Adam Ali Adam, journaliste du N’Djamena Al Djadida, a été enlevé le 15 décembre 2012 à Khartoum, où il effectue des études universitaires. Au cours de ces derniers mois, le jeune homme avait été ciblé par des menaces en raison de ses écrits sévères à l’égard du gouvernement.
(RSF/IFEX) – 31 décembre 2012 – Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude face à la recrudescence des menaces visant la presse tchadienne. L’année 2012, déjà marquée par l’affaire Nékim, se termine avec une alarmante série d’incidents visant les titres d’opposition.
« Il est insupportable de constater que les journalistes d’opposition tchadiens sont victimes de menaces alors même que la Constitution garantit la liberté de la presse » a déclaré Reporters sans frontières. « La multiplication des tentatives d’intimidation sur des journalistes est une grave manifestation de la volonté politique d’étouffer la presse indépendante. Les dépositaires du pouvoir doivent cesser d’utiliser illégalement les institutions étatiques pour protéger leurs intérêts, au détriment de la liberté de l’information. »
Adam Ali Adam, journaliste du N’Djamena Al Djadida, a été enlevé le 15 décembre 2012 à Khartoum (capitale du Soudan) où il effectue des études universitaires. Au cours de ces derniers mois, le jeune homme avait été ciblé par des menaces en raison de ses écrits sévères à l’égard du gouvernement. Ses proches n’ont plus aucune nouvelle de lui depuis sa disparition. Sa localisation et l’identité de ses ravisseurs restent inconnues, mais des rumeurs circulent sur son extradition vers N’Djaména.
Plusieurs incidents ont visé l’équipe rédactionnelle du très populaire bi-mensuel Abba Garde après la publication d’un numéro particulièrement critique envers le président du groupe parlementaire du Mouvement patriotique du salut (MPS), actuellement au pouvoir. Le directeur de publication du magazine, Moussaye Avenir de la Tchiré, a reçu pendant plusieurs jours des menaces téléphoniques avant de les voir se concrétiser par l’enlèvement de l’un des journalistes de sa rédaction, Franck Mbaidje Mbaidogotar. Ce dernier a été kidnappé le 26 décembre 2012 par des hommes portant l’uniforme de la gendarmerie, qui l’ont sévèrement battu avant de le relâcher. Le journaliste a plusieurs phalanges fracturées.
Deux jours plus tard, plusieurs individus non identifiés se sont introduits de nuit au domicile de Moussaye Avenir de la Tchiré. Contacté par RSF, le journaliste affirme que les intrus avaient été envoyés par des hommes politiques, vraisemblablement pour l’assassiner. Moussaye Avenir de la Tchiré fait fréquemment l’objet de pressions et de menaces de la part d’hommes politiques en raison de la liberté d’opinion qu’il accorde à ses rédacteurs. En juin dernier, il faisait partie d’un groupe de journalistes tchadiens qui s’affirmaient menacés par Jean-Bernard Padaré, ministre des Affaires foncières et du domaine. Un mois plus tard, il faisait l’objet d’une tentative d’enlèvement.
Jean-Claude Nékim, directeur de publication du journal indépendant N’Djaména Bi-Hebdo, fait toujours l’objet de poursuites judiciaires pour avoir relayé dans son journal une pétition « contre la mal-gouvernance » et « l’arbitraire du pouvoir Deby » et pour avoir par la suite publié une caricature de son procès.