Deux journalistes qui couvraient la région volatile du Caucase du Nord ont été brutalement assassinés en Russie, selon ce que rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et le Centre pour le journalisme en situations extrêmes (Center for Journalism in Extreme Situations, CJES), tout comme d’autres groupes membres de l’IFEX et les dépêches. […]
Deux journalistes qui couvraient la région volatile du Caucase du Nord ont été brutalement assassinés en Russie, selon ce que rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et le Centre pour le journalisme en situations extrêmes (Center for Journalism in Extreme Situations, CJES), tout comme d’autres groupes membres de l’IFEX et les dépêches.
Ilyas Shurpayev, correspondant de la Première Chaîne de la télévision d’État de Russie, a été trouvé mort le 21 mars dans son appartement de Moscou, poignardé et étranglé avec une ceinture.
Le même jour, des inconnus armés circulant en voiture ont ouvert le feu en direction d’une autre voiture transportant Gadzhi Abashilov, chef de la chaîne de télévision du Daguestan contrôlée par l’État, à Makhatchkala, la capitale du Daguestan.
« La présidence de Vladimir Poutine a été entachée par un dossier effroyable d’inefficacité pour ce qui est de traduire en justice les meurtriers de plus d’une douzaine de journalistes assassinés sous son gouvernement », indique le CPJ. « Nous prions instamment le président élu, Dimitri Medvedev, de se confronter à cet héritage et de s’assurer que les individus responsables de ces deux meurtres seront traduits en justice. »
Les pompiers ont découvert le cadavre de Shurpayev, reporter né au Daguestan qui couvrait les conflits dans le nord du Caucase pour le compte de la Chaîne Un, à son domicile de Moscou après qu’un voisin eut signalé un incendie dans l’appartement qu’il louait. Selon le CPJ, les enquêteurs affirment que les assassins ont mis le feu à l’appartement pour camoufler le crime.
Il semble que Shurpayev connaissait ses agresseurs. Le reporter avait appelé le concierge de son immeuble à 2 heures du matin pour lui demander de laisser entrer dans l’immeuble deux jeunes hommes, apparemment d’origine nord-caucasienne, peu avant d’être tué, disent les dépêches. D’après le CPJ, les autorités éliminent l’hypothèse du vol, étant donné que rien de valeur appartenant à Shurpayev n’a été dérobé.
Quelques heures avant sa mort, Shurpayev a affiché sur son blogue une entrée au sujet des propriétaires d’un journal du Daguestan qui ont annulé une chronique qu’il avait écrite et donnant instruction au personnel de ne pas mentionner son nom dans les publications. Cette dernière entrée s’intitulait « Maintenant je suis dissident ! ».
Pour sa part, Oleg Panfilov, chef du CJES et ami de Shurpayev, croit peu probable que son décès soit relié à son travail. Shurpayev, qui avait travaillé auparavant pour la chaîne d’État NTV et qui avait déménagé à Moscou en février afin de travailler pour la Chaîne Un, « n’a jamais été impliqué dans quelque type de journalisme agressif que ce soit », dit Panfilov.
Dans une autre affaire distincte, Gadzhi Abashilov a été abattu dans sa voiture tandis qu’il rentrait chez lui à Makhatchkala après le travail. Son chauffeur a été hospitalisé et son état est jugé critique.
D’après les dépêches russes, Abashilov, « combattant intransigeant de l’extrémisme et du terrorisme », a vu son nom figurer sur des listes de gens à abattre, listes qui sont affichées sur les sites web séparatistes.
Avant de prendre la tête de GTRK, la société d’État du Daguestan responsable de la radiodiffusion, il avait animé sa propre émission de télévision, rédigé un journal local et agi comme sous-ministre de l’Information dans la république. Situé entre la Tchétchénie et la mer Caspienne, le Daguestan est déchiré par des luttes de clans et la violence criminelle. Le prédécesseur d’Abashilov, Tagib Abdusamadov, a survécu en 2004 à une tentative de meurtre.
Des officiels russes ont ouvert des enquêtes criminelles sur ces meurtres et envisagent la possibilité que les deux homicides soient reliés au travail des deux hommes.
Depuis 2000, plus d’une douzaine de journalistes ont été assassinés en Russie dans ce qui ressemble à des assassinats commandités; beaucoup d’entre eux semblent avoir été visés en raison de leurs tentatives pour mettre à nu des allégations de corruption. Anna Politkovskaïa a été abattue en 2006 après avoir fait paraître des articles sur les atrocités de l’armée russe en Tchétchénie. Comme dans bien d’autres cas, les tueurs n’ont pas été trouvés. Le CPJ a inauguré récemment une campagne de lutte contre l’impunité en Russie.
Consulter les sites suivants :
– CPJ : http://tinyurl.com/2gnvng
– Campagne du CPJ contre l’impunité : http://tinyurl.com/36d9hf
– CJES : http://www.cjes.ru/lenta/?lang=eng
– Fédération internationale des journalistes : http://tinyurl.com/342khy
– Reporters sans frontières : http://tinyurl.com/3yjkso
– Panfilov, dans le « Moscow Times » : http://tinyurl.com/3y34qa
(Photo : Ilyas Shurpayev (à gauche) et Gadzhi Abashilov, courtoisie de « Russia Today »)
(25 mars 2008)