Pendant qu’Israël accentue son offensive militaire au Liban, les journalistes qui couvrent le conflit continuent d’essuyer des tirs. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) rapporte que des équipes de quatre stations de télévision arabes ont dit à l’organisation que l’aviation israélienne a tiré le 22 juillet 2006 des obus à moins de 75 […]
Pendant qu’Israël accentue son offensive militaire au Liban, les journalistes qui couvrent le conflit continuent d’essuyer des tirs.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) rapporte que des équipes de quatre stations de télévision arabes ont dit à l’organisation que l’aviation israélienne a tiré le 22 juillet 2006 des obus à moins de 75 mètres d’eux pour les empêcher de couvrir les effets des bombardements israéliens dans la ville de Khiam, dans l’est du Liban sud.
Les journalistes ont déclaré que leur convoi avait été pourchassé par un avion de la chasse israélienne qui avait lancé des obus sur la route derrière eux tandis qu’ils approchaient d’un pont détruit par les bombes. Les journalistes ont dit qu’ils avaient réussi à échapper par des chemins de campagne, mais que les avions les avaient poursuivis et avaient de nouveau piégé les véhicules en tirant des obus sur la route devant eux et derrière eux. Finalement, les journalistes ont pu quitter leurs véhicules et se sont rendus à pied au village de Hasbayia, où se trouve un poste de la Croix Rouge libanaise.
Un porte-parole des forces de défense israéliennes (FDI) a déclaré au CPJ « nous ciblons les routes parce que le Hezbollah les utilise. Nous ne ciblons aucunement les civils, ni les médias, en aucun cas ».
Les conditions sont extrêmement dangereuses pour les journalistes au Liban. Les journalistes ont affirmé au CPJ que tous les véhicules, y compris ceux de la télévision, qui circulaient entre les villes et les villages ont été visés par les avions israéliens s’ils se trouvaient sur les routes. Ils ont en outre déclaré qu’il était devenu virtuellement impossible d’obtenir pour la télévision des séquences de l’opération israélienne le long de la frontière, du côté libanais.
Un photojournaliste et un technicien d’une station de télévision ont déjà été tués depuis trois semaines qu’Israël a lancé sa campagne de bombardement en représailles à un raid transfrontalier de la guérilla du Hezbollah (voir à : http://ifex.org/en/content/view/full/75903/).
Par ailleurs, les éditeurs et les cadres dirigeants des journaux au Liban craignent que leurs publications ne puissent tenir encore bien longtemps si la guerre continue, rapporte l’Association mondiale des journaux (AMJ).
La destruction des infrastructures a conduit à une chute massive de la publicité, à d’importants problèmes de distribution et à la crainte de pénuries de papier. Ayad Tassabehji, directeur général du journal en langue anglaise « Daily Star », se demande comment les journaux peuvent continuer à publier si le tirage et la publicité continuent à diminuer. « En temps de guerre, la publicité diminue et les ventes s’effondrent étant donné qu’il y a moins d’agents de nouvelles qui sont ouverts et que les routes sont bloquées. »
La publicité est devenue un problème pour tous les journaux. « Elle a diminué de 50 ou de 60 pour 100 », dit Edmond Saab, directeur et rédacteur en chef de l’un des quotidiens en langue arabe les plus populaires, « An-Nahar ». Les ventes de la publication ont légèrement augmenté.
L’embargo imposé par l’armée israélienne pose également un important problème logistique pour les journaux. « Les frontières sont fermées à tout. Nous allons manquer de papier-journal d’ici la fin du mois », dit Tassabehji. Le quotidien d’expression française « L’Orient Le Jour » et « An-Nahar » font remarquer qu’ils éprouvent les mêmes difficultés.
La situation précaire de la sécurité empêche aussi les reporters de sortir pour couvrir les événements. « Il n’y a pas de taxis, pas d’essence et les routes ont été bombardées, isolant certaines régions du reste du pays », dit George Chamieh, directeur financier de « L’Orient Le Jour ».
« La principale difficulté, c’est la sécurité des employés qui entrent dans l’immeuble et qui en sortent. L’autre difficulté, c’est de garder le moral », dit Tassabehji du « Daily Star ». « Les humains en général ? et les journalistes ne font pas exception ? se démoralisent après quelques jours de bombardements. Il est presque impossible d’écrire un reportage quand vous savez qu’une bombe peut vous tomber dessus à tout moment. »
Consulter les sites suivants :
– Réseau de la presse arabe de l’AMJ : http://www.arabpressnetwork.org/home.php
– CPJ : http://www.cpj.org/news/2006/mideast/lebanon27july06na.html
– RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=18386
– FIJ : http://www.ifj.org/default.asp?Index=4085&Language=EN
– BBC : http://news.bbc.co.uk/2/hi/middle_east/5233842.stm