Le Centre du journalisme indépendant (IJC), ARTICLE 19, l’Union des journalistes d’Afrique de l’Ouest (UJAO) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) constatent une escalade des attaques contre les médias au Nigéria. ARTICLE 19 fait remarquer qu’à moins d’un mois du transfert du pouvoir à un gouvernement civil, les violations des droits de la personne […]
Le Centre du journalisme indépendant (IJC), ARTICLE 19, l’Union des journalistes d’Afrique de l’Ouest (UJAO) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) constatent une escalade des attaques contre les médias au Nigéria. ARTICLE 19 fait remarquer qu’à moins d’un mois du transfert du pouvoir à un gouvernement civil, les violations des droits de la personne se poursuivent dans le pays. Jusqu’à la semaine dernière, « plus d’une douzaine de personnes, des journalistes et des dirigeants syndicaux pour la plupart, ont été arrêtées tandis qu’on lançait des recherches contre un grand nombre d’autres personnes dans une tentative pour étouffer les critiques qui s’élevaient et faire taire ceux qui exercent leurs droits démocratiques », déclare ARTICLE 19.
Encore dernièrement, disent les quatre groupes, Lanre Arogundade, président de la section locale de l’Ãtat de Lagos du Syndicat des journalistes du Nigéria (NUJ), a été arrêté le 25 avril. Il a été accusé d’avoir conspiré avec des complices pour faire assassiner la journaliste Bolade Fasasi. Arogundade, qui a plaidé non coupable à l’accusation de conspiration, bénéficie du soutien de nombreux particuliers et groupes locaux qui sont persuadés qu’il s’agit d’un coup monté. La FIJ et l’UJAO font remarquer que la détention d’Arogundade coïncide avec les activités prévues à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse au Nigéria. Celui-ci devait participer au lancement de la publication « Fourth Estate », qui fait partie du programme « Médias pour la démocratie » de la FIJ, et qui devait coïncider avec l’ouverture officielle du Centre de la presse de la FIJ à Lagos. La FIJ et l’UJAO pensent qu’il est persécuté à cause de son travail au NUJ en faveur de la liberté de la presse au Nigéria. Selon la FIJ, « [Arogundade] a été arrêté uniquement sur la parole d’adversaires politiques connus, dont certains travaillent pour des organismes du gouvernement fédéral ».
Le Centre du journalisme indépendant (IJC) signale par ailleurs que le travailleur des médias John Musa est mort le 28 avril à Maiduguri, dans l’Ãtat de Borno, au cours d’une confrontation entre la police et des fonctionnaires de l’Ãtat qui avaient déclenché la grève pour demander le salaire minimum de 3000 N (32 $ US). Musa était membre du personnel de la diffusion de la maison d’édition d’Ãtat de Jos, sur le plateau de Bauchi, qui publie le journal « Standard ». Musa, qui souffrait d’asthme, aurait été étouffé à mort par les gaz lacrymogènes lancés par la police pour disperser les travailleurs qui protestaient.
L’IJC rapporte aussi quelques bonnes nouvelles pour les médias. D’après un rapport de l’IJC paru le 5 mai, le Conseil provisoire de gouvernement (PRC) a ordonné l’abrogation du Décret no 43 de 1993, qui prévoit l’instauration d’un Conseil d’inscription des journaux (NRB). « Le décret et le Conseil empoisonnent les rapports entre le gouvernement et les médias depuis leur instauration sous le régime d’Abacha », indique l’IJC. En annonçant l’abolition du décret, dit l’IJC, le major-général Abdulahi Serki Muktar « a expliqué que le PRC était convaincu que, comme les autres organismes professionnels, la presse se porterait mieux si on la laissait Åuvrer avec ses propres mécanismes de réglementation interne ». Il a ajouté toutefois que « le décret no 43 serait remplacé par un autre renforçant le fonctionnement du Conseil de presse du Nigéria (NPC) pour lui donner plus de pouvoirs comme ombudsman des médias ».