Au moment où Alvaro Uribe se trouve à Bruxelles pour exercer des pressions auprès de responsables de l’Union européenne (UE) afin d’obtenir encore de l’aide, des membres de l’IFEX prennent à partie cette semaine le président de la Colombie pour le dossier de son gouvernement au chapitre des droits de la personne. Ils attirent l’attention […]
Au moment où Alvaro Uribe se trouve à Bruxelles pour exercer des pressions auprès de responsables de l’Union européenne (UE) afin d’obtenir encore de l’aide, des membres de l’IFEX prennent à partie cette semaine le président de la Colombie pour le dossier de son gouvernement au chapitre des droits de la personne. Ils attirent l’attention sur une nouvelle loi antiterroriste qui présente une grave menace à la liberté de la presse, et sur l’impunité qui entoure les meurtres de journalistes en Colombie.
Reporters sans frontières (RSF) a fait parvenir une lettre au responsable de l’Union européenne Javier Solana pour le presser, lorsqu’il rencontrera Uribe à Bruxelles, de lui exprimer sa préoccupation devant une loi antiterroriste adoptée récemment.
Cette loi permet aux forces militaires de procéder à des arrestations et à des perquisitions et d’intercepter les courriels et communications téléphoniques de quiconque est soupçonné d’être relié à des activités terroristes, prévient RSF. Les autorités n’auraient pas besoin d’une ordonnance de la cour pour se livrer à de telles activités. Selon RSF, les journalistes qui couvrent la guérilla armée pourraient être considérés comme suspects et perdre la confidentialité de leurs sources.
Human Rights Watch exprime également sa grande inquiétude devant la loi antiterroriste et presse l’UE de ne pas apporter d’aide supplémentaire à la Colombie tant que le gouvernement n’améliorera pas sa fiche en matière de droits de la personne. Depuis la signature avec l’UE d’une entente d’aide l’an dernier, Uribe a omis de respecter son engagement d’améliorer le comportement du gouvernement en matière de droits, dit le groupe.
Certains éléments de l’armée colombienne n’ont pas encore coupé les liens avec les paramilitaires du pays, très redoutés, responsables de 600 meurtres depuis le prétendu cessez-le-feu de décembre 2002, fait remarquer Human Rights Watch. Par ailleurs, Uribe propose un loi qui accorderait l’immunité aux groupes paramilitaires en échange d’argent comptant.
Ces inquiétudes se font jour tandis que circulent la nouvelle de la mort de deux journalistes et de la torture d’un troisième au cours des deux dernières semaines.
La Fondation pour la liberté de la presse (Fundación para libertad de la prensa, FLIP) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) rapportent que des paramilitaires armés des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) ont enlevé Inés Peña le 28 janvier à Barrancabermeja, dans le nord-est de la Colombie. Elle a été contrainte de monter à bord d’une voiture, torturée et avertie d’abandonner son travail de journaliste.
Peña, qui est âgée de 22 ans, anime « La Mohana », une émission de télévision diffusée par la station privée locale Canal Enlace 10. À cette émission, elle avait critiqué les paramilitaires présents dans la région et dénoncé les violations des droits de la personne que commettent divers groupes armés.
Peña est membre également du Réseau régional du procureur public responsable des droits de la personne chez les jeunes et leader de la section jeunesse de l’Organisation populaire des femmes (Organización Femenina Popular).
Le 4 février, Oscar Alberto Polanco Herrera a été abattu au moment où il quittait la station de télévision locale de la ville de Cartago, dans l’ouest du pays. Animateur à l’émission de nouvelles locales « CNC Noticias », diffusée par Cable Union de Occidente, Polanco Herrera était connu pour être particulièrement critique des institutions et des représentants locaux. Selon ses collègues, il n’avait jamais reçu de menaces de mort.
Trois jours plus tard, Martín La Rotta Duarte, propriétaire de la station de radio « La Palma Estéreo » de San Alberto, était poignardé chez lui dans son sommeil, rapporte la FLIP. L’organisation enquête afin de déterminer si le meurtre constitue une mesure de représailles contre son travail journalistique.
Pour les dernières mises à jour sur la libre expression en Colombie, consulter :
http://ifex.org/en/content/view/full/133/
Consulter les sites suivants :
– Les groupes paramilitaires ciblent les journalistes : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=831
– Human Rights Watch, sur les raisons pour lesquelles l’UE devrait suspendre son aide :
http://hrw.org/english/docs/2004/02/10/colomb7328.htm
– CPJ, sur le groupe paramilitaire des AUC :
http://www.cpj.org/Briefings/2001/Colombia_sep01/Colombia_sep01.html
– La question de l’impunité entourant les assassinats de journalistes en Colombie : http://www.impunidad.com/
– FLIP : http://www.flip.org.co/
(Image: EUpolitix.com)