Les internautes turcs rencontrent des problèmes d'accès à certains services proposés par Google dont Google Analytics, Google AdWords, Google Docs.
(RSF/IFEX) – Les internautes turcs rencontrent, depuis le 4 juin 2010, des problèmes d’accès à certains services proposés par Google, dont Google Analytics, Google AdWords, Google Docs. La Haute Instance des télécommunications turque (TIB) a annoncé, le 4 juin, avoir demandé aux fournisseurs d’accès à Internet de bloquer l’accès à de nouvelles adresses IP liées à YouTube. YouTube est bloqué en Turquie depuis mai 2008, en raison de vidéos jugées offensantes à l’égard du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, et de la nation turque.
Reporters sans frontières dénonce les répercussions de la censure appliquée à YouTube : « Il est temps que les autorités turques prouvent leur engagement en faveur de la liberté d’expression en mettant un terme à la censure qui touche des milliers de sites en Turquie et en réformant en profondeur la loi 5651 sur Internet qui permet ce blocage de masse. La censure de YouTube en particulier apparaît comme une tentative de contrôle archaïque qui prive les Turcs d’accès aux potentialités du Web 2.0., une tendance accentuée par les problèmes actuels d’accès aux autres services fournis par Google et largement utilisés par les internautes turcs ».
Google s’est exprimé publiquement sur le sujet le 4 juin : « Nous avons été informés du fait que certaines applications Google ne sont pas accessibles en Turquie. Les problèmes d’accès semblent liés au blocage actuel de YouTube. Nous faisons notre possible pour rétablir ces services au plus vite ».
Dans des propos rapportés par plusieurs médias turcs, le président Abdullah Gül a exprimé son opposition à la censure et réclamé des modifications législatives : « Je ne veux pas que la Turquie fasse partie de la liste des pays qui interdisent YouTube et empêchent l’accès à Google. S’il existe des problèmes liés à la législation, il devrait y avoir une solution ». L’association des journalistes turcs a également protesté contre la restriction de l’accès à certains services de Google qui ne se base, selon elle, sur « aucune décision de justice ».
Environ 3 700 sites seraient actuellement bloqués en Turquie, certains pour des « raisons arbitraires et politiques » selon l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Parmi eux, de nombreux sites étrangers, des sites d’informations traitant de la minorité kurde, des sites communautaires gay.
L’article 8 de la loi 5651 autorise le blocage de l’accès à certains sites s’il existe seulement des « soupçons suffisants » de l’existence d’un des huit délits suivants : incitation au suicide, exploitation sexuelle et abus d’enfants, facilitation de l’usage de drogues, fourniture de substances dangereuses pour la santé, obscénité, paris en ligne, crimes commis contre Atatürk. C’est cette dernière disposition qui pose problème.
Reporters sans frontières a ajouté en mars 2010 la Turquie à la liste des « Pays sous surveillance » dans son rapport « Les Ennemis d’Internet ».