Le département de Valle del Cauca, dans l’ouest de la Colombie, affiche l’un des taux les plus élevés du pays en fait de violations de la liberté de la presse, ce qui contraint les journalistes au silence, constate la Fondation pour la liberté de la presse (Fundación para la Libertad de Prensa, FLIP). D’après l’analyse […]
Le département de Valle del Cauca, dans l’ouest de la Colombie, affiche l’un des taux les plus élevés du pays en fait de violations de la liberté de la presse, ce qui contraint les journalistes au silence, constate la Fondation pour la liberté de la presse (Fundación para la Libertad de Prensa, FLIP).
D’après l’analyse de la FLIP, de 2003 à la mi-2007, 50 violations ont été documentées : 35 journalistes ont été menacés; cinq d’entre eux ont pris le chemin de l’exil; et trois journalistes ont été tués.
Cali est la ville qui possède le niveau le plus élevé de violations des droits de la personne de tout le département. Menaces, intimidation, agressions et tentatives de meurtre par des groupes armés ou des politiciens corrompus qui veulent camoufler leurs crimes, tout cela mène à la pratique, largement répandue chez les journalistes de la région, de l’autocensure.
« Ici, on ne peut publier que des annonces officielles parce que fouiller pour savoir vous met en danger », déclare à la FLIP Blanca María Torres, rédactrice en chef du journal « El Caleño ».
Dans la ville portuaire de Buenaventura, des groupes armés qui luttent pour le contrôle du commerce de la drogue ont tenté d’assassiner plus de 100 personnes en 2006. Des journalistes censés être protégés en vertu d’un programme gouvernemental spécial se plaignent que les mesures de précaution comme des patrouilles de la police autour des domiciles et des lieux de travail des journalistes, ne sont plus appliquées.
Selon la FLIP, les cas qu’elle a documentés ne représentent pas toutes les violations de la liberté de la presse commises dans la région. Les journalistes souvent ont peur de les rapporter, ou ne font pas confiance aux autorités. La police, les procureurs de district, l’administration locale et le bureau du vice-président Francisco Santos ont déclaré à la FLIP recevoir des journalistes peu de plaintes de menaces. Mais les journalistes du département disent que les organes officiels ont souvent des liens avec les groupes armés illégaux, actifs dans la région.
Par ailleurs dans la capitale, un groupe colombien de défense des droits de la personne exige une enquête sur des accusations qui illustrent les liens étroits entre le gouvernement du président Álvaro Uribe Vélez et les paramilitaires.
Salvatore Mancuso, chef du groupe paramilitaire Autodéfenses unies de Colombie (Autodefensas Unidas de Colombia, AUC), a témoigné récemment devant un tribunal spécial, où il a affirmé que le vice-président Santos avait pressé les dirigeants de l’AUC de créer un groupe paramilitaire dans la capitale, Bogotá. Cette présence s’est réalisée ultérieurement.
Le groupe de défense des droits de la personne « Colectivo de Abogados » s’est adressé au procureur général pour qu’il ouvre une enquête en profondeur sur les allégations de Mancuso.
Le témoignage de Mancuso comporte de troublantes implications pour les journalistes ciblés par les paramilitaires. Un cas emblématique est celui du journaliste de Radionet et comique populaire Jaime Garzón, assassiné par l’AUC le 13 août 1999 à Bogotá. La journaliste Claudia Julieta Suárez, qui enquêtait sur cette affaire pour le Colectivo, a elle-même subi la surveillance et le harcèlement de la part d’agents de sécurité et du renseignement.
D’autres membres de l’AUC, dans leurs témoignages aux auditions « justice et paix », ont admis avoir assassiné trois journalistes : José Emeterio Rivas Rivas, bien connu pour son travail à la station de radio « Calor Estéreo » de Barrancabermeja; Efraín Varela, directeur de la station de radio « Meridiano 70 » à Arauca; et Martín La Rotta Duarte, directeur de la station de radio « La Palma Estéreo ». Dans le cadre du processus « justice et paix », les anciens paramilitaires reçoivent de substantielles réductions de peines en échange de l’aveu de leurs crimes et de leur démobilisation.
Consulter les sites suivants :
– Dossier de la FLIP sur Valle del Cauca :
(espagnol) http://www.flip.org.co/veralerta.php?idAlerta=249
(anglais) http://ifex.org/en/content/view/full/86414/;
http://ifex.org/en/content/view/full/86402/
– Magazine « Semana » sur le témoignage de Mancuso (espagnol) :
http://tinyurl.com/yq4dot
– Colectivo : http://tinyurl.com/2nd8f4
(2 octobre 2007)