*REPORTERS SANS FRONTIÈRES Communiqué de presse *04.05.2012 *Lire en ligne*: http://fr.rsf.org/france-election-presidentielle-une-04-05-2012,42566.html * FRANCE – Élection présidentielle : Une campagne tendue pour les médias, une occasion manquée de débattre de la liberté d’informer* Reporters sans frontières réitère sa profonde préoccupation à l’issue d’une campagne présidentielle française marquée par des attaques systématiques contre les médias. “Le Président […]
*REPORTERS SANS FRONTIÈRES
Communiqué de presse
*04.05.2012
*Lire en ligne*:
http://fr.rsf.org/france-election-presidentielle-une-04-05-2012,42566.html
*
FRANCE – Élection présidentielle : Une campagne tendue pour les médias, une
occasion manquée de débattre de la liberté d’informer*
Reporters sans frontières réitère sa profonde préoccupation à l’issue d’une
campagne présidentielle française marquée par des attaques systématiques
contre les médias.
“Le Président qui sera élu dimanche 6 mai aura la responsabilité de
dissiper le climat intolérable distillé par les multiples déclarations
agressives à l’égard de la presse. Ces dernières ont commencé à produire
des effets concrets : les témoignages de journalistes violemment malmenés
en marge de rassemblements politiques se multiplient. De tels actes étaient
pourtant prévisibles, tant l’ensemble de la profession a été désignée comme
cible”, a déclaré l’organisation.
Depuis l’agression de *Marine Turchi* en marge du meeting de Nicolas
Sarkozy au Trocadéro le 1er mai
2012 ,
d’autres journalistes ont confirmé avoir eux aussi été violemment pris à
partie lors du même rassemblement. C’est le cas par exemple de *Geneviève
de Cazaux*, par ailleurs candidate UMP aux élections législatives, qui
s’est fait tirer les cheveux, arracher son badge presse et frapper dans le
dos. Le 3 mai 2012, *BFM TV* a été contraint d’interrompre pendant quelques
minutes son direct depuis le rassemblement du président-candidat à Toulon,
lorsque *Ruth Elkrief* et son collègue *Thierry Arnaud* ont été attaqués
par des militants UMP : insultes, crachats et même jet de bouteilles d’eau
pleines, dont l’une a atteint Thierry Arnaud au visage.
Interrogé à ce sujet le 4 mai sur *Europe 1*, Nicolas Sarkozy a “condamné
toute personne qui s’en prendrait verbalement à un journaliste”, mais il a
demandé à la presse de “comprendre l’exaspération” du public.
A la veille du second tour, Reporters sans frontières appelle également les
autorités à renoncer aux procédures intentées contre des médias et
utilisateurs des réseaux sociaux qui publieraient des informations sur les
résultats électoraux avant 20 heures, le 6 mai. Deux commissions de
contrôle de la campagne présidentielle viennent de rappeler l’interdiction
de diffusion des sondages et d’estimations de résultats avant la fermeture
des derniers bureaux de vote.
“Les autorités se trompent à nouveau de cible en visant les médias et les
utilisateurs de réseaux sociaux. Nous admettons tout à fait que la
publication d’estimations de résultats avant la fin des opérations de vote
pose question. Mais ce problème signale avant tout la nécessité d’adapter
une législation et des procédures obsolètes, aux bouleversements des
pratiques de l’information. Il est pour le moins incohérent de vouloir
empêcher les médias de diffuser une information qu’ils détiennent et qui
est accessible par ailleurs à l’étranger”, a déclaré Reporters sans
frontières.
“Le prochain président de la République devra impulser une modification de
la loi régulant la publication et la diffusion des résultats électoraux.
Celle-ci date de 1977 et elle apparaît clairement dépassée face au paysage
de l’information actuel, marqué par Internet et les nouveaux médias . Dans
son application stricte, elle impose une restriction au droit du public à
l’information sur des sujets d’intérêt général, et contrevient à l’article
10 de la Convention européenne des droits de l’homme. L’adaptation de la
législation devra se faire de façon concertée avec les représentants des
professionnels des médias et le Conseil national du numérique (CNN).”
Une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet de Paris contre *Le
Soir*, la *Radio Télévision Belge Francophone*, un journaliste belge, l’*Agence
France-Presse* et un site Internet basé en Nouvelle Zélande, suite à la
divulgation d’estimations de résultats le soir du premier tour de
l’élection, le 22 avril 2012.
Plus généralement, la campagne présidentielle aura été une occasion manquée
de débattre de l’état de la liberté de l’information en
France .
Dans un rapport
publié en
février 2012, Reporters sans frontières en a dressé un tableau
contrasté. Respect
du secret des sources ,
mode de nomination des présidents de l’audiovisuel public, difficultés à
couvrir les affaires judiciaires, comportement de certains élus
locaux …
Nombreux sont les chantiers qui méritent d’être engagés pour protéger le
rôle essentiel des médias dans notre pays.
L’organisation appelle notamment le prochain président de la République à
impulser rapidement les réformes suivantes :
– Abroger la loi prévoyant la nomination des présidents de l’audiovisuel
public par le chef de l’Etat, et confier cette charge à une commission
indépendante du pouvoir politique et représentative du secteur des médias.
– Amender la loi sur la protection du secret des sources des
journalistes en prévoyant notamment des sanctions pour les contrevenants,
et en encadrant clairement les cas d’exception.
– Faciliter la couverture des dossiers judiciaires en supprimant le
« délit de publication d’acte de procédure » et en abandonnant le « recel
du secret de l’instruction ».
– Abandonner tout recours au filtrage administratif du Web et la
possibilité de suspendre la connexion à Internet pour sanctionner le
téléchargement illégal.
Lire le précédent communiqué à ce
sujet
Lire le rapport “La tentation du contrôle : Enquête sur la situation de la
liberté de la presse en France”
—
Johann Bihr (Йоханн Бир)
Reporters sans frontières
Reporters Without Borders
Репортеры без границ
Bureau Europe & Asie centrale
Europe & Central Asia Desk
Отдел Европы и
Средней Азии
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REPORTERS SANS FRONTIÈRES Communiqué de presse 04.05.2012 Lire en ligne : http://fr.rsf.org/france-election-presidentielle-une-04-05-2012,42566.html
FRANCE – Élection présidentielle : Une campagne tendue pour les médias, une occasion manquée de débattre de la liberté d’informer Reporters sans frontières réitère sa profonde
préoccupation à l’issue d’une campagne présidentielle française marquée
par des attaques systématiques contre les médias.
“Le Président qui sera élu dimanche 6 mai aura la
responsabilité de dissiper le climat intolérable distillé par les
multiples déclarations agressives à l’égard de la presse. Ces dernières
ont commencé à produire des effets concrets : les témoignages de
journalistes violemment malmenés en marge de rassemblements politiques
se multiplient. De tels actes étaient pourtant prévisibles, tant
l’ensemble de la profession a été désignée comme cible”, a déclaré
l’organisation.
Depuis l’agression de Marine Turchi en marge du meeting de Nicolas Sarkozy au Trocadéro le 1er mai 2012 ,
d’autres journalistes ont confirmé avoir eux aussi été violemment pris à
partie lors du même rassemblement. C’est le cas par exemple de Geneviève de Cazaux ,
par ailleurs candidate UMP aux élections législatives, qui s’est fait
tirer les cheveux, arracher son badge presse et frapper dans le dos. Le 3
mai 2012, BFM TV a été contraint d’interrompre pendant quelques
minutes son direct depuis le rassemblement du président-candidat à
Toulon, lorsque Ruth Elkrief et son collègue Thierry Arnaud
ont été attaqués par des militants UMP : insultes, crachats et même jet
de bouteilles d’eau pleines, dont l’une a atteint Thierry Arnaud au
visage.
Interrogé à ce sujet le 4 mai sur Europe 1 ,
Nicolas Sarkozy a “condamné toute personne qui s’en prendrait
verbalement à un journaliste”, mais il a demandé à la presse de
“comprendre l’exaspération” du public.
A la veille du second tour, Reporters sans frontières
appelle également les autorités à renoncer aux procédures intentées
contre des médias et utilisateurs des réseaux sociaux qui publieraient
des informations sur les résultats électoraux avant 20 heures, le 6 mai.
Deux commissions de contrôle de la campagne présidentielle viennent de
rappeler l’interdiction de diffusion des sondages et d’estimations de
résultats avant la fermeture des derniers bureaux de vote.
“Les autorités se trompent à nouveau de cible en visant
les médias et les utilisateurs de réseaux sociaux. Nous admettons tout à
fait que la publication d’estimations de résultats avant la fin des
opérations de vote pose question. Mais ce problème signale avant tout la
nécessité d’adapter une législation et des procédures obsolètes, aux
bouleversements des pratiques de l’information. Il est pour le moins
incohérent de vouloir empêcher les médias de diffuser une information
qu’ils détiennent et qui est accessible par ailleurs à l’étranger”, a
déclaré Reporters sans frontières.
“Le prochain président de la République devra impulser
une modification de la loi régulant la publication et la diffusion des
résultats électoraux. Celle-ci date de 1977 et elle apparaît clairement
dépassée face au paysage de l’information actuel, marqué par Internet et
les nouveaux médias . Dans son application stricte, elle impose une
restriction au droit du public à l’information sur des sujets d’intérêt
général, et contrevient à l’article 10 de la Convention européenne des
droits de l’homme. L’adaptation de la législation devra se faire de
façon concertée avec les représentants des professionnels des médias et
le Conseil national du numérique (CNN).”
Une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet de Paris contre Le Soir , la Radio Télévision Belge Francophone , un journaliste belge, l’ Agence France-Presse
et un site Internet basé en Nouvelle Zélande, suite à la divulgation
d’estimations de résultats le soir du premier tour de l’élection, le 22
avril 2012.
Plus généralement, la campagne présidentielle aura été une occasion manquée de débattre de l’état de la liberté de l’information en France . Dans un rapport publié en février 2012, Reporters sans frontières en a dressé un tableau contrasté. Respect du secret des sources , mode de nomination des présidents de l’audiovisuel public, difficultés à couvrir les affaires judiciaires, comportement de certains élus locaux … Nombreux sont les chantiers qui méritent d’être engagés pour protéger le rôle essentiel des médias dans notre pays.
L’organisation appelle notamment le prochain président de la République à impulser rapidement les réformes suivantes :
Abroger la loi prévoyant la nomination des
présidents de l’audiovisuel public par le chef de l’Etat, et confier
cette charge à une commission indépendante du pouvoir politique et
représentative du secteur des médias.
Amender la loi sur la protection du secret des
sources des journalistes en prévoyant notamment des sanctions pour les
contrevenants, et en encadrant clairement les cas d’exception.
Faciliter la couverture des dossiers judiciaires
en supprimant le « délit de publication d’acte de procédure » et en
abandonnant le « recel du secret de l’instruction ».
Abandonner tout recours au filtrage administratif
du Web et la possibilité de suspendre la connexion à Internet pour
sanctionner le téléchargement illégal.
Lire le précédent communiqué à ce sujet
Lire le rapport “La tentation du contrôle : Enquête sur la situation de la liberté de la presse en France”
— Johann Bihr (Йоханн Бир) Reporters sans frontières
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