(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF : Election présidentielle en Biélorussie L’information confisquée par le pouvoir Le scrutin présidentiel du 9 septembre 2001 en Biélorussie a été précédé de huit mois de censure de toute information indépendante dans ce pays où la liberté de la presse est inexistante et où les médias […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF :
Election présidentielle en Biélorussie
L’information confisquée par le pouvoir
Le scrutin présidentiel du 9 septembre 2001 en Biélorussie a été précédé de huit mois de censure de toute information indépendante dans ce pays où la liberté de la presse est inexistante et où les médias audiovisuels sont tous aux ordres du pouvoir. Reporters sans frontières (RSF) rend publique une « Chronique de la censure » de la presse indépendante en 2001.
Depuis le début de l’année, tous les moyens à la disposition des autorités ont été mis en oeuvre pour étouffer la presse écrite indépendante : saisies de tirage, fermetures d’imprimeries, confiscation de matériels, menaces de fermetures de médias, agressions et intimidations de journalistes. Les dix principaux journaux indépendants ont été systématiquement harcelés, et leurs journalistes menacés. Pour Reporters sans frontières, le président Alexandre Loukachenko est l’un des trente « prédateurs de la liberté de la presse » dans le monde.
RSF rappelle par ailleurs que le cameraman Dmitri Zavadski a disparu, depuis le 7 juillet 2000. Deux anciens membres du parquet biélorusse affirment détenir les preuves de l’implication directe du pouvoir dans la disparition du journaliste (cf www.rsf.fr).
Election présidentielle 2001 en Biélorussie
CHRONIQUE DE LA CENSURE
Fin 2000, les services postaux augmentent de 400 à 600 % les frais de distribution réclamés aux journaux indépendants, les publications contrôlées par l’Etat bénéficiant dans le même temps de baisses de tarifs. Les amendements apportés à la législation biélorusse interdisent la publication des déclarations ou communiqués des partis ou organisations de défense des droits de l’homme non enregistrées au ministère de la Justice.
Le 9 janvier 2001, le matériel d’une imprimerie de la maison d’édition Magic, seule maison d’édition privée du pays, imprimant la plupart des journaux indépendants, dont Belaruskaïa Delovaïa Gazeta, Nasha Svaboda et Narodnaïa Volia, est saisi par la police sur ordre de l’administration fiscale, pour « taxes impayées ». Le propriétaire de l’imprimerie indique que l’équipement saisi équivaut à quatre fois le montant de la dette. Une seule presse est laissée dans l’imprimerie.
Le 16 janvier 2001, Valery Shchukin, journaliste free-lance, est violemment agressé par les vigiles du ministère de l’Intérieur pour avoir voulu assister à une conférence de presse du ministre sur les disparitions d’opposants. Seuls les journalistes des médias d’Etat avaient eu une accréditation. Il a dû être hospitalisé suite aux coups reçus.
Le 19 janvier 2001, le parquet général poursuit le journal Nacha Svaboda (« Notre liberté »), pour « offense à l’honneur du président ». Le 12 janvier, le journal avait publié un article du psychiatre Dmitri Schiguelski sur l’état de santé psychique du président Alexandre Loukachenko, suggérant qu’il souffrait d’un désordre mental à tendance paranoïaque.
Début février, la rédaction du journal indépendant Brestski Kourier (« le Courrier de Brest ») reçoit un « avertissement » du Comité d’Etat de la presse (trois avertissements valent la fermeture du média), pour avoir diffusé des informations sur des partis politiques, unions professionnelles ou autres groupements non autorisés. Brestski Kurier est l’un des journaux indépendants régionaux les plus populaires.
Début février, le journal indépendant Belarusskaïa Delovaïa Gazeta reçoit un « avertissement » du Comité d’Etat de la presse pour violation du secret d’une enquête dans un article traitant de l’enquête sur les officiers de la subdivision spéciale « Almaz », soupçonnés d’avoir participé à la disparition du correspondant de la chaîne télévisée russe ORT, Dmitri Zavadski en juillet 2000.
Le 2 mars, les douanes saisissent 745 exemplaires du journal Belaruskiya Vedamasti, indiquant qu’il représente un « danger pour le régime politique » de Biélorussie.
Les 2, 11, 15, et 30 mars, des porteurs du journal indépendant Nasha Svaboda sont interpellés et harcelés par les forces de l’ordre.
Le 16 mars, les locaux du Borisovskie Novosti et du Centre des droits de l’homme à Borisov, sont perquisitionnés par la police.
Le 25 mars 2001, Dmitri Yegorov, jeune reporter photographe du journal régional indépendant Birzha Informacji, est interpellé et détenu pendant plusieurs heures dans un véhicule de police dans la ville de Grodno (ouest du pays), juste avant le début de la manifestation organisée par l’opposition le 25 mars. Le journaliste est frappé, menacé et prévenu qu’il n’avait « pas intérêt à écrire des articles relatifs à cette interpellation ». Il est ensuite emmené dans une prison pour lui montrer « où peuvent être emprisonnés les journalistes » puis libéré. Le journaliste a été hospitalisé dix jours suite aux coups reçus.
En mars 2001, du matériel est dérobé à la rédaction du journal indépendant De Facto à Moguilev. L’édition du journal est suspendue.
Le 12 juillet 2001, le matériel du journal indépendant Volny Grad, est saisi par la police.
Le 19 juillet, des équipements du journal Belaruskiy Uschod sont confisqués par la police.
Le 25 juillet, le matériel informatique de la salle de rédaction du quotidien Dyen est totalement mis hors d’usage, lors d’un cambriolage. Aucune trace d’effraction n’a été constatée, alors même que les lieux étaient gardés par la police. Un précédent cambriolage des locaux de Dyen, le 17 juillet, avait empêché la publication d’une édition spéciale consacrée aux disparitions inexpliquées de personnalités de l’opposition.
Le 1er août 2001, le journal Dyen est interdit d’impression dans les locaux de la Maison de la presse, imprimerie directement administrée par l’Etat. Le quotidien est sanctionné pour avoir « mal interprété » une décision du Comité d’Etat pour la presse.
Le 8 août, la rédaction du journal Pagonya est menacée par les services secrets (KGB) d’une fermeture du journal.
Le 14 août, des équipements du journal Kutseyna sont confisqués par la police.
Le 17 août 2001, les forces du ministère de l’Intérieur confisquent l’essentiel du tirage du quotidien Nasha Svaboda, dont l’édition du jour comprend plusieurs articles critiques envers le pouvoir et des informations sur la campagne du candidat de l’opposition Vladimir Goncharik.
Le 22 août, les équipements de l’imprimerie Magic sont de nouveau saisis et le compte en banque bloqué.
Le 22 août, dix ordinateurs de la rédaction du journal Narodnaya Volya sont saisis par la police à la demande de l’administration fiscale.
Le 23 août, un ordinateur de la rédaction du quotidien Nasha Svaboda est confisqué par la police pour contravention à la légilation fiscale.
Le 24 août, le journal Svabodniye Novosti reçoit un avertissement du Comité d’Etat, pour « dissémination de fausses informations ».