En visite en Belgique la semaine dernière, le premier ministre de l’Ukraine, Viktor Yanukovych, ne s’attendait pas à devoir répondre à des questions sur les menaces à la liberté de la presse dans son pays. Ces questions ont été posées lorsque la Fédération internationale des journalistes (FIJ) l’a confronté le 19 mai au moyen d’un […]
En visite en Belgique la semaine dernière, le premier ministre de l’Ukraine, Viktor Yanukovych, ne s’attendait pas à devoir répondre à des questions sur les menaces à la liberté de la presse dans son pays. Ces questions ont été posées lorsque la Fédération internationale des journalistes (FIJ) l’a confronté le 19 mai au moyen d’un « catalogue de préoccupations », comprenant notamment le meurtre, toujours non élucidé, du journaliste Gyorgy Gongadze, et quelque 40 affaires d’intimidation contre des journalistes et des médias indépendants, survenus pendant la dernière année.
Le fait que le gouvernement ukrainien n’ait pu porter aucune accusation contre qui que ce soit dans le meurtre de Gongadze, survenu en septembre 2000, demeure un obstacle à la croissance de la démocratie et de la liberté de la presse dans le pays, a déclaré la FIJ à Yanukovych. Gongadze, qui était connu pour ses reportages critiques à l’égard du gouvernement ukrainien, a été assassiné à l’extérieur de la ville de Kiev. Personne n’a été mis en accusation. La FIJ indique que certaines allégations ont circulé, entre autres que le président de l’Ukraine, Leonid Kuchma, et de hauts dirigeants auraient conspiré contre Gongadze.
Yanukovych s’est fait demander s’il appuierait une nouvelle enquête indépendante sur le meurtre de Gongadze et s’il était prêt à faire de la question de la liberté de la presse et de la protection des journalistes un enjeu à l’élection présidentielle d’octobre prochain. On s’attend à ce que Yanukovych y soit un candidat important. Il a déclaré en effet à la FIJ que les « enquêtes dans l’affaire Gyorgy Gongadze doivent être absolument justes et équitables si on veut avoir une chance de trouver et de révéler le mystère derrière le crime ». Il s’est également engagé à appuyer « toutes les initiatives concernant les principes de la liberté de la presse et de la démocratie » pendant la période qui précède l’élection présidentielle.
Les critiques internationales à l’égard du bilan de l’Ukraine en matière de liberté de presse vont croissant. Selon un rapport récent du Conseil de l’Europe, un organisme intergouvernemental qui agit comme chien de garde des droits de la personne, le pays présente une fiche qui « demeure un important sujet d’inquiétude ». Le gouvernement est prié de traduire en justice les personnes responsables des agressions commises contre les journalistes.
La FIJ a créé sa propre enquête indépendante afin d’examiner pourquoi les enquêtes précédentes sur le meurtre de Gongadze n’ont pas réussi à rendre justice. En mars dernier, le gouvernement ukrainien a refusé d’accorder à la FIJ et à d’autres groupes de défense de la liberté de la presse un rôle de supervision dans une enquête internationale sur cette affaire.
Consulter les sites suivants :
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=9377
– Enquête de la FIJ :
http://www.ifj.org/default.asp?Index=2090&Language=EN
– ARTICLE 19 : http://www.article19.org.ua/indexe.html
– Dossier du Conseil de l’Europe :
http://www.coe.int/T/E/Human_Rights/media/7_Links/PDF_SG-Inf_2004_12%20_Ukraine_E.pdf