(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF a protesté contre les restrictions imposées aux médias turcs concernant la couverture des graves incidents dans les prisons. RSF a demandé au ministre de saisir les autorités compétentes afin d’annuler ces mesures et permettre aux journalistes turcs de travailler librement. […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Hikmet Sami Türk, RSF a protesté contre les restrictions imposées aux médias turcs concernant la couverture des graves incidents dans les prisons. RSF a demandé au ministre de saisir les autorités compétentes afin d’annuler ces mesures et permettre aux journalistes turcs de travailler librement. « Ce qu’il se passe actuellement dans les prisons turques est extrêmement préoccupant. L’opinion publique turque est en droit d’être informée sur ces graves événements et il est donc impératif que les médias puissent rapporter, en toute liberté, les propos des différentes parties », a ajouté Robert Ménard. L’organisation a rappelé que quatre journalistes sont actuellement emprisonnés en Turquie, Yalçin Küçük, de l’hebdomadaire de gauche « Hepileri », Hasan Özgün, du quotidien d’extrême gauche « Özgür Gündem », Asiye Zeybek Güzel, de l’hebdomadaire d’extrême gauche « Atilim », et Nureddin Sirin, de l’hebdomadaire islamiste « Selam ». Soixante-cinq autres sont également détenus sans qu’il soit possible d’affirmer qu’ils le sont pour leur activité journalistique ou pour leurs opinions.
Selon les informations recueillies par RSF, le RTÜK (autorité chargée de la régulation des médias audiovisuels) et la Cour de sûreté de l’État N° 4 d’Istanbul ont respectivement imposé des restrictions, les 13 et 14 décembre 2000, aux médias audiovisuels et à la presse écrite, concernant la couverture des violents incidents dans les prisons turques. La Cour de sûreté de l’État N° 4 d’Istanbul a déclaré que tout média « publiant ou diffusant des communiqués émanant d’organisations illégales ou des informations susceptibles d’inciter à la haine, à l’hostilité et au crime » et qui montrerait l' »État dans un état de faiblesse » serait interdit. Ce texte contraint les médias turcs à ne diffuser que des informations provenant de sources officielles pour couvrir la situation dans les prisons turques. En vertu de cette décision, le procureur de la Cour de sûreté de l’État d’Istanbul, a lancé, le 20 décembre, une plainte contre le quotidien libéral « Star » et a « soumis à examen » les numéros datés du 20 décembre, des quotidiens libéraux « Radikal » et « Sabah ». Par ailleurs, plusieurs caméramans et photographes ont été contraints, ces derniers jours, par les forces de police, de se tenir à une distance d’un à trois kilomètres des prisons où des affrontements avaient lieu.
Au moins quinze détenus et deux gendarmes sont morts, le 19 décembre, lors d’un assaut par les forces de l’ordre contre vingt prisons. Les autorités voulaient mettre un terme à la grève de la faim de détenus politiques qui entendaient dénoncer une réforme du système carcéral.