Dix journalistes ont été arrêtés samedi parce qu’ils ont couvert une manifestation de protestation qui a tourné à la violence à Nazran, la capitale de la république russe d’Ingouchie, située dans le sud-ouest de la Russie, rapportent le Centre pour le journalisme en situations extrêmes (Center for Journalism in Extreme Situations, CJES), Human Rights Watch […]
Dix journalistes ont été arrêtés samedi parce qu’ils ont couvert une manifestation de protestation qui a tourné à la violence à Nazran, la capitale de la république russe d’Ingouchie, située dans le sud-ouest de la Russie, rapportent le Centre pour le journalisme en situations extrêmes (Center for Journalism in Extreme Situations, CJES), Human Rights Watch et Reporters sans frontières (RSF).
Selon RSF, les journalistes ont été détenus le 26 janvier tandis qu’ils assuraient la couverture d’une manifestation de protestation contre des allégations de fraude électorale aux élections parlementaires de décembre, où le parti pro-gouvernemental, Russie Unie, a remporté 99 pour 100 des voix en Ingouchie.
La police a dispersé la manifestation « illégale » en tirant dans les airs et en détenant manifestants et journalistes. Plusieurs personnes ont dû être hospitalisées pour blessures et des dizaines d’autres ont été détenues.
Les journalistes ont été retenus pendant 20 heures avant d’êtres escortés par des soldats en armes vers la république russe voisine d’Ossétie du Nord, pour leur « sécurité », indique Human Rights Watch. Le gouvernement prétend que plusieurs parties de l’Ingouchie constituent des « zones d’opération contre-terroriste » – prétendument pour protéger les civils contre des attaques perpétrées par des groupes séparatistes armés dont les bases se situent dans la Tchétchénie voisine.
Un photojournaliste au service de l’agence de nouvelles d’État RIA-Novosti, Saïd-Khussein Tsarnaev, et Mustafa Kurskiev, correspondant de deux publications qui paraissent à Moscou, ont été arrêtés tandis qu’ils filmaient un immeuble qui avait été incendié. RSF rapporte que Kurskiev a été sérieusement tabassé par la police. Les deux hommes ont passé la nuit en cellule, sans manger, ni accès à un avocat, ni à des soins médicaux.
Le CJES accuse la police de violer la loi. « Les activités professionnelles des journalistes… ne peuvent être restreintes pendant une opération anti-terroriste », dit le CJES. « Même sous l’état d’urgence, les restrictions ne peuvent s’appliquer qu’à la diffusion de renseignements et non aux mouvements des journalistes; tout acte de violence, toute arrestation ou toute détention demeure inacceptable. »
Les autres journalistes arrêtés pendant la manifestation de samedi étaient Roman Plyusov et Vladimir Varfolomeev, de la station de radio Écho Moscou; Danila Galperovich, de Radio Liberty; Olga Bobrova, du journal « Novaïa Gazeta »; deux correspondants de la Chaîne Cinq de télévision de St-Pétersbourg; et deux correspondants de la télévision d’État russe. La police a confisqué leurs appareils vidéo et photo, de même que l’équipement d’enregistrement et leurs papiers d’identité.
Human Rights Watch a rapporté des cas de recours à la force excessive lors d’une autre manifestation en Ingouchie en octobre 2006 et, comme le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), il a documenté une brutale agression contre des militants des droits de la personne et des journalistes survenue en Ingouchie en novembre 2007, à la veille des élections.
Consulter les sites suivants :
– CJES : http://www.cjes.ru/lenta/?year=2006&lang=eng
– Human Rights Watch : http://tinyurl.com/2l3kuv
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=25218
– CPJ, à propos de l’agression d’octobre 2007 : http://tinyurl.com/2wbsao
(29 janvier 2008)