En Indonésie, la dictature répressive de Suharto a peut-être pris fin il y a cinq ans, mais les fantômes de l’autoritarisme refont surface, prévient Human Rights Watch. Dans un rapport rendu public la semaine dernière, le groupe dit que sous la présidence de Megawati Sukarnoputri, qui a accédé au pouvoir le 23 juillet 2001, se […]
En Indonésie, la dictature répressive de Suharto a peut-être pris fin il y a cinq ans, mais les fantômes de l’autoritarisme refont surface, prévient Human Rights Watch. Dans un rapport rendu public la semaine dernière, le groupe dit que sous la présidence de Megawati Sukarnoputri, qui a accédé au pouvoir le 23 juillet 2001, se dégage calmement une tendance à recourir à des politiques régressives destinées à limiter la dissidence politique en Indonésie.
Le rapport documente des dizaines de cas d’individus arrêtés et accusés d’avoir exprimé de manière non violente des opinions dissidentes à l’égard du gouvernement Sukarnoputri. À cette fin, on a dépoussiéré certaines lois draconiennes datant de l’ère coloniale, toujours inscrites au Code pénal indonésien, afin de faciliter les poursuites politiques, et encore une fois utilisées comme instrument politique pour faire taire la dissidence, dit Human Rights Watch.
Depuis l’accession au pouvoir de Sukarnoputri, en juillet 2001, 39 prisonniers d’opinion ont été incarcérés en Indonésie, dit Human Rights Watch. Les autorités avaient relâché tous les prisonniers d’opinion durant les années qui ont suivi la chute du régime du président Suharto, en 1998, et qui ont précédé l’accession de Sukarnoputri à la présidence.
Human Rights Watch se dit particulièrement préoccupé du recours croissant à un article du Code pénal indonésien qui fait de « l’insulte au président ou au vice�président » un délit passible d’une peine pouvant aller jusqu’à six ans de prison. Depuis la fin de 2002, au moins 14 militants politiques ont été condamnés à des peines de prison et trois autres doivent répondre à des accusations portées en vertu de ces dispositions. Dans la plupart des cas, les militants ont été arrêtés à la suite de leur participation à des manifestations pacifiques, fait remarquer Human Rights Watch.
Bien que l’espace politique pour les dissidents se soit considérablement agrandi depuis la chute de Suharto, les lois de l’époque coloniale qui limitent la libre expression sont toujours en vigueur et permettent toujours aux autorités de viser des individus de façon arbitraire. Human Rights Watch demande au gouvernement indonésien de libérer tous les prisonniers d’opinion et d’abroger les lois surannées. Le groupe presse également les pays donateurs, dont le Japon, l’Union européenne, les États-Unis et l’Australie, d’exercer des pressions sur l’Indonésie pour qu’elle abroge ces lois.
Lire le rapport de Human Rights Watch à http://hrw.org/reports/2003/indon0703/
ARTICLE 19 aussi prie instamment le gouvernement indonésien d’abroger les lois pénales sur la diffamation.
Lire sa lettre récente à Sukarnoputri à : http://www.article19.org/docimages/1638.doc
Consulter les sites suivants :
– Amnistie Internationale : http://web.amnesty.org/library/index/engasa210272003
– Institut international de la presse : http://www.freemedia.at/wpfr/Asia/indonesi.htm