Dans l’Irak occupé, la présence des journalistes est de moins en moins la bienvenue. Depuis janvier 2004, les insurgés ont enlevé au moins 20 journalistes et les autorités de la coalition dirigée par les États-Unis affichent leur indifférence à l’égard de la sécurité des médias, en dépit de la mort de près de 50 journalistes […]
Dans l’Irak occupé, la présence des journalistes est de moins en moins la bienvenue. Depuis janvier 2004, les insurgés ont enlevé au moins 20 journalistes et les autorités de la coalition dirigée par les États-Unis affichent leur indifférence à l’égard de la sécurité des médias, en dépit de la mort de près de 50 journalistes et employés des médias depuis mars 2003, rapporte le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Des conditions hostiles forcent de nombreux médias étrangers à se « terrer » dans des enceintes à haute sécurité protégés par des murs épais. La perception est largement répandue chez les Irakiens que les journalistes étrangers sont des « espions » ou des collaborateurs des forces de la coalition. En août 2004, le journaliste pigiste italien Enzo Baldoni a été enlevé et assassiné par des insurgés qui exigeaient que l’Italie retire ses troupes d’Irak.
Ces conditions ont forcé de nombreux médias étrangers à compter de plus en plus sur des reporters irakiens et des employés irakiens des médias pour couvrir l’actualité. C’est également sans surprise que les gens du lieu deviennent particulièrement vulnérables aux attaques, dit le CPJ.
Deux journalistes en ont été les dernières victimes le 15 octobre 2004. Dina Mohammed Hassan, correspondant de la chaîne Al-Hurriya, était abattue à l’extérieur de son domicile à Bagdad au moment de se rendre au travail. Dans la ville de Mossoul, dans le nord du pays, Karam Hussein, photographe pour l’Agence européenne Pressphoto (EPA), basée en Allemagne, a été abattu par quatre hommes qui ont ouvert le feu sur lui au moment où il quittait son domicile.
Le CPJ, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF) ont condamné les meurtres et appelé les autorités à ouvrir immédiatement des enquêtes.
Les mobiles de ces agressions ne sont pas clairs. L’employeur de Hassan, Al-Hurriya, appartient à l’Union patriotique du Kurdistan, un parti qui jouit de relations amicales avec les États-Unis. Le CPJ fait remarquer que les voisins et les amis de Hassan prétendent qu’elle s’est fait dire par des inconnus de cesser de travailler pour Al-Hurriya et de porter le voile islamique. Le rédacteur en chef de l’EPA, Cengiz Seren, a déclaré n’être pas au courant de quelque menace dont Hussein aurait pu être la cible.
Lors d’un autre incident, le journaliste pigiste australien John Martinkus a été enlevé par des insurgés le 17 octobre à Bagdad. Il a été relâché le lendemain après avoir convaincu ses geôliers qu’il n’était pas un espion des forces de la coalition.
Par ailleurs, le sort des deux journalistes français et de leur guide syrien, enlevés il y a deux mois par des insurgés, demeure inconnu. Le correspondant du « Figaro », Georges Malbrunot, et le collaborateur de Radio France Internationale Christian Chesnot, de même que leur guide Mohammed Al-Joundi, sont détenus depuis le 20 août. La FIJ, RSF, le CPJ et d’autres groupes de défense de la liberté de la presse exigent leur libération immédiate.
Lire un article du CPJ sur l’Irak, écrit par un reporter en poste sur place :
http://www.cpj.org/Briefings/2004/DA_fall04/Iraq_Prothero_DA_fall04.html
Consulter :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=11611
– Dossiers du CPJ sur l’Irak : http://www.cpj.org/Briefings/2003/gulf03/iraq_stats.html
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=2745&Language=EN
– Index on Censorship : http://www.indexonline.org/news/20040410_iraq.shtml
– International News Safety Institute : http://www.newssafety.com
– Media Guardian : http://media.guardian.co.uk/iraqandthemedia/0,12823,883261,00.html