger les professionnels des médias dans l’exercice de leurs fonctions « , a rappelé l’organisation.
Dans la matinée du 31 mai 2013, alors qu’il photographiait les affrontements non loin de députés du parti d’opposition CHP, le célèbre journaliste indépendant Ahmet Sik a été atteint à la tête par une grenade lacrymogène. Les observateurs présents sur place assurent que le projectile, lancé à une dizaine de mètres de distance, visait délibérément le journaliste. Blessé à l’arrière du crâne et au côté droit du visage, Ahmet Sik a été hospitalisé. Selon le représentant de Reporters sans frontières en Turquie, Erol Önderoglu, il est conscient, mais les médecins préfèrent le garder en observation et effectuer des analyses complémentaires.
De nombreux autres journalistes ont été affectés par l’usage massif et disproportionné de la force par les forces de l’ordre. Hüseyin Özdemir, photoreporter du quotidien Milliyet, a fait état de troubles respiratoires, les environs de parc Gezi étant constamment plongés dans un épais nuage de gaz lacrymogène. Emrah Gürel, photographe du quotidien Hürriyet, a été blessé à la jambe dans des circonstances encore floues.
La destruction du parc Gezi dans le cadre du chantier de piétonisation de la place Taksim, dans le centre d’Istanbul, a été annoncée fin avril. Les opposants au projet occupent les lieux depuis le 26 mai, conduisant à l’interruption des travaux. Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises depuis lors pour les disperser, à chaque fois plus brutalement. Le 30 et le 31 mai, à l’aube, elles ont lancé des raids contre le camp des manifestants, faisant usage de véhicules blindés, de canons à eau et de grandes quantités de gaz lacrymogène. Des tentes ont été brûlées et selon certains témoignages, des manifestants ont été poursuivis alors qu’ils fuyaient les lieux par les rues avoisinantes.
La police d’Istanbul s’est déjà rendue responsable de plusieurs incidents similaires ce mois-ci.
Voir le photoreportage de Hürriyet Daily News.
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