Depuis l’effondrement du régime de Saddam Hussein en Irak, le pays vit un boom dans les médias, tandis qu’environ 150 nouvelles publications ont fait leur apparition dans le centre et le sud de l’Irak. Des dizaines de nouveaux journaux et magazines ont surgi dans la capitale, Bagdad, tandis qu’au Kurdistan irakien les médias continuent de […]
Depuis l’effondrement du régime de Saddam Hussein en Irak, le pays vit un boom dans les médias, tandis qu’environ 150 nouvelles publications ont fait leur apparition dans le centre et le sud de l’Irak. Des dizaines de nouveaux journaux et magazines ont surgi dans la capitale, Bagdad, tandis qu’au Kurdistan irakien les médias continuent de fleurir. La liberté de la presse se heurte toutefois à d’énormes obstacles, notamment à l’absence de la primauté du droit, à une économie en ruines, à une infrastructure inadéquate pour les médias indépendants et à l’absence de reportages équilibrés dans le pays.
Ce sont là quelques-unes des observations tirées d’un rapport publié récemment par Index on Censorship, le Centre des médias baltes (BMC), l’International Media Support et l’Institute for War and Peace Reporting (IWPR). « A New Voice in the Middle East » [Une nouvelle voix au Moyen-Orient] présente une évaluation provisoire des besoins des médias irakiens et offre des recommandations pour apporter une aide efficace aux les médias dans ce pays déchiré par la guerre.
Le rapport est le fruit d’une mission réalisée en mai et juin par Index on Censorship, le BMC et l’IWPR en Irak, où les groupes ont rencontré des journalistes locaux, des agences de donneurs, des responsables politiques irakiens, américains et britanniques et des représentants de l’Autorité provisoire de la Coalition. La mission a été décidée lors d’une rencontre de coordination de groupes internationaux d’aide à l’expansion des médias, le 24 avril à Londres. (Voir http://ifex.org/fr/content/view/full/51231/)
Le rapport souligne l’importance que les entreprises de presse irakiennes et les journalistes locaux participent à la création d’un environnement favorable à la libre circulation des informations et à l’exercice du débat ouvert.
« Il est essentiel de conserver une approche coordonnée et stratégique qui encourage la diversité des médias tout en s’efforçant de créer un noyau équilibré de couverture indépendante et de débat responsable. Un organisme seul ne réalisera pas cet objectif. Il faudra plutôt de la transparence, de la consultation et de la volonté, de la part des autorités de la coalition, pour que les médias irakiens et les professionnels des médias s’y engagent et tirent parti des connaissances d’organisations multilatérales et d’organisations internationales qui travaillent à l’expansion des médias. »
Le rapport recommande en outre que le gouvernement américain « énonce clairement son programme de diplomatie publique et le sépare fermement de toute stratégie d’expansion des médias », qu’il commence par publier un document de consultation sur la politique et les lois sur les médias, et « entame un débat ouvert avec les experts irakiens et internationaux des médias ».
Depuis quelques semaines, l’Autorité provisoire de la Coalition essuie les critiques de nombreux membres de l’IFEX parce qu’elle prépare de nouvelles règles qui visent à censurer les propos incendiaires dans les médias irakiens. Le chef de l’Autorité, Paul Bremmer III, a émis une liste en neuf points d’« activités prohibées », entre autres l’incitation à la haine raciale, ethnique ou religieuse, la défense du parti Baas, désormais interdit, et la publication de matériel « manifestement faux et calculé pour provoquer l’opposition à l’Autorité provisoire de la Coalition ou pour miner la démarche légitime vers l’auto-gouvernement », rapporte Index on Censorship.
L’imposition du « code de conduite » répond, selon toute vraisemblance, au nombre croissant d’articles anti-américains qui paraissent dans la presse locale. Les journaux qui représentent des partis politiques hostiles aux États-Unis publient aussi des reportages de toutes sortes, sans signature, accusant les forces occidentales de viol collectif, de vol et de nombreuses « insultes à l’Islam », fait remarquer Index on Censorship.
Selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ), la création d’un code de conduite sans consultation véritable avec les journalistes irakiens suscitera le ressentiment et nuira aux efforts pour bâtir une société démocratique. « Les journalistes devraient se rassembler et tomber d’accord entre eux [sur] les règles et les normes en matière de conduite éthique », dit la FIJ.
Lire le rapport intégral sur l’évaluation des besoins des médias à : http://www.indexonline.org/pdf/iraqmedia.pdf
Voir le commentaire de Index on Censorship sur le code de conduite formulé par l’Autorité provisoire de la Coalition : http://www.indexonline.org/news/20030611_iraq.shtml
Consulter les sites suivants :
– International Media Support : http://www.i-m-s.dk/
– Institute for War and Peace Reporting : http://www.iwpr.net
– Centre des médias baltes : http://www.bmc.dk/