Amine Chikhi, journaliste photographe pour le journal "El Khabar", a été agressé par des policiers alors qu'il couvrait une manifestation de médecins dans la capitale, Alger.
(FIJ/IFEX) – Le 6 mai 2011 – La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a dénoncé aujourd’hui l’escalade de la violence contre les journalistes algériens perpétrée par les forces de l’ordre. La Fédération réagissait à l’incident survenu mercredi 4 mai au cours duquel Amine Chikhi, journaliste photographe pour le journal El Khabar, a été agressé par les policiers alors qu’il couvrait une manifestation de médecins dans la capitale, Alger.
Le Syndicat national des journalistes algériens (SNJ), affilié à la FIJ, a également condamné l’agression dont a été victime Chikhi, qualifiant le comportement de policiers de « scandaleux ». Dans un communiqué rendu public hier, le SNJ a déploré le fait que l’agression du photographe était loin d’être un cas isolé et a fustigé la « répression insupportable, intolérable et inadmissible qui s’abat sur les femmes et les hommes de la presse ».
« Nous condamnons avec vigueur l’attaque contre Chikhi et exigeons que les autorités ordonnent aux forces de l’ordre de cesser les violences à l’encontre des journalistes », a déclaré Jim Boumelha, le président de la FIJ. « Nous apportons notre soutien total à nos collègues algériens dans la défense de leurs droits et de leur liberté ».
Selon le SNJ, le photographe Chikhi a été roué de coups par les policiers qui ont également confisqué son matériel lors de leur intervention contre la manifestation de médecins.
L’incident de mercredi survient au moment où les journalistes algériens, sous la direction du SNJ, se mobilisent contre les tentatives du pouvoir visant à réviser la loi sur l’information en vigueur depuis 1990, suite au discours du président algérien Abdelaziz Bouteflika prononcé le 15 avril et évoquant le projet du gouvernement de remanier le code de l’information. Cette révision devrait, selon les autorités, porter sur la déontologie journalistique ainsi que sur l’ouverture du paysage audiovisuel en Algérie avec de nouvelles chaines thématiques de radio et de télévision.
La pétition lancée par le SNJ contre ce projet de révision a déjà recueilli des centaines de signatures de journalistes soutenant que la loi sur l’information en vigueur offre toutes les garanties d’une presse professionnelle et responsable. Selon le SNJ, la loi actuelle prévoit « un Conseil supérieur à l’information, un Conseil supérieur de l’audiovisuel, une carte nationale de presse, des conditions rigoureuses mais non politiciennes pour l’octroi d’agrément à de nouvelles publications, une convention collective, une loi sur la publicité, l’ouverture de l’audiovisuel et le respect des normes universellement admises en la matière.
La pétition comporte les principales revendications des journalistes algériens, notamment leur opposition à toute révision de la loi sur l’information dont ils réclament l’application et son respect par le pouvoir ainsi que la réhabilitation du Conseil supérieur à l’information, seule instance habilitée à délivrer la carte nationale de la presse. Elle exige aussi la fin de l’ingérence des politiques sous toutes ses formes dans tout ce qui concerne l’éthique et la déontologie journalistique ainsi que l’adoption de mesures nécessaires pour la mise en application du statut du journaliste de mai 2008.
« La FIJ se félicite de cette mobilisation des journalistes algériens contre toute ingérence politique dans la gestion de leur profession », a ajouté M. Boumelha. « Nous appelons les autorités à engager une consultation franche avec le SNJ sur toute réforme pouvant peser sur leurs conditions de travail ».