La semaine dernière, tandis que les Ãtats-Unis, la Grande-Bretagne et dâautres pays portaient leur guerre en Irak, vingt groupes membres de lâIFEX, venant de seize pays, ont appuyé un appel conjoint à tous les pays parties au conflit de sâabstenir de viser les médias, de veiller à garantir la libre circulation des informations et de […]
La semaine dernière, tandis que les Ãtats-Unis, la Grande-Bretagne et dâautres pays portaient leur guerre en Irak, vingt groupes membres de lâIFEX, venant de seize pays, ont appuyé un appel conjoint à tous les pays parties au conflit de sâabstenir de viser les médias, de veiller à garantir la libre circulation des informations et de respecter les droits des journalistes, le tout conformément au droit international.
Les membres demandent à toutes les parties au conflit de reconnaître la nécessité de la libre circulation des informations et de sâabstenir de censurer la couverture médiatique ou dâintervenir dans lâaction des médias, même lorsque les journalistes se déplacent sous protection militaire.
Nous recommandons également que les journalistes et les médias qui ne travaillent pas sous protection militaire accordent la priorité aux mesures de sécurité, y compris à la nécessité de ne travailler quâà partir de zones sûres et de recourir à des arrangements de mise en commun des informations entre les différents médias, de façon à réduire les risques. »
Lâappel était lancé au moment où les membres de lâIFEX pleuraient la mort du photographe australien Paul Moran et du correspondant de guerre britannique Terry Lloyd, qui ne voyageaient pas sous la protection des forces armées américaines ou britanniques, et ont fait part de leur inquiétude face au sort de deux employés des médias portés disparus.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) rapporte que Moran a été tué le 22 mars dans ce qui semble avoir été un attentat suicide, alors quâil était en mission pour lâAustralia Broadcasting Corporation (ABC) dans le nord-est de lâIrak.
Moran est mort lorsquâun homme a fait exploser une voiture à un poste de contrôle près du village de Gerdigo. Lâattentat à la bombe aurait visé les soldats de lâUnion patriotique du Kurdistan, un groupe de combattants kurdes qui venaient tout juste de prendre la zone environnante des mains de lâorganisation rivale Ansar Al-Islam, dit le CPJ.
Le même jour, le reporter Terry Lloyd, du réseau ITV, perdait la vie dans la ville méridionale dâIman Anas lorsque le véhicule dans lequel il se déplaçait en compagnie de ses collègues a essuyé des tirs, selon le CPJ. Les collègues de Lloyd â lâopérateur caméra Fred Nerac et lâinterprète Hussein Othman â sont portés disparus.
Selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Lloyd, qui était âgé de 50 ans, serait mort après avoir été visé par des « tirs amis » des forces de la coalition américano britannique. La FIJ demande une enquête complète sur les circonstances de sa mort.
Par ailleurs, plusieurs membres de lâIFEX ont exprimé leur inquiétude devant les restrictions que lâarmée américaine impose à la couverture et les menaces de représailles contre les médias irakiens.
Après que la télévision irakienne eut diffusé des images de soldats américains morts et blessés la semaine dernière, le Secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a laissé entendre que les forces armées américaines pourraient prendre les médias pour cibles. La FIJ a prévenu quâune telle menace pourrait entraîner une escalade et déboucher sur un « bain de sang des médias » où tous les journalistes seraient visés.
Tout en critiquant lâaction irakienne, la FIJ a déclaré que « [le fait de] viser les médias irakiens ne fera quâouvrir la porte aux représailles contre des centaines de professionnels des médias étrangers qui travaillent en Irak. »
Le CPJ et Reporters sans frontières (RSF), par ailleurs, expriment leur préoccupation de voir la politique de lâarmée américaine, consistant à « incruster » des reporters dans les troupes de front de la coalition, donner aux commandants trop dâautorité pour restreindre la couverture.
Selon les lignes directrices en matière dâ« incrustation », les autorités militaires ont le dernier mot sur ce que les journalistes peuvent couvrir si lâinformation est jugée délicate. Les lignes directrices permettent aussi aux officiels de restreindre la couverture en limitant les mouvements des journalistes ou en retardant leur capacité à transmettre leurs textes, dit le CPJ.
De manière plus importante, dit le CPJ, les officiels américains nâoffrent aucune garantie convaincante que les journalistes qui nâaccompagnent pas les troupes américaines seront autorisées à couvrir la situation sans restrictions.
Le CPJ fait aussi remarquer que les autorités irakiennes ont expulsé cinq journalistes depuis le début de la guerre. Quatre dâentre eux travaillaient pour CNN qui, dâaprès des officiels irakiens, est « pire que lâadministration américaine », selon Nic Robertson, lâun reporters expulsés.
Consulter les sites suivants :
– Appel conjoint de lâIFEX : www.ifj.org« >http://www.ifj.org/hrights/protests/030321iraq.html »>www.ifj.org
– Rapport spécial « Guerre dans le Golfe » du CPJ : www.cpj.org« >http://www.cpj.org/Briefings/2003/gulf03/gulf03.html »>www.cpj.org
– FIJ « Ligne secours pour les journalistes qui couvrent la guerre en Irak » : www.ifj.org/hrights« >http://www.ifj.org/hrights/iraq/index.html »>www.ifj.org/hrights
– Couverture spéciale de RSF « Guerre en Irak » : www.rsf.org« >http://www.rsf.org/rubrique.php3?id_rubrique=316 »>www.rsf.org
– Dossier de Human Rights Watch sur lâIrak : www.hrw.org« >http://www.hrw.org/campaigns/iraq/ »>www.hrw.org
– Columbia Journalism Review, sur la question de lâ« incrustation » des journalistes : www.cjr.org« >http://www.cjr.org/year/03/2/embed.asp »>www.cjr.org
– Projet « Crimes de guerre » : www.crimesofwar.org« >http://www.crimesofwar.org/index.html »>www.crimesofwar.org
– Groupe Fairness and Accurancy in Reporting : www.fair.org« >http://www.fair.org »>www.fair.org
– Journal « Toronto Star » sur le pari dâAl Jazirah concernant la libre expression :
www.thestar.ca