La famille d’un reporter qui avait aidé d’autres collègues journalistes à voir le site d’un conflit récent entre des membres d’une tribu locale et des militants étrangers a été massacrée chez elle, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Le reporter Din Muhammed, du journal en langue ourdoue […]
La famille d’un reporter qui avait aidé d’autres collègues journalistes à voir le site d’un conflit récent entre des membres d’une tribu locale et des militants étrangers a été massacrée chez elle, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).
Le reporter Din Muhammed, du journal en langue ourdoue « Inkishaf » avait accompagné le 25 mars un groupe de journalistes de passage qui s’étaient rendus à Wana, ville principale du Waziristan du Sud, situé le long de la frontière afghane, afin de rencontrer des militants commandant une tribu locale et de visiter des zones prises aux combattants ouzbeks soupçonnés d’avoir des liens avec al-Qaïda.
Les militants ouzbeks ont exercé des représailles en attaquant le 1er avril le domicile de Muhammed et en tuant son frère, son père et un cousin dans un échange de coups de feu. L’oncle de Muhammed a été abattu dans une exécution publique. Trois autres membres de la famille du journaliste ont aussi été enlevés, mais Muhammed ne se trouvait pas parmi eux; on croit qu’il est en sécurité. Le rédacteur en chef de Muhammed, Syed Fayyaz Hussain Bokhari, a déclaré à Reuters qu’il était certain que Muhammed et sa famille ont été attaqués à cause de son travail, surtout à cause de ses articles sur les militants étrangers.
Peu de journalistes de l’extérieur de la zone osent se rendre dans cette région éloignée pour couvrir les derniers affrontements entre les tribus waziris locales et les militants ouzbeks, qui se sont réfugiés dans les zones tribales du Pakistan après que les forces dirigées par les États-Unis eurent expulsé les talibans d’Afghanistan en 2001. Depuis le début mars, des officiels disent que 250 personnes ont perdu la vie dans ces combats.
« On nous a conseillé de ne pas nous rendre à Wana. C’est l’endroit le plus dangereux », a déclaré Mushtaq Yusufzai, reporter au quotidien en langue anglaise « The News » et caméraman pour la chaîne américaine NBC News, qui faisait partie du groupe. « Muhammed nous avait assurés que nous serions en sécurité. Mais nous craignions les conséquences de ce travail. »
Une enquête réalisée en 2007 par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) révèle que la pratique du journalisme au Pakistan est « plus dangereuse que jamais ». Dix-neuf journalistes ont été assassinés au Pakistan depuis 2000 et un seul de ces cas a débouché sur des accusations formelles devant un tribunal.
Consulter les sites suivants :
– Alerte du CPJ : http://tinyurl.com/2jyv4r
– Alerte de RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=21619
– Article de la FIJ : « State of Denial: The Crisis of Press Freedom and Journalist Safety in Pakistan » : http://tinyurl.com/2m527e
– Article « Pakistani reporter safe in hiding », de Reuters : http://tinyurl.com/2eyf9b
– « Pakistan’s tribals », de la BBC : http://tinyurl.com/33hsyw
(10 avril 2007)