La tragédie du cyclone qui a tué jusqu’à 100 000 personnes en Birmanie et fait près d’un million de sans-abri a sans aucun doute été empirée par les graves restrictions que l’armée a imposées aux nouvelles et par son incapacité à alerter la population, indiquent l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian […]
La tragédie du cyclone qui a tué jusqu’à 100 000 personnes en Birmanie et fait près d’un million de sans-abri a sans aucun doute été empirée par les graves restrictions que l’armée a imposées aux nouvelles et par son incapacité à alerter la population, indiquent l’Alliance de la presse de l’Asie du Sud-Est (Southeast Asian Press Alliance, SEAPA), Mizzima News et d’autres membres de l’IFEX.
Selon la SEAPA, les autorités birmanes ont négligé d’informer la population que le cyclone s’apprêtait à frapper – en dépit de l’avertissement des météorologues indiens, qui avaient informé la Birmanie au moins 48 heures à l’avance. Un groupe de collègues de la SEAPA, qui se trouvaient à Rangoon lorsque le cyclone a touché le pays, rapporte que les premiers avertissements que les gens ont reçus seraient venus apparemment de groupes de discussion de Birmans vivant en exil et d’émissions de radios étrangères en provenance de Thaïlande.
« Il est clair que la Birmanie doit s’ouvrir, non seulement aux agences d’aide, mais aussi aux médias locaux et étrangers », a déclaré la SEAPA. « Il est essentiel de procéder à une évaluation transparente des dommages provoqués par le cyclone si nous voulons nous assurer que l’aide circule librement et de manière efficace, et qu’elle atteint toutes les communautés touchées par le désastre. »
Mais la Birmanie offre les pires conditions de l’Asie du Sud-est en matière de liberté de presse et d’accès à l’information. Tous les systèmes de radiodiffusion appartiennent à l’État, les principaux journaux sont contrôlés par le gouvernement et le reste du secteur des médias est exploité dans le cadre d’un régime strict de censure qui décourage systématiquement ou qui interdit la couverture de la politique, des problèmes sociaux et même des calamités naturelles et de celles qui sont provoquées par les hommes, dit la SEAPA. L’Internet également est sévèrement restreint et surveillé – encore plus d’ailleurs depuis la répression des protestations non violentes de septembre dernier, dont les nouvelles sont parvenues à l’extérieur en grande partie grâce à l’Internet.
D’après le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), les reporters étrangers se sont vu refuser des visas pour circuler dans le pays et rapporter les répercussions du cyclone, la même tactique qui a été utilisée lors des manifestations de l’an dernier.
Le personnel de l’aide internationale a également été tenu à l’écart, dit la SEAPA. « Lorsque la junte militaire birmane a refusé vendredi de laisser entrer dans le pays les travailleurs de l’aide humanitaire, son comportement a mis en lumière une terrible réalité : les généraux au pouvoir voient dans l’information indépendante un danger encore plus grand que le cyclone Nargis », écrit le directeur de la SEAPA, Roby Alampay, dans le « New York Times ».
Bien que libres de se rendre sur les lieux du désastre, dit Mizzima News, les journalistes locaux n’ont pas été autorisés à publier des photos détaillées des cadavres ou de parler des survivants qui ne reçoivent pas suffisamment d’aide.
Au milieu du chaos, la junte est allée de l’avant et a tenu pendant la fin de semaine son référendum constitutionnel qui vise à enchâsser son emprise sur le pouvoir, tout en transformant impudemment les secours en campagne de propagande.
La télévision d’État a diffusé en boucle des images des principaux généraux, dont le chef de la junte, Than Shwe, dans des cérémonies élaborées de distribution de boîtes et d’assistance aux citoyens touchés, indique le magazine « The Irrawaddy ».
« Déjà, on a vu des commandants régionaux inscrire leur nom sur des caisses d’aide expédiées d’Asie, pour dire qu’il s’agissait d’un don de leur part, puis les distribuer dans leur région », a déclaré Mark Farmaner, directeur de Burma Campaign UK. « L’aide ne va pas dans les régions qui en ont le plus besoin. »
Le référendum vise à obtenir l’appui du public à sa nouvelle constitution, qui garantit à l’armée 25 pour 100 des sièges au parlement et qui permet au président de confier à l’armée tout le pouvoir lors d’un état d’urgence. Les membres de l’IFEX ont, à de nombreuses reprises, qualifié d’impostures le référendum et la constitution.
Consulter les sites suivants :
– SEAPA (voir les dernières informations sur la Birmanie par des collègues de la SEAPA sur le thème « Covering Burma ») : http://www.seapabkk.org/
– Mizzima News : http://www.mizzima.com/
– ARTICLE 19 : http://tinyurl.com/3rwg8z
– Rapport d’ARTICLE 19 sur les désastres humanitaires et le droit à l’information (février 2005) : http://tinyurl.com/4zdnzs
– CPJ : http://tinyurl.com/5xx52s
– « Firewall Fighters » (mai 2008), rapport du CPJ sur le rôle vital joué en Birmanie par les médias animés par les exilés : http://www.cpj.org/firewallfighters/index.html
– « Communiqué de l’IFEX » sur le référendum (6 mai 2008) :
http://ifex.org/fr/content/view/full/93645/
– Burma Campaign UK : http://www.burmacampaign.org.uk/
– « The Irrawaddy » : http://www.irrawaddy.org/
(13 mai 2008)