En Macédoine, le projet de loi sur lâinformation publique aura des conséquences extrêmement négatives sur la liberté de la presse, soutiennent ARTICLE 19, lâInstitut international de la presse (IIP) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Les trois organisations relèvent un certain nombre de problèmes sérieux dans le libellé du projet de loi, à commencer […]
En Macédoine, le projet de loi sur lâinformation publique aura des conséquences extrêmement négatives sur la liberté de la presse, soutiennent ARTICLE 19, lâInstitut international de la presse (IIP) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Les trois organisations relèvent un certain nombre de problèmes sérieux dans le libellé du projet de loi, à commencer par les conditions énoncées pour limiter la liberté dâexpression. La Convention européenne des droits de lâhomme permet en effet certaines restrictions à lâexercice de la liberté dâexpression et dâinformation. Toutefois, le projet de loi de la Macédoine ne nuance pas ces restrictions en établissant clairement quâelles doivent être « nécessaires dans une société démocratique ».
LâIIP, la FIJ et ARTICLE 19 se disent également préoccupés de lâexigence posée aux journalistes de posséder des pièces dâidentité émises par un conseil nommé par le gouvernement, ce qui constitue une pratique contraire aux principes reconnus internationalement en matière de liberté des médias et donne aux autorités lâoccasion de décider qui a le droit de pratiquer le journalisme. Lâexigence faite aux entreprises de presse de sâinscrire est également inquiétante, dit la FIJ, parce quâelle donne à un organisme du gouvernement le pouvoir sans limites de faire taire. Pour lâIIP, le plus inquiétant, câest le fait que les peines en cas dâinfraction à la loi comprennent des responsabilités pénales, ce qui menace dâavoir « un puissant effet de paralysie sur la liberté dâexpression ». Les trois organisations constatent que la responsabilité pénale va à lâencontre de la tendance européenne à confier aux tribunaux civils les infractions aux restrictions qui limitent la liberté dâexpression.
Le projet de loi est censé donner aux médias le droit dâaccès aux informations officielles, mais ARTICLE 19 affirme que ce droit est miné par le fait que la personne qui donne lâinformation peut en retarder indéfiniment la divulgation. La FIJ et ARTICLE 19 se disent également inquiets de constater que les journalistes peuvent être contraints devant les tribunaux de dévoiler leurs sources aux parties, notamment les organes du gouvernement, qui ont un « intérêt légitime direct » à disposer de ces informations. En vertu de cette disposition, tout organisme du gouvernement qui suspecterait un de ses employés de transmettre des informations pourrait contraindre le journaliste à dévoiler ses sources. La loi crée aussi un concours annuel, ouvert aux médias, pour savoir quels sont ceux qu bénéficieront des fonds du gouvernement. ARTICLE 19 déclare que les critères favorisent les journaux qui existaient à lâépoque de lâindépendance de la Macédoine en 1991, dont la plupart appartenaient à lâépoque à la société dâimpression dâÃtat, et qui sont toujours, dans les faits, contrôlés par lâÃtat. De plus, ARTICLE 19 et la FIJ critiquent le secret et lâabsence de consultation pendant le processus de rédaction du projet de loi.
La nouvelle loi remplacera un certain nombre de lois répressives héritées de lâépoque où la Macédoine faisait partie de la Yougoslavie, dit lâIIP, qui ajoute quâun projet de loi antérieur, datant de mai 2000, avait fait lâobjet dâune analyse par des experts des médias européens, qui avaient recommandé des changements pour la rendre conforme aux normes européennes. Cette nouvelle version, cependant, « semble encore plus répressive que la précédente ».
Pour plus de renseignements, voir les sites http://www.article19.org, http://www.freemedia.at et http://www.ifj.org.