La âWorld Press Freedom Reviewâ de lâInstitut international de la presse (IIP) fait le recensement, pour lâannée 1998, des violations de la liberté de la presse, dont le meurtre dâau moins 50 journalistes, et couvre la situation générale des médias dans 168 pays. LâIIP estime quâau moins 31 des 50 journalistes assassinés lâont été pour […]
La âWorld Press Freedom Reviewâ de lâInstitut international de la presse (IIP) fait le
recensement, pour lâannée 1998, des violations de la liberté de la presse, dont le meurtre dâau
moins 50 journalistes, et couvre la situation générale des médias dans 168 pays. LâIIP estime
quâau moins 31 des 50 journalistes assassinés lâont été pour des motifs liés directement à leur
travail, et que les autres cas font lâobjet dâune enquête. Par ailleurs, des centaines de journalistes
ont été arrêtés en 1998 et plus dâune centaine dâentre eux sont toujours incarcérés. Selon lâIIP,
âtrop souvent on empêche la circulation de lâinformation et des idées par toutes sortes de
moyens : obstacles bureaucratiques, administratifs et judiciaires, menaces, harcèlement, passage à
tabac et meurtre, entre autres.â Le rapport de lâIIP conclut quâenviron le tiers seulement de la
population mondiale connaît une véritable liberté dâexpression. Il documente également avec
précision âles multiples moyens mis en Åuvre par ceux qui ont des choses à cacher pour étouffer
la libre circulation de lâinformation, des idées et des opinionsâ.
En Afrique, poursuit lâIIP, alors que neuf journalistes ont été assassinés en 1998, dâautres étaient
la cibles de âtentatives dâassassinat, de menaces de mort et autres violences physiques, de
persécution et dâintimidationâ. Des journalistes ont dû subir âdes arrestations et des incarcérations
arbitraires et souvent illégales, surtout en Ãthiopie, en République démocratique du Congo et au
Nigériaâ avant la mort du dictateur Sani Abacha, en juin dernier. La plupart de ces agressions
âsont perpétrées dans lâimpunité la plus scandaleuseâ, dit lâIIP. En outre, âon constate une
absence évidente de neutralité et dâobjectivité de la part des nombreux radiodiffuseurs dâÃtat de la
régionâ. Enfin, les médias sont astreints à des restrictions juridiques qui incluent, sans toutefois
sây limiter, des lois sur la criminalisation de la diffamation, par exemple en Ãthiopie, au Tchad, au
Togo, au Cameroun et au Gabon, qui, selon lâIIP, âcontribuent tous à faire de lâAfrique un
continent où il est très difficile et très dangereux dâexercer le métier de journalisteâ.
Dans les Amériques, lâIIP recense dix journalistes assassinés, et âun grand nombre dâautres qui
ont été menacés, harcelés, détenus, emprisonnés ou qui ont été la cible dâagressions
psychologiques. […] Avec la fin des gouvernements militaires et lâinstauration graduelle du
multipartisme, les médias dâAmérique latine deviennent de plus en plus indépendants,
professionnels et puissants. Malheureusement, le nombre des attaques violentes contre les
journalistes sâaccroît en même temps quâaugmente la nouvelle puissance des médias, parce que
des responsables corrompus, des trafiquants de drogue et le crime organisé cherchent à empêcher
les médias de faire la lumière sur leurs activitésâ. LâIIP affirme en outre que âmême si la violence
commanditée par le gouvernement ne constitue plus une menace importante, les autorités ont
quand même recours à dâautres méthodes, dont les pressions judiciaires, administratives et
économiques, pour museler la critique des médiasâ.
La plupart des pays dâAsie nâen sont pas à la véritable liberté dâexpression, les médias sont
censurés et la cible de violences. Les gouvernements dâAsie réagissent différemment à la crise
économique qui se propage dans toute la région, dit lâIIP, qui fait remarquer que âcertains [pays],
comme la Malaysia, resserrent les contrôles des médias locaux et étrangers afin de prévenir toute
contestationâ, tandis que dâautres, comme le Vietnam âmontrent certains signes de libéralisation
pour cultiver la bonne volonté sur la scène internationale et maintenir les accès à lâaide et à
lâinvestissementâ. Entre temps, le âmodèle asiatiqueâ en matière de journalisme, dâabord appliqué
à Singapour, âse répand rapidement dans toute lâAsie; de plus en plus de gouvernements
lâadoptent pour justifier la censure et interdire lâimportation de publications particulières qui
pourraient, semble-t-il, miner la stabilité de lâÃtat et contrevenir à certaines normes moralesâ.
LâEurope nâest pas du tout exempte de violations de la liberté dâexpression, poursuit le âWorld
Press Freedom Reviewâ. âDans tout le paysage médiatique européen, affirme lâIIP, il existe des
barrières à la liberté dâexpression, qui se présentent sous diverses formes. Que ce soit par le
meurtre ou par de coûteux procès en diffamation entraînant des peines excessives, lâobjectif reste
le même : réprimer les idées et les informations indésirables.â On a certainement enregistré
davantage de violations en ex-Union soviétique au Nord et dans les Balkans au Sud, mais les
médias dâEurope de lâOuest ont subi eux aussi des avatars. En France par exemple, plusieurs
journalistes ont été arrêtés et interrogés sur leurs sources. Les médias russes semblent ceux qui
courent les risques les plus élevés dans la région, dit lâIIP, parce que dans ce pays âlâassassinat
sert encore dâinstrument tragiquement efficace pour faire taire les voix encombrantes; les cas
dâintimidation et de harcèlement sont monnaie courante; les âoligarchiesâ manipulent joyeusement
les médias pour leur profit personnel; enfin, une Douma à majorité communiste adopte des lois de
censure et de contrôle.â
La âWorld Press Freedom Reviewâ est disponible sur le site web de lâIIP à lâadresse
http://www.freemedia.at. Pour obtenir un exemplaire du document, prière de sâadresser au siège
de lâIIP, Spiegelgasse 2, A-1010, Vienne, Autriche; téléphone : +43 1 512 90 11; télécopieur :
+43 1 512 90 14; adresse électronique : ipi@xpoint.at.