Un grand nombre de groupes de défense de la liberté dâopinion, dont lâAssociation des médias électroniques indépendants de Yougoslavie (ANEM), Reporters sans frontières (RSF), lâInstitut international de la presse (IIP), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), le Greek Helsinki Monitor (GHM) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), ont rapporté avec indignation lâassassinat, […]
Un grand nombre de groupes de défense de la liberté dâopinion, dont lâAssociation des
médias électroniques indépendants de Yougoslavie (ANEM), Reporters sans frontières
(RSF), lâInstitut international de la presse (IIP), la Fédération internationale des
journalistes (FIJ), le Greek Helsinki Monitor (GHM) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), ont rapporté avec indignation lâassassinat, le 11 avril à Belgrade, de Slavko Curuvija, directeur et rédacteur en chef du quotidien indépendant âDnevni Telegrafâ. Deux inconnus masqués lâont abattu au moment où il rentrait chez lui en compagnie de sa femme, lâhistorienne Branka Prpa, qui a reçu pour sa part des coups de crosse de revolver au visage jusquâà perdre connaissance. Curuvija avait été rédacteur en chef au quotidien âBorbaâ jusquâen 1994, soit jusquâà ce que les autorités sâen furent emparées. Après avoir démissionné du âBorbaâ, Curuvija a fondé lâhebdomadaire âNedeljni Telegrafâ et, en 1996, le quotidien indépendant âDnevni
Telegrafâ. Il a ensuite fondé en 1998 la revue âEvropljaninâ. Il a aussi collaboré à des médias étrangers, notamment aux quotidiens britanniques âThe Guardianâ et âThe Independentâ, et à lâhebdomadaire âThe Europeanâ.
Selon RSF, Curuvija a été visé parce que ses publications étaient âdâesprit indépendant
et critique à lâencontre du régime de Milosevicâ. Les autorités serbes lâaccusaient de âtrahisonâ et de âporter atteinte [par ses articles] à lâordre constitutionnel et à lâintégrité
territoriale de la Serbie et de la Yougoslavieâ. Le âDnevni Telegrafâ et la revue âEvropljaninâ ont été interdits par les autorités en octobre 1998 en vertu de la nouvelle Loi sur lâinformation. Il a continué en publiant le quotidien au Monténégro et en le faisant entrer clandestinement en Serbie. Il a de nouveau été contraint de fermer dit CPJ, après le début des bombardements de lâOTAN, le 24 mars. Le 8 mars, Curuvija et deux autres journalistes du âDnevni Telegrafâ avaient été condamnés à cinq mois de prison pour la publication dâun article mettant en cause un vice-Premier ministre serbe, Milovan Bojic, en lâaccusant implicitement dâêtre à lâorigine de la mort dâun médecin. Le
journaliste avait déjà fait lâobjet de nombreuses menaces de mort, certaines dâentre
elles ayant même été reproduites dans la presse officielle. âLes journalistes serbes
perçoivent son assassinat comme un avertissement voire comme le signal dâen
découdre avec ceux que les autorités appellent âla cinquième colonneâ â.
Le CPJ et la FIJ ont protesté auprès de lâOTAN après que le commodore de lâair David
Wilby, de Grande-Bretagne, eut déclaré le 8 avril que, la radio et la télévision serbes
étant âun instrument de propagande et de répressionâ, elles étaient considérées
dorénavant comme âdes cibles légitimesâ. Bien que la déclaration ait été retirée
ultérieurement, les forces de lâOTAN ont bombardé le 9 avril plusieurs pylônes de
transmission. Le CPJ a annoncé que la tour de Pristina et celle située au nord de
Belgrade auraient été touchées, de sorte que âPristina est effectivement coupée des
sources officielles, et il ne reste plus aucune source dâinformation indépendanteâ. Une autre tour fonctionne à Belgrade, tandis que les stations de radio locales, qui disposent de leurs propres émetteurs, retransmettent la programmation dâÃtat aux auditoires qui dépendaient de la tour du nord de Belgrade.
Les stations de radio et de télévision du Monténégro subissent de fortes pressions du
gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie pour quâelles diffusent
davantage de programmes âpatriotiquesâ. Selon lâANEM, au Monténégro, le ministère
de lâInformation a ordonné à tous les membres de lâANEM de cesser de diffuser de la
programmation étrangère comme celle de la Voix de lâAmérique et de âRadio Free
Europeâ. Les membres affiliés de lâANEM au Monténégro ont cependant refusé dâobéir.
Ils ont obtenu lâappui du gouvernement monténégrin du Président Milo Djukanovic, dont la police a entouré la station dâÃtat âTV-Monténégroâ lorsque le gouvernement fédéral a tenté de sâen emparer.
LâAssociation mondiale des journaux (AMJ) condamne la fermeture des médias
indépendants en Yougoslavie et la détention des journalistes étrangers, âsurtout en
temps de guerre, quand des informations précises peuvent sauver des viesâ. LâAMJ
rapporte que trois journalistes étrangers ont été capturés le 2 avril par les autorités
serbes à Blace, sur la frontière du Kosovo et de la Macédoine, et retenus pendant cinq
jours. Selon le CPJ, deux correspondants de la télévision publique russe ont été
expulsés de Yougoslavie après que lâémission âVestiâ eut montré la destruction, par
lâOTAN, de lâimmeuble qui abritait le ministère de lâIntérieur. Le 4 avril, le réseau russe NTV sâest plaint que ses émissions en provenance de la région étaient soumises à la censure militaire.