Quatre rédacteurs et trois maisons d’édition d’Éthiopie ont été trouvés coupables le 11 juin d’être liés aux tragiques manifestations de protestation de 2005 contre des allégations de fraude électorale, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Les sentences seront prononcées le mois prochain et deux des rédacteurs pourraient […]
Quatre rédacteurs et trois maisons d’édition d’Éthiopie ont été trouvés coupables le 11 juin d’être liés aux tragiques manifestations de protestation de 2005 contre des allégations de fraude électorale, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF). Les sentences seront prononcées le mois prochain et deux des rédacteurs pourraient encourir la peine de mort.
L’Association des journalistes de la presse libre d’Éthiopie (Ethiopian Free Press Journalists Association, EFJA), en exil, appelle à une action urgente de la part de la communauté internationale pour leur sauver la vie.
Des centaines de milliers de personnes ont participé à des manifestations pour dénoncer la fraude et le bourrage d’urnes par le gouvernement du premier ministre Meles Zenawi lors de l’élection de mai 2005. Plus de 190 personnes ont été tuées lorsque les autorités ont écrasé les protestations qui ont suivi les élections et qui contestaient la victoire du parti au pouvoir, rapporte le CPJ.
Les journalistes étaient visés par le gouvernement à cause de leur couverture du traitement de ces élections controversées, dit le CPJ. Parmi les personnes reconnues coupables, on compte les rédacteurs Andualem Ayle, de « Ethiop », et Mesfin Tesfaye de « Abay », inculpés d’« outrage à la constitution », et qui risquent la peine capitale ou la prison à vie. Le rédacteur en chef Wenakseged Zeleke, du journal « Asqual », pourrait être condamné à dix ans de prison pour des accusations similaires. Le rédacteur en chef adjoint Dawit Fassil, de « Satanaw », libéré sous caution en avril après dix-sept mois de détention, a été réincarcéré et risque maintenant jusqu’à trois ans de prison.
Selon RSF, les rédacteurs, de même que 34 membres de l’opposition qui ont été reconnus coupables d’accusations similaires, l’ont été parce qu’ils ont refusé de reconnaître la compétence du tribunal et n’ont présenté aucun élément de preuve pour leur défense.
La Haute cour a également reconnu trois éditeurs coupables de chefs d’inculpation connexes. Ce sont : Serkalem, propriétaire des journaux « Asqual », « Menelik » et « Satanaw »; Sisay, éditeur d’« Ethiop »; et Fasil, qui publie le journal « Addis Zena ». Ces entreprises pourraient être condamnées à de lourdes amendes ou être dissoutes, rapporte le CPJ. Leurs publications sont interdites depuis le début de la répression.
Ces jugements font suite à l’acquittement en avril de huit rédacteurs et éditeurs qui devaient répondre à des accusations similaires. Le tribunal avait déclaré que le gouvernement n’avait pas prouvé le bien-fondé de sa cause contre eux.
Après l’Érythrée, l’Éthiopie demeure le pire geôlier de journalistes d’Afrique, dit le CPJ.
Le Projet des défenseurs des droits de la personne dans l’Est et la Corne de l’Afrique (East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project, EHAHRDP) a émis une action urgente sur l’Éthiopie. Pour plus de précisions, courriel : ehahrdp@yahoo.ca.
Consulter les sites suivants :
– CPJ : http://tinyurl.com/2mejl4
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=22522
– Article du « Communiqué de l’IFEX » sur les acquittements d’avril : http://ifex.org/en/content/view/full/82597/
(12 juin 2007)