âLes salaires sont maigres, ils travaillent de longues heures, mais ils persévèrent. Ils ont peu de publicité. Ils écrivent des reportages sur de grosses affaires nationales. Ils critiquent le gouvernement. Ils luttent.â Câest ainsi que Roger Holmes décrit les efforts héroïques dâun groupe de reporters de la Sierra Leone, qui sâefforcent de rebâtir le paysage […]
âLes salaires sont maigres, ils travaillent de longues heures, mais ils persévèrent. Ils ont peu de publicité. Ils écrivent des reportages sur de grosses affaires nationales. Ils critiquent le gouvernement. Ils luttent.â Câest ainsi que Roger Holmes décrit les efforts héroïques dâun groupe de reporters de la Sierra Leone, qui sâefforcent de rebâtir le paysage médiatique après les ravages dâune longue guerre civile qui a laissé les secteurs des journaux et de la radio en ruines. Holmes et son collègue en formation journalistique Dale Ratcliffe participent depuis janvier dernier à un projet des Journalistes canadiens pour la liberté dâexpression (CJFE) en vue dâaider les travailleurs des journaux de la Sierra Leone à se rétablir et à renforcer les capacités des entreprises de presse du pays. Lors de lâassemblée générale annuelle du CJFE, le 25 septembre, Holmes et Ratcliffe ont fait le point après dix mois dâactivité dâun projet de dix huit mois; et ils ont décrit les succès remportés et les défis à relever.
La Sierra Leone a connu une brutale guerre civile qui a duré de nombreuses années, fait des dizaines de milliers de victimes et anéanti les infrastructures politiques, économiques et sociales. Le projet du CJFE, financé par lâAgence canadienne de développement international (ACDI), cherche à fournir lâinfrastructure nécessaire pour que la presse écrite du pays puisse fonctionner de façon régulière et efficace. Cela comprend lâachat et lâinstallation dâune presse à imprimer, ainsi que la création dâune coopérative locale chargée de lâadministrer. De plus, le projet développe les capacités professionnelles et éthiques des journalistes de la Sierra Leone, tant dans la presse écrite quâà la radio.
Entre-temps, les journalistes du pays continuent à travailler dans des conditions où leur vie est en danger. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et lâAssociation mondiale des journaux (AMJ) rapportent que sept reporters ont été visés la semaine dernière par des menaces de mort anonymes. Le CPJ a obtenu copie dâune lettre intitulée âAvertissement : liste des journalistes à abattreâ qui contenait les noms de Philip Neville du âStandard Timeâ; David Tam Barioh, chef du Centre for Media, Education and Technology; Jonathan Leigh, chef de la rédaction du âIndependent Observerâ; Paul Kamara, rédacteur en chef et fondateur de âFor di Peopleâ; Chernor Ojuku Sesay, de âThe Poolâ; Ritchie Olu Gordon, de âPeepâ; et Pios Foray de âThe Democratâ. La lettre, qui portait la signature âDanger Squadâ, affirmait que âtous doivent mourir avant lâélection; tous ces journalistes sont des ennemis de lâÃtatâ.
Selon le CPJ, on croit que ces journalistes, tous critiques depuis longtemps du gouvernement, auraient été ciblés parce quâils critiquent la décision récente du gouvernement de reporter les élections. Dâabord prévues pour décembre 2001, les élections ont été repoussées à mai 2002. Depuis 1997, quinze journalistes ont été assassinés en Sierra Leone. Treize de ces meurtres ont été attribués au groupe rebelle du Revolutionary United Front (Front uni révolutionnaire, RUF).
Pour de plus amples renseignements, consulter www.cpj.org et www.wan-press.org.