Les organisateurs des Jeux Olympiques de Pékin reviennent sur leurs promesses de donner aux journalistes l’entier accès à l’Internet lorsqu’ils couvriront les Jeux, et bloquent les sites web au Centre principal de la Presse et en d’autres lieux où vont travailler les reporters, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières […]
Les organisateurs des Jeux Olympiques de Pékin reviennent sur leurs promesses de donner aux journalistes l’entier accès à l’Internet lorsqu’ils couvriront les Jeux, et bloquent les sites web au Centre principal de la Presse et en d’autres lieux où vont travailler les reporters, rapportent le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et les dépêches.
Selon Reuters et Associated Press, les officiels du Comité International Olympique (CIO) sont convenus avec la Chine de permettre de bloquer pendant le Jeux l’accès des médias à certains sites web sensibles, a déclaré le 30 juillet Kevan Gosper, haut dignitaire du CIO.
La veille, le site web d’Amnistie Internationale, ainsi que toute recherche de site ayant le mot « Tibet » dans son adresse, ne pouvait déjà plus être ouvert au Centre de la presse, qui accueillera environ 5 000 journalistes de la presse écrite lorsque les Jeux commenceront la semaine prochaine. Amnistie vient tout juste de publier un rapport qui éreinte la Chine parce qu’elle manque à ses engagements olympiques en faveur des droits de la personne.
Gosper, qui préside la Commission de la presse du CIO, avait déclaré auparavant que l’accès à l’Internet pour les 20 000 journalistes et plus accrédités aux Jeux serait « libre et ouvert ».
Apprenant que certains sites web étaient bloqués à l’intérieur du Centre de la presse, Gosper a déclaré à Reuters, « … comprenez maintenant que certains officiels du CIO ont négocié avec les Chinois pour que certains sites sensibles soient bloqués au motif qu’ils ne sont en rien reliés aux Jeux ».
Gosper a dit regretter qu’il y ait des limites, et croit que les organisateurs chinois et le CIO « auraient dû transmettre plus tôt un message clair aux médias internationaux, pour ce qui est de l’accès à l’Internet ».
Sun Weide, porte-parole des organisateurs de Pékin, a confirmé que les autorités ne garantiraient aux médias accrédités qu’un accès « suffisant » à l’Internet.
L’accès à la BBC et à d’autres sites de nouvelles étrangers, comme le radiodiffuseur public allemand Deutsche Welle et le tabloïd de Hong Kong « Apple Daily », est également bloqué depuis quelques jours, dit RSF. Le site web de RSF est lui aussi devenu inaccessible. Le Ministère chinois des Affaires étrangères confirme que les sites reliés au mouvement Falun Gong, que le gouvernement qualifie de culte dangereux, est lui aussi hors d’atteinte des journalistes.
« Les reportages d’aujourd’hui selon lesquels la Chine non seulement n’a jamais eu l’intention d’accorder l’accès sans entraves à l’Internet, mais aussi que des officiels de haut rang du CIO sont complices de cet arrangement me découragent », déclare le président du CPJ Paul Steiger. « Ces nouvelles traduisent un recul majeur. Le CIO doit corriger cette question extrêmement troublante rapidement et de manière publique. »
La censure de l’Internet n’est que la dernière en date des promesses rompues concernant des libertés de la presse. Lorsqu’elle a posé sa candidature pour tenir les Olympiques il y a sept ans, la Chine a promis que les médias étrangers auraient « l’entière liberté de reportage ».
Vendredi dernier, la police locale a malmené des reporters et des équipes de tournage de Hong Kong et confisqué les séquences qu’ils avaient prises d’une dispute entre des personnes qui faisaient la queue pour acheter des billets des compétitions olympiques, rapportent l’Association des journalistes de Hong Kong et la FIJ.
Bien que certaines restrictions concernant les déplacements aient été adoucies en janvier 2007 en faveur des journalistes étrangers, les règles moins strictes ont été en grande partie laissées de côté lors des manifestations de mars dernier au Tibet.
À la veille des Jeux, les membres de l’IFEX documentent les multiples façons dont la Chine manque à ses engagements et font campagne pour que cela change. Consulter les sections spéciales de l’IFEX sur les Jeux de Pékin : http://ifex.org/en/content/view/full/95159/ et http://campaigns.ifex.org/en/index.html
RSF vient également de publier un guide sur la façon de contourner la censure de l’Internet pour les journalistes étrangers qui s’apprêtent à se rendre à Pékin. Lire ici : http://tinyurl.com/5r7mch
Consulter aussi les sites suivants :
– CPJ : http://tinyurl.com/5ajf36
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=27987
– FIJ : http://tinyurl.com/55rkkd
– Reuters : http://tinyurl.com/6n5oyv
– Associated Press : http://tinyurl.com/6kwfe3
(Photographie : Le Centre Pricipal de la Presse pur les Jeux olympiques de Pékin. Andy Wong/AP)
(30 juillet 2008)