Un ingénieur thaï, qui aurait envoyé par courriel des photos qui auraient offensé la famille royale, a été condamné à dix ans de prison, rapportent l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA), ARTICLE 19, Index on Censorship et le PEN d’Angleterre. Suwicha Thakhor a été arrêté en janvier et […]
Un ingénieur thaï, qui aurait envoyé par courriel des photos qui auraient offensé la famille royale, a été condamné à dix ans de prison, rapportent l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA), ARTICLE 19, Index on Censorship et le PEN d’Angleterre.
Suwicha Thakhor a été arrêté en janvier et retenu en garde à vue jusqu’à sa condamnation le 3 avril pour lèse-majesté, pour du matériel affiché qui a été jugé diffamatoire pour la monarchie.
D’après la SEAPA, Suwicha, qui est père de trois enfants, travaillait comme ingénieur des contrôles automatiques pour une société de plate-formes de forage de pétrole lorsqu’il a été arrêté chez lui, dans son village de Nakhon Phanom, dans le nord-est du pays. Il a été congédié le lendemain pour avoir « nui à la réputation de la société », rapporte la SEAPA.
La condamnation de Suwicha, dit le président de la SEAPA Kavi Chongkittavorn, « imprégnerait encore plus profondément la société thaïe d’une culture de peur ».
En Thaïlande, l’accusation de lèse-majesté, qui peut être utilisée contre toute personne qui diffame, insulte ou menace le Roi ou la famille royale, compte parmi les plus sévères du monde, et entraîne une peine possible de trois à quinze ans de prison.
Dans une lettre au Roi de Thaïlande, ARTICLE 19, le PEN d’Angleterre et Index on Censorship indiquent que « cela constitue une peine extrêmement rigoureuse. Nous sommes extrêmement préoccupés par le recours routinier au lèse-majesté pour faire taire la critique et la dissidence en Thaïlande. Nous demandons que Suwicha Thakhor soit gracié, et que les autorités thaïes abrogent une loi qui a un effet peu rassurant sur la liberté de parole. »
D’après les membres de l’IFEX, le nombre des accusations de lèse-majesté s’est accru de façon spectaculaire depuis le coup d’État de septembre 2006, qui a entraîné la déposition du premier ministre Thaksin Shinawatra. Par exemple, en janvier 2009, l’écrivain australien Harry Nicolaides a été condamné à trois ans de prison, mais il a été gracié par le Roi. En février, un mandat d’arrestation a été émis contre l’universitaire anglo-thaïlandais Giles Ji Ungpakorn pour son livre « A Coup for the Rich » (Un coup pour les riches), qui critiquait le coup d’État militaire de 2006. Giles a fui le pays pour éviter d’être incarcéré.
Le Ministère de l’Information et de la Technologie des communications prétend avoir fermé plus de 2 000 sites web qui contiendraient du matériel insultant pour la monarchie. Et le 23 janvier, le Sénat a créé un comité extraordinaire chargé de superviser le blocage d’autres sites, et a prévenu que plus de 10 000 sites web pouvaient être visés.
Consulter les sites suivants :
– Un père de trois enfants reçoit une peine de 10 ans de prison pour avoir envoyé par courriel du matériel jugé offensant pour la monarchie thaïe (SEAPA) : http://www.seapabkk.org/newdesign/newsdetail.php?No=1062
– Le blogueur Suwicha Thakhor condamné à dix ans de prison (ARTICLE 19/Index/PEN d’Angleterre) : http://ifex.org/en/content/view/full/102178
(8 avril 2009)