Le gouvernement ouzbek accroît sa campagne de harcèlement et de menaces contre les militants des droits de la personne et des organisations internationales dans le but d’étouffer la société civile et d’éliminer les organisations non gouvernementales (ONG), rapporte Freedom House. La semaine dernière, ce groupe membre de IFEX est devenu la dernière ONG à se […]
Le gouvernement ouzbek accroît sa campagne de harcèlement et de menaces contre les militants des droits de la personne et des organisations internationales dans le but d’étouffer la société civile et d’éliminer les organisations non gouvernementales (ONG), rapporte Freedom House.
La semaine dernière, ce groupe membre de IFEX est devenu la dernière ONG à se voir nier la permission de fonctionner dans le pays après qu’un tribunal civil de Tachkent eut ordonné la suspension du groupe pendant les six prochains mois.
Les autorités ouzbeks accusent Freedom House de violer les lois ouzbeks, y compris de donner aux militants des droits de la personne accès à l’Internet. Freedom House interjette appel de la suspension.
Les autorités ouzbeks ont intensifié les mesures de harcèlement des militants locaux et des organisations internationales de défense des droits de la personne depuis que les forces de sécurité ont ouvert le feu, le 13 mai 2005, sur des centaines de personnes qui manifestaient pacifiquement dans la vile d’Andijan, dans l’est du pays, indique Freedom House.
Le gouvernement a refusé de laisser des observateurs internationaux aller à Andijan pour vérifier combien de personnes avaient été tuées.
D’après un rapport de Human Rights Watch, ceux qui ont tenté de dire la vérité sur les tirs ont été « arrêtés pour des motifs fallacieux, détenus, passés à tabac, menacés, mis en surveillance ou placés en résidence surveillée, attaqués par des groupes et humiliés dans des séances de dénonciation publique menées dans le plus pur style soviétique ».
Jusqu’en septembre 2005, au moins onze militants des droits de la personne avaient été emprisonnés et au moins quinze autres avaient dû fuir le pays pour l’exil, dit Human Rights Watch.
Depuis le massacre, environ 200 organisations locales ont été forcées de cesser leurs activités ou de quitter le pays, fait remarquer Freedom House. De nombreuses ONG et organisations internationales de médias, dont Internews, la BBC, Radio Free Europe et l’Open Society Institute ont subi des pressions pour les inciter à quitter le pays.
Dans sa revue de 2005 des libertés civiles dans le monde, Freedom House classe l’Ouzbékistan comme l’un des régimes les plus répressifs du monde. « L’État impose des limites strictes aux libertés de parole et de la presse, en particulier en ce qui concerne les reportages sur le gouvernement et sur [le président Islam] Karimov. Le gouvernement contrôle les grands médias, les imprimeries et les entreprises de distribution des journaux. L’autocensure est généralisée, tandis que les quelques journalistes qui osent produire des reportages fouillés ou critiques des autorités se heurtent au harcèlement, à la violence physique et à la fermeture de leur médias », dit le rapport.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ajoute que tous les radiodiffuseurs étrangers indépendants ont été contraints de quitter l’Ouzbékistan en raison du harcèlement et des menaces incessants des autorités.
En octobre 2005, la BBC a fermé son bureau de Tachkent, invoquant les pressions gouvernementales, tandis que le service ouzbek de Radio Free Europe (RFE) documentait plus de 30 cas d’attaques contre ses journalistes depuis le massacre d’Andijan. Le 12 décembre 2005, RFE se voyait nier l’accréditation et déclarait qu’il allait mettre fin à ses activités dans le pays.
Reporters sans frontières (RSF) fait remarquer que l’Internet demeure le meilleur espoir de l’Ouzbékistan en matière de nouvelles et d’information indépendantes. Il y a un certain nombre de sites de journalisme citoyen, comme Arena (http://www.freeuz.org), ou des sites web dirigés par des partis d’opposition. Ces derniers toutefois sont souvent visés par la censure et sont bloqués systématiquement par les autorités.
Pour des mises à jour sur la situation en Ouzbékistan, consulter : http://ifex.org/en/content/view/full/185/
Consulter les sites suivants :
– Dossier de RSF sur l’Ouzbékistan :
http://www.rsf.org/une_pays-31.php3?id_mot=80&Valider=OK
– Freedom House : http://tinyurl.com/bto74
– Dossier de Freedom House sur l’Ouzbékistan : http://tinyurl.com/7aqs4
– Dossier de Human Rights Watch sur le massacre d’Andijan : http://hrw.org/reports/2005/uzbekistan0605/
– Enterrer la vérité : http://hrw.org/reports/2005/uzbekistan0905/
– Un journaliste ouzbek témoigne du massacre : http://tinyurl.com/c4xut
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2005/Uzbek12dec05na.html
– Index on Censorship sur la popularité de l’Internet en Ouzbékistan : http://tinyurl.com/bxoan
– Un ancien expert des Nations Unies décrie la torture en Ouzbékistan :
http://hrw.org/english/docs/2005/12/20/german12337.htm
– Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme : http://tinyurl.com/aq8kb
– Agence de nouvelles Ferghana : http://enews.ferghana.ru
(Photo: RFE/RL)